La fête a été belle, c'est ce qu'on nous a dit. Car on n'y était pas, la plupart de nos confrères non plus, et il y a fort à parier que vous n'ayez pas davantage fait le déplacement jusque dans le canton de Nidwald, dimanche dernier, pour célébrer Marco Odermatt sur la place du village de Stans.
Des centaines de fans (dans un pays qui compte 8,7 millions d'habitants) ont acclamé le vainqueur du classement général de la Coupe du monde, celui qui a boosté les audiences de la télévision suisse tout l'hiver et dont le visage a fait la Une des médias chaque semaine entre novembre et mars.
Si la réception s'est déroulée en petit comité, c'est parce qu'en avril, il n'y a guère que les Nidwaldiens et les anciens skieurs qui suivent encore l'actualité de l'idole nationale des mois froids. Erika Hess était à Nidwald, Pirmin Zurbriggen aussi. Mais la plupart des Suisses qui aiment le sport, ce jour-là comme tous les dimanches de mi-avril, s'intéressaient davantage à la finale de hockey sur glace, aux courses cyclistes, à la lutte pour le titre dans les championnats européens de football ou encore à la reprise de la saison sur terre battue en tennis.
Le Bâlois déroulait le fil d'un récit qui s'étendait de janvier (Open d'Australie) à novembre (Masters). Au sommet de sa carrière, il nous donnait rendez-vous chaque week-end ou presque, et quand il n'apparaissait pas sur les terrains, on guettait la forme de ses adversaires, le programme de ses tournois à venir et sa progression au classement ATP.
L'histoire que nous raconte Marco Odermatt lors de ses six mois de compétition (en comptant large) est bien différente et ce n'est pas seulement parce qu'il pratique un sport d'hiver. Car le Nidwaldien, s'il en manifestait l'intérêt, pourrait lui aussi devenir une star à plein temps et nous accompagner, même de loin, après la fermeture des remontées mécaniques. On pourrait le retrouver sur les plateaux de télévision, dans le public de grandes manifestations sportives ou à l'occasion de reportages plus intimes sur sa vie. Mais le skieur n'en a tout simplement pas envie.
Rainer Sommerhalder connaît bien l'homme et le champion. Le journaliste de «CH Media» nous explique la manière de fonctionner de celui que les Alémaniques appellent affectueusement «Odi»:
Le manager de Marco Odermatt, Michael Schiendorfer, n'a tellement pas de boulot durant l'été avec son skieur, qu'il s'occupe alors du décathlonien Simon Ehammer et du roi de la lutte Joel Wicki.
Marco Odermatt fait tout pour disparaître le plus vite possible dès la fin de saison, organisant un maximum de rendez-vous en un minimum de jours. Son emploi du temps de la semaine dernière en témoigne: il a passé deux jours (lundi et mardi) au siège de son équipementier Stöckli, avant d'enchaîner les entretiens avec les médias et les sponsors. «Mercredi, il avait agendé son premier rendez-vous à 7 h 30 et son dernier à 22h. Idem jeudi et vendredi», renseigne un confrère présent sur place.
Le sportif n'est en déficit ni d'argent ni de notoriété. Il n'est donc pas obligé de «se vendre» durant l'été. «Marco Odermatt sera toujours aussi populaire en octobre prochain lors de la reprise des courses à Sölden, prédit Rainer Sommerhalder, peu importe qu'on ait entendu parler de lui ou non en été.»