Cette nouvelle va réjouir tous les fans du Servette FC: Miroslav Stevanovic (34 ans), dont le contrat arrivait à échéance à la fin de la saison, a prolongé son aventure chez les Genevois. «Il terminera sa carrière sous le maillot grenat», informe le communiqué du club ce lundi, qui ne précise toutefois pas la durée de prolongation.
En fait, ce ne sont pas seulement les supporters servettiens qui doivent être ravis par cette annonce, mais bien tous les suiveurs du foot suisse.
Déjà, le Bosnien est un régal à voir jouer. Il est de ces sportifs chez qui tout paraît facile, comme un Roger Federer en tennis par exemple. Le numéro 9 grenat a une technique et une vista hors normes pour la Super League. Elles lui permettent de distribuer des caviars à ses coéquipiers, par des passes courtes ou des centres millimétrés. Les statistiques ne mentent pas: en 282 matchs avec Servette, Stevanovic s'est fait l'auteur de 95 passes décisives.
Il a même été un temps, pendant la saison 2021/22, le meilleur passeur décisif d'Europe. Au terme de cet exercice, il a établi un nouveau record en Super League dans ce domaine (20 assists).
Au fil de ses huit années à Genève, ses cheveux sont devenus de plus en plus courts, mais pas ses idées. Sur son flanc droit, l'ailier semble toujours trouver une solution. Il n'est pas du genre à dribbler son vis-à-vis ni à garder longtemps son ballon.
Et s'il est dans l'impossibilité de faire une passe ou un centre, il est encore capable – malgré ses 34 ans – de donner un petit coup de rein pour déborder en puissance.
En footballeur très complet, le Servettien sait également conclure, même de la tête. Une preuve? Cette saison, il a déjà planté cinq pions (60 au total avec le maillot grenat).
Tout ce qu'il entreprend ballon au pied, «Micha» – son surnom – le fait avec le buste particulièrement droit et la tête levée, signes d'une sacrée aisance technique. C'est d'ailleurs ce qui permet de le reconnaître directement sur une pelouse, même de loin.
Miroslav Stevanovic n'est pas élégant seulement avec un ballon au pied, il l'est aussi à travers ses attitudes. «De par ses prestations sur le terrain, à son comportement toujours irréprochable, il restera, quoi qu’il arrive, à jamais dans le cœur des Grenat», loue le communiqué de son club. Celui-ci ne fait, ici, ni flatterie gratuite ni éloge aveugle: «Micha» est bel et bien irréprochable, tant sur le terrain qu'en dehors.
Il a toujours tout donné sous le maillot servettien, ne rechignant jamais le travail de l'ombre (pressing, replis défensifs ou duels), au contraire de certaines divas. Il n'a jamais eu de mauvais geste (un seul carton rouge direct en Suisse, en 2023, à cause d'un tacle maladroit) ni un mot de travers envers un adversaire, arbitre ou coéquipier.
Le Bosnien est aussi talentueux que discret hors des pelouses, apparaissant extrêmement rarement dans les médias. «C'est vraiment un mec simple et très, très humble», nous confiait en 2021 son pote, Edin Becirovic, actuel entraîneur du Stade-Payerne (1ère ligue).
Son compte Instagram nous donne un aperçu de ces traits de caractère honorables: il ne contient que quelques photos de «Micha» au foot, ou avec sa famille et des amis. Très loin des images tellement bling-bling de nombreux footeux, qui exhibent leurs tatouages, voitures et montres de luxe.
Oui, Miroslav Stevanovic est le joueur que tous les clubs voudraient garder. C'est donc tout sauf un hasard si l'ex-du Séville FC dispute actuellement sa huitième saison avec Servette, qu'il a rejoint en été 2017 en provenance de Zeljeznicar (Bosnie).
Le numéro 9 avait débarqué au bout du Léman alors que les Grenat croupissaient encore en Challenge League. Il a été un élément crucial de leur remontée dans l'élite au printemps 2019 (11 buts et 14 passes décisives), puis de leur fulgurante progression en Super League. Avec un indispensable Stevanovic, Servette a titillé le titre ces deux dernières années (2e puis 3e) et a surtout remporté la Coupe de Suisse en juin, un premier trophée depuis 2001. En finale face à Lugano, dans une séance de tirs au but irrespirable (9-8), «Micha», en véritable leader, a réussi le premier essai genevois.
C'est certain, Miroslav Stevanovic restera une légende du Servette FC. «LE joueur de la dernière décennie au club», osent même les Grenat dans leur communiqué. A Genève, le Bosnien a trouvé et chéri la stabilité qui lui avait toujours manqué dans sa carrière (onze clubs en neuf ans avant de poser ses valises dans la cité de Calvin).
Et avec lui, réciproquement, Servette a bénéficié d'une pérennité indispensable au succès. En prolongeant jusqu'à la fin de sa carrière l'un des meilleurs ambassadeurs de son histoire, le club genevois vient d'écrire une superbe page du football romand.