Ces femmes qui font la F1
En 75 ans, seules deux d'entre elles ont pris le départ d'un Grand Prix de Formule 1, Maria Teresa de Filippis (1958) et Lella Lombardi (1974 à 1976): les femmes représentaient pourtant la saison denrière 38% des employés permanents en F1, un niveau historiquement élevé.
Dans un sport majoritairement masculin, de plus en plus d'entre elles brisent le plafond de verre pour se faire une place. Voici le parcours de plusieurs d'entre elles.
Cleo Collins: l'agente immobilière devenue mécanicienne
Mécanicienne en cheffe chez Williams pour son équipe d'essais, Cleo Collins savoure le fait de «ne jamais s'ennuyer». Outre la formation des jeunes pilotes, la Britannique chapeaute le développement des monoplaces de l'écurie anglaise en dehors des GP, un travail essentiel dans la course à la performance.
Si Cleo Collins confie à l'AFP vivre à 31 ans «un rêve», elle n'était pas destinée à atterrir en F1: à 18 ans, elle travaillait avec des chevaux, un milieu qui ne rapportait malheureusement pas assez d'argent malgré ses qualifications». La jeune femme rejoint donc l'entreprise familiale d'immobilier à Londres. «Cela ne devait durer qu'un an, au final j'y suis restée plus de sept ans avant de décider de tracer ma propre voie» dans le sport auto.
Sans aucune formation, la Britannique, qui a «toujours aimé les voitures, mais sans trop s'intéresser à la F1», devient bénévole dans de modestes championnats, puis rejoint les W Series (un championnat de monoplaces 100% féminin disputé en marge des GP de F1 jusqu'en 2022). «A cette époque, j'ai décidé de reprendre mes études où j'ai appris à construire des voitures et à acquérir des connaissances théoriques.»
Un choix payant car, son diplôme en poche, elle rejoint Alpine en 2022, puis Williams début 2025.
Laura Müller: l'ingénieure qui n'aimait pas la physique
A 33 ans, Laura Müller est devenue cette année la première femme ingénieure de course en F1, au côté du pilote français Esteban Ocon (Haas). «Plus jeune, je ne savais pas ce que je voulais faire, se souvient-elle dans une interview publiée par Haas, alors j'ai pris une année sabbatique et je suis partie en Australie. Là-bas (...) j'ai retrouvé mon intérêt d'enfance pour le sport auto.»
Son master d'ingénieure automobile en poche, la jeune Allemande, allergique à la physique et dont «l'intérêt pour l'ingénierie» était surtout lié au sport auto et sa légende Michael Schumacher, va travailler en endurance, ou encore en Formule Renault, avant de rejoindre la F1 avec Haas en 2022. D'abord responsable simulateur puis ingénieure performance, elle est promue ingénieure de course en janvier. Son rôle est notamment d'assurer un lien direct entre l'équipe et Ocon grâce aux communications radio lors des GP.
Hannah Schmitz: la stratège de Verstappen
Décrite comme l'une des principales architectes des quatre titres du Néerlandais Max Verstappen, Hannah Schmitz a toujours su qu'elle voulait devenir ingénieure. «Petite, je jouais déjà avec des voitures et je m'intéressais à leur fonctionnement», se souvient la Britannique de 40 ans.
Diplômée en génie mécanique à Cambridge, cette mère de deux enfants arrive chez Red Bull en 2009, d'abord au poste d'ingénieure en modélisation et simulation avant d'intégrer le département stratégie en 2011. Elle en devient la responsable en 2021, l'année du premier sacre de Verstappen.
Et d'assurer: «Maintenant, j'ai gagné le respect de tous, et j'espère que d'autres jeunes femmes (...) verront qu'elles peuvent aussi y arriver.»
Claire Dubbelman: madame sécurité
Son premier souvenir de F1 remonte à ses «4-5 ans», quand son père la réveillait pour regarder le GP d'Australie «très tôt le matin»: Claire Dubbelman, 39 ans, a gravi depuis 2017 les échelons au sein de la FIA, l'instance dirigeante du sport automobile, jusqu'à devenir la première femme directrice adjointe de course de F1 l'hiver dernier.
Sa mission: si le directeur de course de F1, sans qui régnerait le chaos sur la piste, décide de faire intervenir la voiture de sécurité, elle la déploie (...) et s'il y a une urgence médicale, c'est également elle qui déploie la voiture médicale. Seule femme détentrice de la «Super Licence» obligatoire pour le poste, les débuts de la Néerlandaise dans le milieu du sport auto remontent à 2008, en Formule Renault où elle faisait partie d'une équipe de trois personnes. Du règlement sportif à la communication avec les équipes, «les tâches étaient très vastes», se souvient-elle, «mais cela m'a préparée au poste que j'occupe aujourd'hui».