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Comment Transfermarkt est devenu «le sextoy du foot»

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Image: Transfermarkt

Comment un site internet est devenu «le sextoy du foot»

Lancé en 2000 par un fan allemand, Transfermarkt possède la plus grosse base de données en accès libre sur le ballon rond. Même Cristiano Ronaldo le consulte.
24.01.2023, 06:2124.01.2023, 06:55
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Quand ils ont appris la signature de Mykhaïlo Mudryk à Chelsea mi-janiver, de nombreux supporters ont cherché à savoir ce que ce joueur avait fait dans sa vie pour coûter aussi cher (70 millions d'euros plus 30 millions de bonus). Ils sont donc allés sur le site qui permet de connaître à la fois le pedigree d'un joueur et sa valeur marchande: Transfermarkt.

Voilà comment ça se présente

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Comme le montant affiché sur le profil de l'Ukrainien était de 40 millions d'euros, ils en ont déduit que Chelsea avait fait une mauvaise affaire.

C'est un jugement loin d'être définitif, bien sûr, mais il témoigne de la crédibilité accordée au site par les supporters. Les joueurs eux-mêmes admettent consulter cette véritable encyclopédie footballistique en ligne, sur laquelle ils peuvent voir l'évolution du marché, et accessoirement leurs données personnelles.

Cristiano Ronaldo en a pris ombrage l'année dernière, allant jusqu'à bloquer le portail de football sur Instagram, fâché de constater que Transfermarkt l'avait évalué à «seulement» 75 millions. Le responsable des valeurs Christian Schwarz, qui vérifie la cohérence des chiffres sur le site en combinant de multiples informations (avis d'experts et de fans, comparaison avec la valeur des joueurs dans les pays voisins, etc.) avait pourtant argumenté auprès du Portugais, sans succès.

Ce débat n'a fait qu'accroître la popularité de Transfermarkt, un site consulté par tous ceux qui gravitent dans le monde du football: supporters, joueurs, recruteurs mais aussi agents. Ces derniers y trouvent les dates de fin de contrat de chaque footballeur ou encore les représentants avec lesquels certaines pépites collaborent déjà.

«Est-ce qu’on l’utilise beaucoup? Évidemment. C’est un peu devenu le sextoy du foot: on n’assume pas trop, mais tout le monde s’en sert.»
Frédéric Ryssen, agent de joueurs, sur RMC Sport.

Ce plaisir est pourtant né d'une frustration. Celle de Matthias Seidel, un ingénieur en informatique, déçu de ne pas trouver d'informations sur son club préféré (le Werder de Brême) en 2000. Il a eu l'idée de créer un site «où tous les supporters pouvaient poster et lire des rumeurs sur leurs clubs».

Le projet a très vite grandi si bien qu'en 2008, le groupe de presse allemand Axel Springer a racheté 51% des parts de Seidel. La plate-forme (disponible en 14 langues) n'a jamais cessé de croître par la suite. Elle propose désormais des informations sur 1'008'987 joueurs, 92'705 clubs, 1888 compétitions ou 328 ligues. En quelques clics, on peut tout connaître: par exemple, l'historique des blessures de Mykhaïlo Mudryk ou le nombre de minutes que le prodige a disputé en Coupe d'Ukraine avec le Desna Chernigiv en 2020 (réponse: 65).

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La société compte aujourd’hui une cinquantaine d’employés, et même plus de soixante avec les temps partiels. Les embauches, en fait, suivent la courbe des audiences.

En 2020, un milliard de visites et 5,6 milliards de pages vues ont été recensées par le site.

Un tel succès rapporte évidemment beaucoup d'argent à Seidel (qui détient encore 39% du site allemand) et ses collègues. Combien exactement? Les responsables de l'encyclopédie en ligne ne dévoilent aucun montant. Selon une source, la majeure partie des revenus provient de la publicité, mais pas seulement.

Transfermarkt cherche désormais à diversifier son contenu et souhaiterait proposer davantage de statistiques personnelles à ses lecteurs, qui pourront se faire un avis plus précis encore sur la nouvelle star (ou le futur remplaçant) que leur club vient d'engager.

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