Il n'avait plus donné signe de vie depuis le slalom de Wengen, le 16 janvier 2022, et une chute sur les fesses, dévalant la pente. La culbute semblait anodine, mais la glace bernoise lui a laissé de belles séquelles et stoppé net sa carrière.
Les médias autrichiens ont même titré un désespéré «Endlich!» lorsque les dirigeants ont annoncé le retour de l'éclopé du Vorarlberg.
Oui, enfin.
Car le slalomeur de 34 ans, au ski élégant et posé, semblait bon pour la casse, cochant la case retraite sportive avec une valise de regrets. Cloîtré chez lui à cause de cette satanée cheville fracturée, Hirschbühl regardait les copains sur son écran de télévision, passif, en pansant ses plaies (morales et physiques).
Pire, le slalom demandant une explosivité de première jeunesse, il était difficile de parier sur un retour du slalomeur au premier plan. Pire encore, sans avoir skié et enfilé un dossard en Coupe du monde plus de 1000 jours plus tard.
Mais au bout du long tunnel de galères, il y a la lumière (artificielle) de la Levi Black.
Il lui a fallu transpirer, combattre les doutes pour retrouver sa place dans un cabanon de départ:
A la hargne et au mérite. S'il affiche aujourd'hui un sourire, l'Autrichien reste mesuré sur ses chances de bien figurer sur le tracé finlandais. Ses derniers jours d'entraînement, selon lui, ont montré que sa vélocité et son aisance technique ne sont pas encore au niveau qui lui permettait auparavant d'apparaître régulièrement dans les 25 meilleurs slalomeurs du monde. Il paraît un poil loin (même révolu) le temps où il était capable de boucler la saison 2019 au 13e rang du classement général de la spécialité.
En réalité, ce rattrapage est presque secondaire. L'athlète de Ski Austria aurait pu à maintes reprises tirer l'eau. Mais pas lui. Il est toujours là. Et même si sa carrière n'a jamais décollé, restant le plus souvent dans l'ombre des Feller, Hirscher ou encore Michael Matt, il était capable de se sublimer (4e en 2017 à Wengen et auteur de plusieurs top 10).
C'est surtout en parallèle qu'il a réussi son plus gros coup d'éclat: une victoire à Lech Zürs, le 14 novembre 2021. Et trois courses plus tard, patatras, la cheville en vrac.
En 2024, le plaisir est intacte et la confiance retrouvée. Il trépigne depuis plusieurs mois déjà, comme le révélait Marko Pfeifer. L'entraîneur principal de Ski Austria, toujours par le biais du communiqué de la fédération, expliquait que son protégé aurait pu boxer des piquets lors du slalom de Kranjska Gora, en Slovénie. Malheureusement, les conditions météorologiques ont obligé les organisateurs à annuler l'épreuve.
Hirschbühl ne sera certainement pas à son avantage dans la forêt de piquets finlandais. Mais le bougre a le mérite de n'avoir rien lâché. Pfeifer a confirmé que son athlète en avait encore sous le capot: «Il a réalisé de bonnes performances à l'entraînement récemment et j'espère qu'il pourra à nouveau s'appuyer sur ses anciennes forces lors de son retour en Finlande», a déclaré le chef de l'équipe autrichienne.
Il lui faudra rassembler ses forces, mais le slalomeur du club de Riefensberg est de la race des skieurs qui ont du cran, à l'instar d'un Stefan Luitz; ces courageux qui méritent plus de reconnaissance, voire un moindre hommage.