Servette est champion de Suisse. 23 ans après son dernier sacre. Le 2 juin 1999, les Grenat décrochaient le titre national après une victoire épique 5-2 contre Lausanne à la Pontaise. Dimanche passé, c'est sur Twitter qu'ils ont été couronnés.
Le club genevois a remporté la première édition de la «bataille des logos», organisée par Swiss Football Data. Comme son nom l'indique, cette compétition honore le club suisse – toutes divisions confondues – qui a le plus beau logo. Selon les internautes, du moins. A chaque tour, ils étaient invités à voter pour le blason qu'ils préféraient dans des matchs à élimination directe entre deux clubs.
Et Servette ne pouvait rêver d'une plus belle issue: gagner le titre, en battant en finale son grand rival cantonal, Etoile Carouge.
🥇BATTLE OF LOGOS WINNER: SERVETTE FC🥇
— Swiss Football Data (@swissfootdata) January 3, 2022
It is official: Servette has the best logo of all football clubs in Switzerland!
Servette slays Etoile Carouge in the final thanks to another epic campaign from the passionate twitter community.
Congrats, time to celebrate, Grenats 🥳 pic.twitter.com/udLHxxvZCB
Une victoire pas vraiment méritée, selon certains. «Je préfère le logo d'Etoile Carouge», tranche Sophie Voisard, coordinatrice de projets chez KM Design Sàrl, une agence spécialisée dans la communication visuelle. L'experte argumente:
La Jurassienne en est certaine: le blason servettien ne l'aurait pas emporté si ce concours avait eu lieu sur Instagram, TikTok ou Snapchat, des plateformes avec une audience bien plus jeune que Twitter. «Le logo de Servette plaît sans doute beaucoup aux soixantenaires», rigole-t-elle. «Il est élégant, travaillé, mais son rouge très foncé et sa police d'écriture à empattements, ces petites extensions sous les lettres, le rendent vieillot et pas très tape à l'œil.»
Or justement, c'est l'une des fonctions qu'un logo doit remplir. Il est un ambassadeur d'une entreprise, d'une marque, d'un club. «Un logo raté peut fortement nuire à leur image, prévient Sophie Voisard. On l'utilise partout, alors il doit être très repérable et les gens doivent pouvoir s'en souvenir facilement.» Première étape: une cohérence des couleurs avec celles du maillot.
🥉BATTLE OF LOGOS 3RD PLACE: FC KÜTTIGEN🥉
— Swiss Football Data (@swissfootdata) January 3, 2022
Küttigen wins the small final against FC Riaz and ends up on the podium!
That drugged frog won the hearts of many football fans. The logo is something unique that makes you smile and wonder at the same time.
Congrats Küttigen! pic.twitter.com/wpVmJhmgIR
L'experte est catégorique: un logo réussi identifie directement le domaine d'activité de l'entreprise qu'il représente. Et parmi les 128 candidats au titre national, il y a des mauvais exemples:
La Jurassienne est encore plus sévère avec un autre club historique du pays, le «Rekordmeister» en personne:
On aurait éventuellement pu pardonner cette faute de goût à l'EV Zug, champion suisse en titre de hockey sur glace...
A travers son logo, une équipe peut aussi mettre en avant les valeurs qu'elle porte. Là où certains moqueront le côté ringard – parce que démodé – de la typographie à empattements de Servette, d'autres y verront du prestige. «Elle était jugée très élégante dans le passé. C'est une manière de faire référence à la longue histoire du club, analyse Sophie Voisard. Si je devais réaliser le logo d'un jeune club, je n'utiliserais jamais cette typographie.»
En parlant de tradition, quid des étoiles au-dessus de l'emblème? Un peu too much? «Non, elles sont méritées et ça peut même motiver les joueurs qui n'en ont pas encore à courir», sourit la Delémontaine.
Alors quelles sont les choses à proscrire absolument? «Il faut éviter d'insérer trop de petits détails dans le logo, qu'on risque de ne pas voir avec un petit format d'impression.»
Certains mélanges sont devenus douteux: «Le jaune foncé et le bleu foncé du FC La Chaux-de-Fonds ne vont pas bien ensemble. Le jaune et le bleu chez le FC Zurich sont beaucoup plus harmonieux, par exemple». Mais encore?
Mais pour avoir du succès, l'esthétisme d'un emblème ne suffit pas. Et ça, le club grenat et ses nombreux fans hyperactifs sur Twitter l'ont parfaitement compris. «Un logo doit être visible partout», assène Sophie Voisard. «Or, souvent, nos clients négligent la communication autour de leur nouvel emblème. Il faut le faire voir au plus grand nombre.»
Vous savez donc ce qu'il vous reste à faire (ou ne pas faire) si vous voulez que votre club de cœur succède à Servette l'année prochaine!