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Les sponsors de Sauber sont dans la tourmente
Sauber ne se présentera pas au Grand Prix des Pays-Bas (dimanche, 15h) sous son nom commercial habituel: Stake F1 Team, en référence au puissant casino en ligne établi à Curaçao. Cette appellation avait pourtant été utilisée l’an passé, lorsque le cirque de la Formule 1 avait fait étape à Zandvoort.
Or après avoir mis en garde l’écurie helvétique en 2024, la Kansspelautoriteit, l’autorité néerlandaise de régulation des jeux d’argent, a durci les règles encadrant la promotion des casinos exotiques, empêchant cette année Sauber d’arborer le nom Stake sur ses monoplaces.
L'équipe y est désormais habituée: en effet, d'autres pays, comme la Belgique, appliquent eux aussi une législation stricte sur les jeux d’argent. Une réglementation que l’écurie de Hinwil a appris à contourner en adoptant son nom technique: Kick Sauber F1 Team.
Créé par les fondateurs de Stake, Kick est un service de streaming vidéo qui, à ses débuts en 2022, permettait aux streamers de diffuser leurs parties de casino en ligne. Une façon de promouvoir indirectement Stake.
Depuis, Kick a grandi, au point de rivaliser avec le géant américain Twitch, propriété d’Amazon. Le secret de son succès? Un système de rémunération attractif pour les créateurs de contenus et une plateforme particulièrement permissive, avec peu ou pas de modération.
Parmi les plus de 50 millions d’utilisateurs de Kick, on retrouve donc des streamers bannis de Twitch ainsi que des adeptes du trash streaming, une pratique consistant à adopter des comportements déviants et à commettre des actes violents et dégradants en direct, comme ceux infligés à Jean Pormanove.
Le Français, qui s’était fait une réputation en devenant le souffre-douleur de ses compagnons de stream, est décédé dans la nuit du 17 au 18 août, au cours d’un live de 12 jours diffusé sur la plateforme Kick, durant lequel il a été victime d’humiliations et de violences physiques, notamment des coups de poing, des tirs de fusil de paintball et des étranglements. «Une horreur absolue», a dénoncé la ministre française du Numérique Clara Chappaz.
Dans ses vidéos, Jean Pormanove apparaissait régulièrement aux côtés d’un certain «Coudoux», une personne en situation de handicap, placée sous curatelle, et elle aussi régulièrement humiliée ou violentée devant des milliers de spectateurs. Des faits qui soulèvent de sérieuses questions concernant la vulnérabilité des individus impliqués dans ces contenus.
Kick, qui assure vouloir collaborer avec les autorités françaises dans l’enquête sur la mort de Jean Pormanove, se retrouve plus que jamais dans la tourmente en raison de sa politique de modération, mais aussi parce qu'elle a déjà réactivé la chaîne du streamer, seulement quelques jours après l’avoir retirée de son catalogue. Clara Chappaz souhaite désormais poursuivre la plateforme en justice pour «manquement».
C’est donc dans ce contexte délicat que l’écurie suisse fera la promotion de Kick ce week-end, après avoir quelque peu botté en touche à ce sujet. «Nous sommes attristés par cette tragédie. Nous faisons confiance à Kick pour faire toutes les démarches nécessaires afin de maintenir ses mesures de protection et de protéger les créateurs», a simplement déclaré l’équipe, par l’intermédiaire de l’un de ses porte-paroles.
Pas vraiment la meilleure façon de soigner son image, comme Sauber aspire pourtant à le faire, avant l’arrivée d’Audi la saison prochaine.
