La Suisse a un poids lourd dans ses rangs, un Romand de surcroît: Clint Capela. La Suisse l'oublie, il est l'éternel oublié, surtout outre-Sarine. Mais en Amérique, il fait parler. L'imposant Meyrinois, terreur sous les panneaux, grand patron dans la raquette, offensivement comme défensivement, meilleur rebondeur de NBA durant la saison 2020/2021, est l'un de nos meilleurs ambassadeurs.
Capela n'est rien de moins que l'un des pivots les plus en vue dans la prestigieuse ligue américaine de basketball. Mais la star des Hawks d'Atlanta ne fait que quelques apparitions dans nos médias, encore moins aux Swiss Sports Awards où son nom est à peine cité. Les parquets nord-américains semblent trop éloignés des radars helvétiques pour la reconnaissance quasi obligée.
Faut-il le rappeler, Clint Capela est un joueur référence sur les parquets, comme jamais aucun Suisse n'a réussi à l'être? Son impressionnante carcasse lui a permis de parapher de gros contrats et d'être adoubé par les géants de la NBA. L'exploit est majuscule quand on sait le peu de culture basket de la Suisse et la faiblesse de son championnat national. La prouesse est donc à souligner au stabilo boss, car à chaque franchise où Capela a mis les pieds, il s'est (toujours) imposé comme un élément majeur.
Son physique (2,10 m pour 109 kg) lui permet d'être un excellent contreur, l'un des plus prolifiques en NBA, et un défenseur redoutable, devenu le cauchemar de Joel Embiid, pivot All-star des Philadelphia 76ers, lors des demi-finales de play-off en 2021.
La tâche défensive n'est pas sa seule qualité, il est aussi un scoreur important pour Atlanta, bien épaulé par le jeu rapide de son meneur star Trae Young.
Ses moyennes de 11,1 points, 11,9 rebonds et 1,3 contre par match sont primordiales pour la marche en avant d'Atlanta, renforçant un peu plus son impact dans le jeu. On devrait y penser plus souvent.
La jeune génération ne mesure pas ce que représente de posséder le meilleur défenseur du monde - ce sont les statistiques qui le disent. Avant Roman Josi, les hockeyeurs suisses ne gagnaient pas de prix. Ils ne marquaient pas beaucoup de buts et encaissaient encore moins volontiers les coups. Ils n'étaient pas capitaines en NHL, tout juste de braves seconds ou des étrangers de passage (quand la population ne les confondait pas avec des Suédois). Ils ne gagnaient pas 9 millions de dollars par an et n'épousaient pas des mannequins américaines.
Prix Norris 2020 du meilleur défenseur - ce sont les experts qui votent - Romain Josi est devenu ce que l'on appelle communément une star de NHL. On pourrait croire à ces mots suspects qu'il a mal tourné, qu'il est devenu un gore des alpes, mais ce serait mal connaître sa nature, ses racines et son esprit terrien: «Il est resté un Bernois de la meilleure espèce, décent, amical, modeste, et pourtant d'une manière impressionnante, sûr de lui. Un joueur, un homme avec du charisme», soutient un autre bernois pur souche, notre spécialiste de hockey Klaus Zaugg - comment ne pas le croire?
Si Roman Josi était tennisman, il aurait un timbre-poste à son effigie et sa marque de chaussure cotée en bourse. Seuls la distance et le décalage horaire nous empêchent de mesurer son immense carrière - mais il n'est jamais trop tard pour bien faire.
On commence par l'argument le plus cheap, mais qui a son importance: contrairement à Capela et Josi, qui réalisent leurs prouesses pendant que la Suisse dort (décalage horaire avec les USA oblige), Marco Odermatt nous fait vibrer en direct, le matin ou l'après-midi. Rien de tel pour nous enflammer derrière nos TV. Et quand on sait que l'amour pour un sport ou un athlète naît souvent des émotions...
Et puis, le Nidwaldien est le plus jeune de cette liste restreinte: 25 ans, soit respectivement sept et trois de moins que Josi et Capela. Autrement dit, c'est lui qui a la plus grosse marge de progression et qu'on verra briller le plus longtemps.
Et quand on a déjà été champion du monde à 24 ans (grand globe de cristal 2022) et champion olympique (slalom géant à Pékin), imaginez ce que ça peut donner avec un peu plus d'expérience! Et dans plusieurs disciplines. Parce que Marco Odermatt est complet: il peut rafler des titres en Super-G, géant voire descente.
Si le Nidwaldien brille sur les pistes, c'est aussi le cas en dehors. Il est sympa, décontracte, avec un sourire quasi permanent sur le visage. Et il mène une vie saine et simple à côté du cirque blanc, une vie faite de randos avec des potes suivies d'une (on insiste bien sur ce chiffre) bière au bord du lac des Quatre-Cantons ou de sessions de wakeboard.
Finalement, Marco Odermatt n'hésite pas à dévoiler sa sensibilité quand, par exemple, il pleure sur les podiums en pensant à des proches décédés. Une dimension humaine que le public adore et qui est propre aux grands champions. Un gars relax qui pleure en public, ça ne vous fait pas penser à quelqu'un? Oui, Marco Odermatt est le successeur idéal de Roger Federer!