Il y a sept ans, le HC Bienne s'est installé dans son nouveau temple, la Tissot Arena. Il était alors un petit caneton qui devait se débattre pour exister sportivement. Entre-temps, il est devenu un club stable sur le plan financier et sportif. Cette dynamique positive laisse entrevoir un premier titre depuis 1983.
Les Seelandais en étaient proches en 2019: pour la première fois depuis 28 ans, ils s'étaient qualifiés pour les demi-finales des play-off. Une ultime victoire à domicile contre le CP Berne leur aurait donné le droit d'affronter Zoug en finale. Depuis, Bienne a terminé ses trois dernières saisons régulières aux 5e, 7e et 6e places.
Malgré cette constance, les Biennois n'ont pas les moyens de devenir champions grâce à leurs nouvelles recrues, contrairement à, Zoug, Lugano, Davos ou Berne ces dernières années. Pour devenir un favori pour le titre, il faudrait sans doute investir deux millions. Mais Bienne ne serait pas encore sacré, seulement un candidat.
Du côté de la cité horlogère, il faut de la patience et garder cet éternel espoir qu'un jour, grâce à un développement continu, la consécration viendra. C'est ce que font les fans du HC Bienne quand, soir après soir, ils assistent aux prestations spectaculaires de leur équipe et prennent plaisir à s'identifier à celle-ci.
Autre motif de satisfaction pour le public: par rapport aux moyens investis, Bienne a le meilleur jeu de la ligue. Mais ce joli spectacle est encore trop fragile en play-off, ce qui empêche les Seelandais de gravir les dernières marches.
L'entraîneur Antti Törmänen correspond bien à la culture du HC Bienne. Son influence artistique sur le hockey suisse ne sera jamais assez appréciée. Pourtant, pour sa sixième saison dans le Seeland, il se trouve dans une situation ingrate: il ne peut pas s'attendre à mieux qu'une demi-finale, ce qui représente une stagnation.
Et en sport, la stagnation est aussi dangereuse que la déflation en économie. Alors il incombe à Törmänen, champion sur le banc du CP Berne en 2013, de faire preuve de beaucoup de psychologie avec ses joueurs pour réussir à maintenir une bonne dynamique.
Une simple statistique nous montre où se situe le problème des Biennois. En dépit du beau spectacle et de leur style de jeu offensif, ils n'ont marqué que 154 buts lors de la saison régulière dernière (3,019 but par match). C'est par exemple 23 de moins que Zoug, ce qui a fait de Bienne seulement la 7e attaque du championnat.
Du coup, quelques questions se posent: manque-t-il des ailiers suisses rapides dans les 3e et 4e lignes? Damien Brunner va-t-il enfin faire toute une saison sans se blesser? A quel point Jesper Olofsson est-il bon et constant? Marquera-t-il souvent, comme lors de la première moitié de la saison passée, ou connaîtra-t-il la disette comme pendant la seconde? Quant à Gaëtan Haas, sera-t-il un leader offensif charismatique du premier au dernier match de la saison?
Le directeur sportif, Martin Steinegger, n'a certes pas amélioré l'effectif suisse, qui a même perdu de la qualité (Michael Hügli – 14 buts – est parti au Lausanne HC). Mais avec le Finlandais Harri Säteri, le poste de gardien de but a été renforcé.
Alors pourquoi pronostiquer une 9e place, le pire classement depuis 2016 (12e)? Huit joueurs clés offensifs ont 30 ans ou plus. Ce n'est pas exclu qu'après la saison la plus prolifique dans la Tissot Arena (oui, les 154 buts constituent un record dans la nouvelle arène), il y ait, avec cette attaque âgée, un recul temporaire de l'efficacité et une chute de trois rangs au classement. Mais ce ne serait pas un gros problème: après la marée basse, il y a toujours une marée haute.
Adaptation en français: Yoann Graber