Cette pionnière de la voile navigue sur les eaux du Léman
Double médaillée olympique, la Bréslienne Martine Grael est devenue cette année la première femme pilote d'un F50, des catamarans capables d'avoisiner les 100 km/h, utilisés sur le circuit SailGP. Une avancée de taille dans un milieu encore majoritairement masculin.
Ses débuts sont cependant agités. Son écurie brésilienne, actuellement dixième pour sa première participation à ce championnat très relevé réunissant douze équipes nationales en match racing, a subi un spectaculaire crash en Allemagne à la mi-août. Les Auriverde se sont néanmoins mobilisés en coulisses pour réparer leur bateau et prendre part à l’étape de Saint-Tropez, dernière manche avant celle de Genève ce week-end.
Au sein de Mubadala Brazil, Martine Grael représente à la fois le visage et le principal atout de son équipe. «Je suis très fière de ce que nous avons accompli jusqu’à présent. Notre objectif est d'apprendre le plus vite possible pour se battre aux avant-postes. Nous n’y sommes pas encore, mais la dynamique est là», affirme-t-elle sans hésiter.
Originaire de Rio et membre d'une illustre famille de skippers, Martine Grael a été double médaillée d'or de voile olympique (49erFX à Rio et Tokyo) avant de s'essayer au large en participant à la Volvo Ocean Race, course autour du monde avec escales en équipage.
En fin d'année dernière, elle a été contactée pour devenir la première femme pilote au sein de SailGP, où l'on retrouve depuis 2019 la crème des régatiers mondiaux, comme le Néo-Zélandais Peter Burling, l'Australien Tom Slingsby ou le Britannique Dylan Fletcher.
«J'étais très motivée. Les régates ici sont épiques: c’est très intense, rapide, les situations changent sans arrêt. Il faut toujours anticiper le coup d’après, et ça, c'est quelque chose que j’adore», raconte Grael à l'AFP.
Pionnier en la matière, le circuit avait imposé dès 2022 la présence d'au moins une femme au sein des équipages de six à bord des F50. Mais le rôle de pilote, le plus important, avait systématiquement été occupé par un homme.
«Elle a été choisie car c'est la meilleure navigatrice de son pays», affirme simplement Julien di Biase, directeur des opérations de SailGP depuis sa création. Dans le monde de la voile, historiquement très masculin, la nouvelle a fait grand bruit.
«Quand je suis en course, je n'y pense pas vraiment, mais je sais aussi que je représente 50% de la population mondiale. C'est à la fois une fierté et une responsabilité», estime Grael.
Pour Manon Audinet, tacticienne au sein de l'équipe de France depuis trois ans, «le parcours de Martine montre que l'obligation initiale d'embarquer une femme était un bon début».
«Sur le papier, ça pouvait sembler un peu péjoratif, mais on a montré qu'on méritait notre place à bord, on a pu accumuler de l'expérience et j'ai l'impression qu'on n’est qu’au début de la dynamique», dit-elle.
Dans leur nouveau règlement officiel, adopté cet été, les organisateurs de la prochaine Coupe de l'America, reine des régates et plus vieux trophée sportif du monde, ont désormais passé le cap: les équipages de cinq devront également comporter une femme.
(afp/roc)
