Le feu vert avait été donné par le Conseil du cyclisme professionnel (CCP), mais le Comité directeur de l'Union cyclisme international (UCI) devait encore entériner la décision. C'est chose faite depuis lundi: 23 équipes participeront désormais aux trois Grands Tours du calendrier.
La demande était portée par différentes associations, notamment le syndicat des coureurs (CPA) et celui des équipes (AIGCP), mais surtout par les organisateurs qui, chaque année, font face à un casse-tête pour attribuer leurs invitations.
Si 22 formations participaient jusqu'à présent aux courses de trois semaines, 20 étaient en effet automatiquement qualifiées (les 18 engagées en World Tour ainsi que les deux meilleures de deuxième division), ce qui ne laissait que deux wild cards disponibles.
Il y en aura donc une troisième dès cette saison, ce qui rend le choix moins cornélien, pour des organisateurs désireux de convier les équipes Pro Tour les plus performantes, sans négliger les collectifs locaux et ceux qui ont dans leurs rangs un leader de classe mondiale.
Cette augmentation est aussi une façon de faire vivre le cyclisme et de créer des synergies entre les divisions. L'objectif est clair: ne pas creuser un immense fossé entre les «superteams» du World Tour et les formations cantonnées à l'échelon inférieur.
Mais porter le peloton à 184 coureurs au lieu de 176 interroge sur le plan de la sécurité. Rappelons qu'en 2017, les équipes étaient passées de neuf à huit professionnels, certes pour dynamiser la course, mais aussi pour réduire les risques de chute. Or on frottera davantage avec huit cyclistes supplémentaires dans le pack.
Cet ajout devrait cependant favoriser le spectacle. La raison? Les équipes invitées ne rechignent pas à attaquer, y compris lors des étapes de plaine. Il s'agit de se montrer et de remercier d'une certaine manière les organisateurs, tout en briguant déjà une wild card pour l'édition suivante. Les échappées publicitaires tendent toutefois à disparaître sur le plus prestigieux des trois Grands Tours: celui couru en France, en raison de la qualité des formations invitées et de leurs ambitions élevées.
Il sera aussi plus difficile de se démarquer en course avec huit coureurs additionnés. Les Grands Tours sont en effet dominés par une poignée d'équipes, qui remportent tout ou presque: les étapes, les meilleures places dans les différents classements et les primes. Il n'y en a pas pour tout le monde et ceci sera encore plus vrai avec un collectif en plus, même de seconde division. Ils seront plus nombreux à traverser les trois semaines de compétition sans que leur nom ne soit cité.
Finalement, ces épreuves peu pourvoyeuses de points UCI pour les formations les plus modestes le seront encore moins. Pas étonnant donc qu'une équipe comme Lotto, qui lutte actuellement pour retrouver le World Tour, a encore refusé son invitation pour le Tour d'Italie. Il est plus judicieux pour elle de se concentrer sur d'autres courses comme les 4 Jours de Dunkerque.
Rendez-vous désormais au Giro le 9 mai prochain pour entrevoir un premier Grand Tour à 23, en compagnie de Tudor et Q36.5, toutes deux gracieusement conviées: une première. Au bout du compte, cette invitation supplémentaire fait le jeu des formations suisses, qui elles misent sur les wild cards pour prendre part aux compétitions les plus prestigieuses du calendrier cycliste.