Arthur Cabral? Parti. Edon Zhegrova? Pareil. D'un seul coup, le FC Bâle a perdu ses deux meilleurs attaquants. Il a donc dû réagir. Et il a trouvé un premier remplaçant à son duo de choc: le Russe Fedor Chalov.
Ce jeune joueur de 23 ans, issu de la classe moyenne moscovite, possède déjà un bagage considérable. Avant d'arriver sur les bords du Rhin, il a joué 179 matchs pour son club de toujours, le CSKA Moscou.
«Il est vif et, comme l'a montré le test de vitesse, il est même l'un des joueurs les plus rapides de l'équipe», s'enthousiasme le directeur sportif bâlois, Philipp Kaufmann.
Ce diamant brut devra aussi prouver sa rapidité hors du terrain, en termes d'intégration. Chalov n'avait encore jamais quitté le championnat russe, où il n'a joué que pour le CSKA Moscou depuis junior. Une semaine après avoir atterri à Bâle, il déclarait:
Il a du mal à expliquer ce qui l'a tant choqué. Sans vouloir dénigrer son pays d'origine, la qualité de vie dans la cité rhénane est tout simplement différente. Alors oui, la mégapole moscovite offre beaucoup plus de choses à faire. «Mais ici à Bâle, j'ai l'impression qu'on peut obtenir tout ce dont on a besoin», se réjouit le jeune prodige.
Pourtant, ce n'est pas la vie citadine helvétique qui a attiré Chalov dans notre pays, mais bien le FC Bâle. Une équipe qu'il connaît et apprécie depuis qu'il l'a affrontée avec le CSKA en 2017, en Ligue des champions. «Un club riche en traditions qui joue toujours le titre de champion. Alors quand j'ai entendu l'offre, c'était un honneur pour moi et je n'ai pas réfléchi longtemps», rembobine l'intéressé.
Surtout qu'il rêvait depuis belle lurette de jouer en Europe, et un jour dans l'un des cinq grands championnats. Mais Fedor Chalov n'aime pas parler de l'avenir. Il ne pense qu'à l'instant présent. «Je suis entièrement focalisé sur le FC Bâle», (r)assure-t-il.
Retrouver Chalov – meilleur buteur du championnat russe en 2018/2019 et élu meilleur jeune joueur de Russie en 2017 – à Bâle est un peu surprenant. Même si ce n'est qu'un prêt de six mois. Parce qu'au départ, acheter Chalov n'était pas envisageable pour le club rhénan, malgré qu'il eu fait partie d'une longue liste depuis l'été.
Ces offres d'outre-Manche sont, paradoxalement, ce qui a peut-être rendue possible l'arrivée de Chalov au FCB. Après l'échec de son transfert à Crystal Palace il y a deux ans, l'attaquant russe est devenu moins tranchant devant le but.
💬 “He’s a striker, he needs support. He needs to have chances to score goals. Palace aren’t an attacking team, so their style won’t suit Fedor.”
— PALACE XTRA 📰 (@cpfc_xtra) February 6, 2020
- CSKA Moscow midfielder Nikola Vlasic speaking about Fedor Chalov and his failed transfer to Crystal Palace.#CPFC pic.twitter.com/cvlZVBKf8S
Mais il ne veut pas entendre parler de fragilités mentales, qu'on lui a attribuées en Russie. «J'ai eu une blessure peu après, je ne pouvais plus être aussi performant qu'avant», se justifie-t-il
Depuis, le Russe a remonté la pente. «Je sens de nouvelles forces», clame-t-il. Cette méforme passagère a permis aux Bâlois d'enrôler Chalov, qui intéressait auparavant de plus grosses cylindrées. Et si le CSKA Moscou imagine toujours le transférer à l'avenir, le FC Bâle sera sur les rangs. «Ça pourrait être lucratif pour nous, si l'offre s'avérait correcte», anticipe Kaufmann.
Mais Chalov doit d'abord livrer la marchandise, et ce après un temps d'adaptation minimal. Pour Kaufmann, les conditions sont réunies: Chalov est ouvert d'esprit, sociable et parle bien l'anglais. Surtout, le jeune attaquant se sent déjà très bien à Bâle:
Cette sensibilité lui viendrait-elle de son penchant pour la musique? Il a fréquenté une école de musique pendant trois ans, et joue très bien de la flûte et du piano, «mais très rarement aujourd'hui», concède-t-il.
De toute façon, sa carrière artistique n'aurait jamais pris son envol, parce que le sport lui a très tôt volé la vedette. A six ans déjà, Chalov jouait dans l'équipe de son frère, de quatre ans son aîné. Sa grande précocité s'est confirmée quelques années plus tard, quand il a fait ses débuts en tant que professionnel à... 16 piges.
Le Moscovite avait bien sûr rêvé de devenir footballeur pro, mais il n'y croyait pas vraiment. «J'ai toujours joué au football entre les immeubles avec mon père et mon frère. C'est ma passion. J'ai besoin du football, comme un nageur a besoin de l'eau», image-t-il.
Fedor Chalov aura l'occasion de retrouver le gazon et de marquer d'autres buts dès ce week-end. Le FC Bâle (3e) ira affronter Lugano (4e) dimanche après-midi.
Adaptation en français: Yoann Graber