Jamais les Alpes italiennes n’avaient connu une telle série noire. Un «massacre», selon le terme employé par la presse transalpine, qui estime que l’été 2025 sera le plus meurtrier jamais enregistré dans la région.
Fin juillet, les autorités locales recensaient déjà 83 décès et cinq disparitions entre le 21 juin et le 23 juillet.
Si les alpinistes, les cyclistes et les parapentistes comptent parmi les victimes, ce sont surtout les randonneurs qui, de loin, paient le plus lourd tribut.
Mi août, Roberto Bolza, vice-président du Corpo Nazionale Soccorso Alpino e Speleologico, les secours en montagne italiens, déclarait auprès du magazine Outside que plus de 100 randonneurs avaient trouvé la mort dans les montagnes transalpines depuis le début du mois de juin. Un bilan préoccupant.
L’organisation avance plusieurs pistes pour tenter d’expliquer ce phénomène. La première concerne le nombre croissant de personnes qui s’aventurent en montagne, en nette hausse depuis la crise sanitaire. Et qui dit plus de randonneurs, dit forcément plus d'accidents.
Cependant, le problème est plus profond: il réside dans l’inexpérience des nouveaux pratiquants, qu’ils soient en quête de nature, désireux de fuir les épisodes répétés de canicule ou attirés par les paysages majestueux largement diffusés sur les réseaux sociaux. Résultat: de nombreux accidents sont liés à des glissades ou des chutes, des erreurs d’escalade, des arrêts cardiaques, ou encore à de mauvaises décisions, face à des conditions météorologiques changeantes.
L’imprudence joue également un rôle clé. Entre équipement insuffisant, banalisation du danger et excès de confiance, les conditions sont réunies pour que le pire survienne. Par ailleurs, l’usage croissant de la technologie pousse certains à prendre des selfies dangereux, à se laisser distraire par leur téléphone ou à trop se fier à l’IA pour choisir leur itinéraire.
Récemment, les sauveteurs italiens ont dû intervenir auprès d’un homme de 30 ans qui s’était engagé sur un sommet de 3 600 mètres, chaussé de simples baskets. En outre, deux sexagénaires sud-coréens se sont aventurés par mégarde sur une via ferrata particulièrement difficile, sans harnais ni équipement de sécurité.
Enfin, le réchauffement climatique figure aussi parmi les causes possibles de la hausse des accidents. En effet, plus le dégel du pergélisol progresse, plus les pentes se déstabilisent, ce qui entraîne une augmentation de la fréquence des écroulements et des chutes de pierres.
Plus que jamais cet été, l’Italie lance un appel à la prudence en montagne, pour éviter d’alourdir un bilan déjà tragique.