Ceux qui suivent assidûment le Tour de France ont sans doute remarqué un petit changement depuis jeudi et le départ de la 18e étape entre Gap et Barcelonnette. Alors que jusqu'ici certaines communications radio de la Visma-Lease a Bike étaient diffusées par les chaînes de télévision, celles-ci sont désormais absentes de l'antenne: impossible pour les téléspectateurs de savoir ce que les directeurs sportifs de la formation de Jonas Vingegaard disent à leurs coureurs dans l'oreillette.
C'est la Visma-Lease a Bike elle-même qui a choisi de ne plus autoriser la diffusion de ses messages radio. La direction de l'équipe explique «une série d'incidents» pour justifier ce choix, selon le média néerlandais WielerFlits.
L'Equipe rappelle que «les messages diffusés à l'antenne le sont avec un décalage censé éviter qu'ils n'influencent la course». Malgré tout, «le directeur sportif Merijn Zeeman regrette le dévoilement d'indices tactiques, même a posteriori. C'est pourquoi Visma-Lease a Bike a choisi de se retirer de l'accord conclu avec l'organisateur, Amaury Sports Organisation (ASO).»
Cette décision intervient alors que des discussions plus larges sont menées entre plusieurs équipes et les organisateurs de la Grande Boucle. L'Equipe nous apprend que les formations engagées sur le Tour de France perçoivent chacune 5000 euros pour accepter de divulguer les échanges entre directeurs sportifs et coureurs. Or selon le média spécialisé CyclingWeekly, six d'entre elles (dont la Visma) auraient «des doutes sur les termes d'un nouveau contrat».
Elles espèrent renégocier à la hausse la somme liée à la divulgation des échanges à l'oreillette, qui permettent aux téléspectateurs d'entrer un peu dans l'intimité des coureurs, mais alors juste un peu. Car si certaines conversations intéressantes sont bien diffusées à l'antenne, il s'agit la plupart du temps de banalités. Comme cette remarque, retransmise (ça valait bien la peine) dans l'ascension du Col de Marie Blanque l'an dernier:
Les échanges nous permettent rarement de mieux comprendre le cyclisme, la tactique de course, la stratégie choisie par une équipe dans telle ou telle configuration; tout ce pourquoi les téléspectateurs se réjouissaient de la diffusion des messages délivrés dans les oreillettes, apparue la saison dernière sur les routes de France.
Le problème principal vient surtout de la divergence d'intérêts entre l'organisateur de la Grande Boucle et les équipes. Amaury Sport Organisation entend développer son produit et le rendre attractif auprès du plus grand nombre. Or quoi de mieux qu'en dévoiler les coulisses? L'ennui, c'est que les équipes cyclistes ont une course à faire, et toutes n'ont pas envie que les consignes dictées par leurs dirigeants soient partagées à l'extérieur et on les comprend.
Ouvrir la fréquence radio des oreillettes au public n'est pas une mauvaise idée, mais à condition que le contenu diffusé à l'antenne réponde à un choix rédactionnel, qu'il serve le récit de la course et sa dramaturgie. C'est peut-être à cela que pourraient servir les renégociations du contrat qui lie les équipes aux organisateurs du Tour de France, mais on en est encore très loin.