A St-Gall, des cris de singe et des langues de vipère
Dimanche après-midi, les différentes parties ont réagi par voie officielle aux insultes racistes que Timothy Fayulu, le gardien du FC Sion, aurait reçues à Saint-Gall. Voici ce qu'elles ont dit; et ce qu'elles n'auraient pas dû dire.
L'incident est à remettre dans le contexte d'une fin de match tendue: Sion n'est pas très bon mais il pousse, il s'obstine courageusement et arrache l'égalisation sur une tête de Guillaume Hoarau à la 93e (1-1). A partir de là, tout dégénère.
Ce que dit le joueur
Tandis que des disputes éclatent près du rond central, Timothy Fayulu, gardien du FC Sion, éclate en sanglots. Il prend des coéquipiers à témoin et désigne la tribune des supporters saint-gallois où, selon lui, plusieurs personnes lui auraient adressé des cris de singe.
Les incidents à la fin du match
Vidéo: SRF
Dans une interview publiée dimanche sur le site du FC Sion, Fayulu raconte:
«Premièrement, ils me lançaient de la bière et des briquets, mais ce n’est rien. Après, au moment de récupérer mon linge, j’entends «Scheiss Fayulu», «Monkey Fayulu». En gros, ils me traitaient de singe. Ensuite, je pars et le joueur de Saint-Gall vient vers moi pour me dire d’arrêter de chambrer. À ce moment-là, je lui explique ce qu’ils m’ont dit (...). Je me suis adressé à Zigi (ndlr: gardien de St Gall) pour que les joueurs aillent parler avec leurs supporters. J’ai dit au gardien: «Tu es mon frère, on a la même couleur de peau, va leur parler.» C’est là qu’il m’a dit de rentrer aux vestiaires, mais je ne voulais pas (...) Il fallait qu’on reste pour gérer cette situation.»
Dimanche matin, Timothy Fayulu déclare encore: «Je suis très mal, ça ne va pas très bien.»
Ce qu'il aurait mieux fait de ne pas dire. Un excès en amenant un autre, le gardien ajoute: «Je ne me suis jamais fait tirer dessus, mais c’est comme si on me tirait une balle.» La première partie de la phrase aurait dû le dissuader de prononcer la deuxième.
Ce que dit le FC St-Gall
Après avoir banalisé, sinon snobé l'affaire par la voix de son entraîneur Peter Zeidler (ex-FC Sion), le club saint-gallois est revenu à davantage de réserve et d'urbanité dans un communiqué publié dimanche:
«Le racisme et la discrimination, les comportements insultants et irrespectueux sous couvert d'émotions, qui sont souvent brandis comme une excuse, n'ont pas leur place au FC St.Gallen 1879. Avec tous les moyens disponibles et en discussions intensives avec les supporters, nous enquêtons de manière approfondie sur ce qui s'est exactement passé. Nous mettrons également nos résultats à la disposition de la Ligue suisse de football (SFL). Si les allégations se confirment, nous prendrons des mesures appropriées.»
Suite des incidents: Serey Die interrompt une interview
Vidéo: SRF
St-Gall n'a toujours pas obtenu confirmation des insultes racistes et constate sagement que rien n'est clair. A titre préventif, il présente ses excuses à «Timothy Fayulu et lui garantit, ainsi qu’à tous ses coéquipiers du FC Sion, notre respect et notre soutien total».
Ce qu'il n'aurait pas dû dire: Peter Zeidler a déclaré en conférence de presse, avec un formidable aplomb, que le racisme n'existe pas à Saint-Gall - on attend les camions de CNN tout soudain.
Ce que dit le FC Sion
Le club gère cette affaire selon la méthode traditionnelle, sans finasser (avocats, échauffourées, menaces).
Dimanche, Gelson Fernandes, ancien joueur international devenu vice-président, expliquait sur le site du FC Sion:
«Pour être honnête, je n’ai pas su tout de suite ce qui s’est passé et que c’était des propos racistes adressés à notre jeune gardien. Je pensais que c’était la frustration des saint-gallois par rapport au but encaissé. J’ai pris connaissance de la situation lorsque je suis allé voir Timothy Fayulu et quand j’ai vu ses yeux. Il ne m’a pas dit qu’il avait été victime d’insultes racistes mais «je ne suis pas un singe». Et il n’est pas un singe, c'est vrai. Timothy Fayulu va porter une plainte contre X. On lui met l’avocat du club à disposition. Il faut que justice soit faite.»
Gelson Fernandes.
Ce qu'il n'aurait pas dû dire: le président Christian Constantin observe qu'un «côté raciste s’installe insidieusement à Saint-Gall, on sent une dérive de droite jusque dans les tribunes. Je ne serais pas surpris si des néonazis s’y étaient infiltrés», glisse-t-il subrepticement au Matin.
CC n'étant ni enquêteur de police, ni abonné du Kybunpark, ni un enquêteur de police infiltré au Kybunpark, d'où tient-il ses informations?
Ce que dit la SFL
La Swiss Football League a ouvert une enquête disciplinaire et étudiera chaque élément à sa disposition. Elle rappelle qu'elle «combat toutes les formes de racisme et de discrimination depuis des années.» Aucune communication ne sera faite avant le verdict de la commission.
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