Imaginez Marco Odermatt fabriquer ses propres skis ou Mujinga Kambundji bricoler ses pointes de sprint. Impensable non? Eh bien Sebastian Stalder fait partie de ces rares personnes qui utilisent un outil de travail qu'ils ont créé. A l'instar de Simon Ammann qui a montré l'exemple avec sa tige de fixation courbée et qui continue de le faire avec sa chaussure en carbone, Stalder bricole son fusil. «Cela me permet d'aérer ma tête», explique le Zurichois.
Son arme est le fruit d'un long travail familial. Il y a des années, Sebastian et son père Rolf, charpentier de formation, ont commencé à bricoler leur propre crosse de fusil. Ils ont alors utilisé différents matériaux, dont le bois, le carbone et l'aluminium. Et alors la crosse est devenue à la fois solide et légère.
Pour le système de chargement, les deux hommes ont réussi à faire preuve de créativité. Les magasins sont encastrés dans la crosse et glissent lors du changement. Cela permet au tireur d'améliorer son temps de tir de quelques secondes.
Et lorsqu'il se trouve sur le pas de tir, Stalder fait partie de l'élite mondiale. Son taux de réussite de plus de 90% est l'un des plus élevés du biathlon. Même son équipier Niklas Hartweg n'atteint pas ce niveau. Stalder tire avec une telle précision que les speakers des stades de la Coupe du monde l'appellent de temps en temps le «Guillaume Tell du biathlon». Fait amusant, Stalder a appris les bases du tir au club de tir à l'arbalète de Ried-Gibswil lorsqu'il était adolescent.
Stalder a commencé la saison à Östersund avec une solide 5e place le week-end dernier, égalant ainsi son meilleur résultat en carrière. Il l'avait également réalisé en mars dernier dans la Mecque suédoise du biathlon. Le Zurichois aurait même pu viser la victoire avant de commettre sa première erreur du week-end lors du dernier tir debout.
Avec 29 réussites sur 30 possibles en deux épreuves, il a confirmé sa précision. «Je me sens très bien face à la cible, très stable», a-t-il déclaré. Cela lui donne également un avantage psychologique particulièrement utile lors des duels dans le stade. L'expérience montre que l'adversaire se laisse entraîner par le rythme de tir de son voisin. Plus Stalder peut tirer rapidement le premier coup, plus son adversaire se sent sous pression.
Stalder est constamment en train de bricoler. Il n'a pratiquement rien changé à une arme qui fonctionne parfaitement. Mais après avoir étudié intensivement la vidéo, il a découvert qu'il pouvait améliorer sa position au tir debout.
Mais le biathlon, ce n'est bien sûr pas que le tir. C'est pour cela que le Zurichois a avalé des kilomètres cet été. Le résultat ne s'est pas fait attendre. Dimanche dernier, Stalder a obtenu le 22e chrono sur 103 athlètes. De bon augure pour la suite. (ats)