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Une catégorie non-binaire dans les courses romandes? «On y réfléchit»

Menschen laufen beim Murtenlauf von Murten nach Fribourg, am Sonntag, 2. Oktober 2016, in Fribourg. (KEYSTONE/Anthony Anex)
Des participants à la course Morat-Fribourg. Image: KEYSTONE

Une catégorie non-binaire dans les courses romandes? «On y réfléchit»

Des organisateurs d'épreuves ainsi que Swiss running planchent sur l'introduction d'une 3e catégorie qui ne serait ni homme ni femme. Ils suivraient le modèle américain puisque près de 200 courses, dont les prestigieux marathons de New York et Boston, ont déjà franchi le pas.
15.09.2022, 06:1515.09.2022, 07:10
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Les inscriptions pour le marathon de Boston 2023 ont débuté lundi avec une case «non-binaire» sur les formulaires. Cela signifie qu'une personne ne se reconnaissant ni dans la catégorie de l'homme, ni dans celle de la femme, trouvera désormais une catégorie qui lui est dédiée. Ce n'est pas une nouveauté aux Etats-Unis, où près de 200 courses, dont le marathon de New York, avaient déjà ouvert leurs inscriptions aux personnes non- binaires. Ça le serait en revanche en Suisse, puisqu'aucune épreuve de course à pied ne propose cette troisième option. Mais plus pour très longtemps.

Les organisateurs de Morat-Fribourg et de la course de l'Escalade, que nous avons contactés mercredi, nous ont avoué que l'idée d'inclure les non-binaires avait déjà été évoquée au sein de leur comité. «Cela fait trois ans que nous y réfléchissons», admet Olivier Glor, directeur de la course fribourgeoise. «On a aussi évoqué le sujet en interne», ajoute Jerry Maspoli, son confrère genevois. Le Lausanne Marathon ne s'est pas encore posé la question mais sa patronne, Josette Bruchez, s'attend à devoir y répondre. «L'inclusion des non-binaires sera un thème dans plusieurs compétitions, et pas seulement en courses à pied. Les Jeux olympiques pourraient même être concernés.»

Le Lausanne Marathon en 2018.
Le Lausanne Marathon en 2018.Image: KEYSTONE

De quoi ce changement annoncé est-il l'expression? Certainement pas d'une demande croissante. Aucun des organisateurs romands sollicités n'a été contacté par un coureur non binaire désireux de s'inscrire dans une autre catégorie que celle d'homme ou de femme. Même aux Etats-Unis, la demande est faible. Le marathon de New York a recensé 16 athlètes non-binaires en 2021 parmi les 25 000 participants.

L'ajout d'une nouvelle catégorie est plutôt la manifestation d'un mouvement de société visant à reconnaître (et donc inclure) chaque individualité jusque dans sa sensibilité la plus personnelle. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si ce sont des courses à pied américaines qui ont modifié leur règlement en premier. «Dans les questionnaires administratifs anglo-saxons, vous avez depuis plusieurs années la possibilité de cocher la case non-binaire. Ce n'est pas le cas chez nous», fait justement remarquer Olivier Glor.

Mais ce qui s'applique dans l'administration doit-il aussi s'appliquer dans le sport? Après tout, certains athlètes et dirigeants se sont longtemps battus pour faire de la place à tout le monde, indépendamment des origines ou du genre des participants. Olivier Glor en sait quelque chose: il est le directeur d'une course qui a chassé Odette Vetter jusque sur le parcours avant d'autoriser les femmes à courir en 1977. Ajouter une catégorie (non-binaire) de plus en 2022 se veut-il être une démarche inclusive ou au contraire exclusive, sachant que le sport populaire, par définition, accueille tous les sportifs au-delà justement de leurs différences?

Le Genevois Jerry Maspoli penche pour la deuxième option. «On tend à opérer le moins possibles de distinctions parmi nos coureurs, dit-il. On nous a déjà demandé de faire une course pour les migrants. Mais pourquoi? On ne les interdit pas, ils peuvent courir avec les autres. Ils font justement partie de l'évènement. C'est ça, l'intégration! Et c'est aussi pour cela qu'à la course de l'Escalade cette année, nous avons rendu toutes les catégories mixtes. Les départs sont ainsi non-binaires.»

Soutenez-vous la création d'une catégorie non-binaire?

Toujours dans un esprit d'ouverture, et parce que «tout le monde y est le bienvenu», la course Sierre-Zinal essaie elle aussi de faire «le moins de catégories possible», selon son directeur Vincent Theytaz. «On a eu par le passé des demandes de personnes souhaitant intégrer des groupes "couples" ou "handisport". Mais ce qui compte pour nous, c'est de faire vivre aux gens l'expérience de Sierre-Zinal. C'est bien plus important que le classement.»

La plupart des amateurs ne sont de fait pas classés. «Sur les 6100 inscrits cette année, 3500 ont participé en tant que "touristes" et n'ont pas eu de rang final, mais un temps de course», rappelle Vincent Theytaz. Les athlètes non-binaires n'auraient aucun problème à courir pour le plaisir (et le chrono). Mais qu'adviendrait-il s'ils devaient être classés dans leur catégorie?

«Un athlète assigné homme à la naissance serait avantagé physiologiquement par rapport à une athlète assignée femme. Hiérarchiser leurs performances ne présenterait aucune logique sportive.»
Jerry Maspoli

D'autres questions viendraient nourrir la réflexion. «Si on intègre une catégorie non-binaire, alors on devrait mettre des vestiaires et des toilettes non-binaires à disposition», poursuit le Genevois. «Les organisateurs pourraient se trouver empruntés, surtout maintenant, après deux ans de pandémie dont nous ressentons encore les effets.»

Jerry Maspoli est le nouveau president de la Course de l'Escalade, photographie lors de la deuxieme session d'entrainement de la Course de l'Escalade, ce dimanche 21 octobre 2018, au Pa ...
Jerry MaspoliImage: KEYSTONE

L'ouverture aux non-binaires n'est de toute évidence pas pour tout de suite. Mais la porte est déjà entrouverte. Selon nos informations, Swiss running (dépendant de Swiss athletics) a abordé le sujet en début d'année dans une réunion avec des organisateurs de course. «C'est en effet un thème important pour nous», renseigne l'instance faîtière, contactée par téléphone. «On se rangera derrière les directives de Swiss running», conclut Jerry Maspoli.

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