Mauvais perdants, les Italiens de la Patrouille des Glaciers?
Ils ont passé six heures et trente-cinq minutes «très difficiles», de leur propre aveu, mais ils ont avancé entre glace et caillasse dans le plus pur style des Trois-Suisses, avec «une solidarité qui a fait la différence», selon Rémi Bonnet sur la RTS.
Car ce sont bien trois monstres sacrés de nos montagnes qui, dimanche, ont remporté la Patrouille des Glaciers (PDG): Martin Anthamatten, vétéran des courses en altitude; Werner Marti, le costaud qui «a tiré Martin pendant son coup de barre»; Rémi Bonnet, le Gruyérien du cadre olympique, «500 000 mètres de dénivelé par an entre course à pied et ski-alpinisme», selon Le Nouvelliste.
Rien d'humiliant à terminer deuxième, donc. Sauf que dans le ski-alpinisme, les Italiens sont pratiquement sacro-saints, ils exercent une fascination jusque chez les vieux patrouilleurs valaisans. «Ce sont des bêtes à la montée et des timbrés à la descente. Ils sont formés, payés et endurcis par l'armée», nous expliquait un randonneur quinquagénaire au barrage de Cleuson (VS), un mois avant le départ de la PDG.
Surtout, les Italiens sont à Verbier (VS) chez eux. Vainqueur des deux dernières éditions (les femmes ont encore gagné cette année), la patrouille composée de Matteo Eydallin, Davide Magnini et Michele Boscacci a semblé considérer cette deuxième place comme une anomalie, et c'en était presque gênant. Au micro de Rhône FM, Matteo Eydallin a lourdement insisté sur les mauvaises conditions de course et d'enneigement:
«J'ai vu de bonnes gamelles»
Quand le journaliste de Rhône FM lui a demandé s'il aurait fallu annuler la course, Matteo Eydallin a éludé sagement: «Je ne suis pas organisateur, je suis athlète. Si on me demande mon avis, je le donne». Mais sa dernière intervention n'est pas parvenue à cacher un zeste d'acrimonie:
Factuellement, Matteo Eydallin n'a pas tort. Le manque d'enneigement a créé de longues portions de marche (quatorze kilomètres au total) dont les Suisses ont su tirer profit. Rémi Bonnet le reconnaissait volontiers sur la RTS: «Comme nous sommes trois bons coureurs, c'était plutôt un avantage pour nous».
Les Italiens auraient calé leur pas sur celui des leaders suisses. A Canal 9, Werner Marti sous-entend qu'ils leur ont sucé la roue: «Ils faisaient tout comme nous, on les sentait proches derrière nous. On a dû se battre jusqu’au bout et on est vraiment content d’arriver ici en tête».
Sur les réseaux sociaux, les déclarations de Matteo Eydallin ont provoqué de très nombreux commentaires, la plupart amusés ou agacés (mais pas tous). Extraits.
«Mauvais perdant!»
- «Les Italiens on fait une perf' incroyable mais sa réaction les relègue au statut de tocards; les conditions étaient connues et étaient les mêmes pour tous.»
- «Serait-il mauvais perdant…. Les conditions sont les mêmes pour toutes les patrouilles.»
- «Pourquoi l'a-t-il faite. Il était pas au courant des conditions???»
- «En même temps la haute montagne reste la haute montagne, non? Sinon faut rester faire des verticales sur les pistes de ski... J’aime.»
- «Quand on perd on devient facilement mauvais perdant!!»
«Il a raison»
- «Je pense que c’était la vérité, des conditions très difficiles avec une certaine dangerosité et l’ayant écouté il a été très sportif avec la patrouille gagnante mais réaliste avec les conditions.»
- «Personnellement je préfère et trouve + intéressant l’interview d’un athlète qui dit ce qu’il pense tout en restant respectueux qu'une interview faux-cul. Et je trouve “normal” que quand on vient pour gagner et qu'on finit deuxième, il y ait moins de plaisir…»
- «Il dit juste son ressenti ni plus ni moins! Le trio suisse étais au-dessus du lot!» (chd)
