Cela fait bientôt un an que le rêve de Swiss Olympic s'est provisoirement envolé. Les Jeux olympiques d'hiver – activement défendus par le patron de Swiss-Ski Urs Lehmann – devaient initialement être organisés dans notre pays dans six ans. Or le Comité international olympique (CIO) en a décidément autrement. Il a retoqué le projet, mais a permis à la Suisse d'entrer pour quatre ans en dialogue privilégié avec lui en vue de l'obtention des Jeux de 2038.
Le fait que la France ait devancé la Suisse pour la date souhaitée de 2030 est étroitement lié à la politique. Le président de la République française Emmanuel Macron a écrit – avant la prise de décision – une lettre sans équivoque à l’attention du président du CIO Thomas Bach afin de lui dire que la France prendrait toutes les dispositions nécessaires pour que les Jeux d'hiver soient une réussite. Joe Biden a fait de même pour la candidature de Salt Lake City 2034.
Ce soutien de la part des plus hautes instances peut paraître uniquement symbolique. Or le Comité international olympique a montré à maintes reprises qu'il accordait une grande importance aux signes. Dans son retour fait à la Suisse, il a demandé un signal politique fort.
Plusieurs mois sont passés. Les discussions ont avancé. Le CIO attend désormais une lettre de soutien de la part du Conseil fédéral et espère la recevoir d'ici fin septembre. Son contenu devrait correspondre à celle de 2017. Le ministre des sports de l'époque, Guy Parmelin, avait alors soutenu par écrit la candidature de Sion et du Valais pour les Jeux olympiques de 2026.
«Suite à son évaluation, le Conseil fédéral est convaincu que les opportunités – pour le sport, l'économie et la société – l'emportent sur les risques. En tant que précurseur d'une nouvelle génération de Jeux olympiques et en tant que pays abritant des dizaines de fédérations sportives internationales, la Suisse pourrait jouer un rôle de pionnier dans la façon dont les JO sont perçus», avait rédigé Parmelin à l'attention de Thomas Bach.
La lettre de 2017 comportait également la garantie d'une participation financière maximale de la Confédération. On parle d'environ un milliard de francs. Le CIO n'exige pas une telle déclaration cette fois-ci. La réserve de 200 millions de francs requise dans un premier temps doit être fournie par le secteur privé.
La direction opérationnelle de l'instance basée à Lausanne a récemment fait savoir que la ministre des sports, Viola Amherd, pouvait en fait copier à l'identique la lettre de son prédécesseur. Celle-ci convient au CIO en termes de tonalité.
La présidente de la Confédération – qui soutient fermement le projet – proposera dans les prochains jours à l'ensemble du Conseil fédéral (probablement lors de la séance du 20 septembre, voire une semaine plus tôt) la décision d'adresser une telle lettre au Comité international olympique. Il sera alors confirmé que la Confédération soutient bel et bien le processus de «dialogue privilégié» proposé par le CIO jusqu'à fin 2027.
Le soutien politique demandé sera donc formulé de manière générale et il y a une raison à cela. Le dossier suisse reste encore vague et non contraignant sur de nombreux points importants. Comment la Confédération soutiendra-t-elle les Jeux olympiques financièrement parlant? Quels seront les coûts en matière de sécurité pour les cantons, étant donné que l'événement doit être décentralisé? Quelles aides fédérales seront déployées pour les infrastructures et les transports?
Le Conseil fédéral doit justement mettre les points sur les i à ce sujet à la mi-septembre. Viola Amherd a proposé la mise en place d'un groupe de travail interdépartemental avec la participation de représentants des cantons et du projet. Il devra clarifier ces questions et d'autres encore, et assurer ainsi la coordination entre la Confédération, les cantons et l'association «Jeux olympiques d'hiver 2038».
Cette démarche sera également expliquée plus en détail dans la lettre de soutien transmise au CIO. Il ne s'agit pas d'un chèque en blanc façon Emmanuel Macron, mais d'un signal fort, une preuve de l'accompagnent du projet par les pouvoirs publics. La Confédération prend en fait les devants avec la mise en place de ce groupe de travail. Le CIO devrait en être conscient, lui qui, malgré la présence de son siège à Lausanne, a parfois un peu de mal à comprendre les procédures politiques en Suisse.