Genève et Lausanne se disputent âprement la suprématie lémanique depuis plusieurs années. Mais le derby de samedi soir aux Vernets risque bien d'être encore plus électrique que d'habitude: les deux équipes sont à la lutte pour une qualification directe en play-offs. Et il ne leur restera qu'un seul match après cette rencontre pour décrocher leur billet. Une seule, au mieux, devrait l'obtenir. Parce que leurs concurrents directs, Bienne et Davos, sont mieux placés.
Ce duel fratricide promet beaucoup. A cause de son enjeu, donc. Mais aussi parce que Lausannois et Genevois enchaînent les perfs ces derniers jours. Les premiers en sont à cinq victoires de suite, contre trois pour les seconds. «Je m’attends à un super match, avec deux équipes qui jouent bien actuellement», s'enthousiasme Gianluca Mona. L'ancien gardien, qui a défendu la cage des deux clubs, a gardé un œil attentif sur la glace. «Je suis allé voir récemment Lausanne - Lugano et Genève - Lugano, et je dois dire que les Vaudois m’ont beaucoup impressionné.»
Forcément, l'ex-goalie a scruté les prestations de ses homologues. «Luca Boltshauser a été incroyable!», tranche-t-il. On ne serait pas étonné de voir le portier numéro 2 du LHC aligné à Genève. Il vient de réaliser deux blanchissages contre Zoug et le titulaire habituel, Tobias Stephan, revient de blessure. Or, on connaît l'importance d'avoir un gardien en pleine confiance et affûté dans les matchs couperet.
Un autre Vaudois a fait forte impression à Gianluca Mona: le top scorer, Jiri Sekac. «Il est complètement métamorphosé, ce n'est plus le même joueur qu'en fin d'année passée.» Les stats du Tchèque le prouvent: en 2022, il a inscrit 27 points, dont 11 buts, en 16 matchs. «C'est tout simplement l'un des meilleurs joueurs du championnat. Il n'est pas très gracieux, mais il est très efficace», appuie le journaliste spécialisé, Klaus Zaugg.
Sekac symbolise même la montée en puissance du LHC depuis le début 2022. «Lausanne s'est finalement réveillé et a trouvé son équilibre», analyse l'expert bernois, qui met une petite pièce sur les Vaudois pour la qualification directe en play-offs. Il enchaîne:
C'est simple: elle est la meilleure du pays depuis le 1er janvier, avec 2,31 points de moyenne par match. Leur coach, John Fust, expliquait dans 24 Heures que l'un des déclics avait eu lieu lors d'un week-end tous ensemble à Villars (VD), mi-février: «Il y a eu une prise de conscience qu’il fallait mettre l’équipe en premier, avec tout notre cœur».
Depuis quelques semaines, les Vaudois travaillent aussi – à distance – avec un préparateur mental américain, le Dr. Saul Miller. «Il nous a amené de la nouveauté et nous a ouvert d’autres possibilités», se réjouissait Fust, toujours dans 24 Heures.
Lausanne a trouvé une autre pépite outre-Atlantique: son nouvel attaquant Andy Miele, capitaine des Etats-Unis aux derniers JO. «Il amène beaucoup, il arrive à bonifier ses coéquipiers», applaudit l'ancien attaquant Florian Conz, lui aussi passé par Lausanne et Genève. Il donne un petit avantage aux Vaudois.
Christophe Bays n'est pas du même avis. «Je vois Genève en play-offs», s'avance l'ancien gardien, entre les poteaux des Aigles de 2014 à 2018 après six ans au LHC. «Lorsque cette équipe est sous pression, elle devient redoutable. D'autant plus qu'elle jouera à domicile et qu'elle arrive à se transcender devant son public.»
Oui, les Genevois ont aussi des arguments à faire valoir. Sur la glace, d'abord. «C'est une équipe robuste physiquement», constate Klaus Zaugg. En rigolant, le journaliste ose la métaphore politique:
Derrière la bande, il n'y aura ni Staline ni le Che. Mais bien Jan Cadieux. Contrairement aux deux premiers cités, le coach grenat semble faire l'unanimité. Tant par sa personnalité que par ses compétences. «Il a littéralement ravivé la flamme à l'intérieur de son équipe», soutient Christophe Bays. «Il a fait évoluer positivement le jeu genevois», appuie Gianluca Mona. «C'est quelqu'un de très méticuleux», témoigne Florian Conz, qui a joué avec lui aux Vernets. «Il a redressé l'équipe.»
C'est vrai: juste avant que le fils de Paul-André Cadieux – ex-joueur et entraîneur de légende – ne prenne place sur le banc des Aigles début novembre, ceux-ci étaient onzièmes du classement et venaient de se séparer de Patrick Emond.
Jan Cadieux, qui vit sa première saison comme coach principal, a donc un joli défi. Pour réussir à se qualifier directement pour les play-offs, son équipe devra sans doute impérativement battre Lausanne samedi soir. Et quand on voit les adversaires qui attendent les Vaudois ou les Genevois en pré play-offs (sûrement Lugano et Berne), on se dit qu'il vaut mieux éviter cette case barrage.
La réponse définitive, ce sera pour lundi, date de la dernière journée de la saison régulière.