Gerd Müller, c'est le nom qui revient à chaque fin de saison, lorsqu'un attaquant empile les buts et affole les stats. On dit alors qu'il est «à x longueurs de la marque détenue par le légendaire Gerd Müller». L'Allemand aux 674 buts en 749 matches est devenu au fil du temps un modèle, une référence, voire une obsession. Son record de réussites (68) en sélection a certes été battu par Miroslav Klose (71), mais Müller reste le seul buteur de l'histoire de la Mannschaft (parmi ceux ayant scoré à plus de 15 reprises) à avoir marqué plus d'une fois par match en moyenne. Une machine.
Avec le Bayern, son total de 365 pions en 427 matches de championnat semble de nos jours impossible à atteindre (son suivant immédiat Robert Lewandowski en est à 278).
Quelques-unes de ses réussites l'ont fait entrer dans l'histoire. Un doublé en finale de l'Euro 1972 contre l'URSS (3-0) et, surtout, ce tir en pivot dans la surface deux ans plus tard, en finale du Mondial 1974, sur sa pelouse fétiche de Munich: le 2-1 du triomphe allemand contre les favoris néerlandais de Johan Cruyff.
Ce but, «le plus important» de toute sa carrière, disait-il, a aussi été le 68e et dernier inscrit en 62 sélections et le 14e en autant de matches de phases finales de Coupe du monde (1970, 1974).
Joueur trapu et vif, souvent insaisissable, «Kaiser Franz» était réputé pour son sens du but et sa science du placement, qui lui permettaient de se créer des espaces sans efforts (il courait parfois moins de 4 km par match). Il profitait de son 1m76 pour rôder discrètement près du but et surgissait lorsque le ballon arrivait dans sa zone. Il orientait ensuite son corps à la perfection, frappait et faisait trembler les filets.
Certains observateurs lui ont parfois reproché des réussites peu orthodoxes (il a marqué avec toutes les parties de son corps) et opportunistes, mais L'Equipe voyait plutôt en lui «un modèle universel de l'élégance balle au pied». «Il était l'instinct, le réflexe, l'obsession. Il était le but», ajoute le quotidien, résumant l'emprise de l'Allemand par cette jolie formule: «Pour les adversaires, c'était comme affronter un fantôme, qui hantait toujours la même pièce du château.»
Les grands joueurs se distinguent aussi par leur palmarès. Celui de Gerd Müller est richement doté:
C'est par ses qualités, ses exploits et ses trophées que Gerd Müller a marqué l'histoire du jeu, et que son nom trottera encore dans la tête des attaquants (et de tous ceux qui aiment le football) pendant longtemps. «Je suis convaincu que les gens parleront encore de lui dans cent ans», prophétisait son grand ami Franz Beckenbauer la saison dernière.