Dimanche dernier dans les Alpes françaises, Valentina Greggio a réussi ce qu'aucune femme n'avait encore jamais réalisé en ski de vitesse. L'Italienne a été plus rapide que les garçons. Elle a été flashée à 202,140 km/h sur la piste de Vars, lorsque le vainqueur de l'épreuve masculine (Simone Origone) n'a atteint «que» les 202,120 km/h.
Cet exploit, l'athlète de 33 ans la doit à ses formidables qualités (celles qui lui ont déjà permis de remporter six fois le globe de la Coupe du monde et quatre titres mondiaux), mais aussi à un petit coup de pouce du destin. «Les filles sont descendues après les garçons, et j'ai été la dernière à m'élancer, ce qui m'a aidé», a reconnu Greggio.
Alors qu'en ski alpin, ceux qui partent en dernier sont désavantagés, c'est différent en vitesse, comme nous l'explique le Valaisan Philippe May, ancien membre de l’équipe nationale et vainqueur du classement général de la Coupe du monde.
Quand on est athlète de haut niveau, il faut savoir profiter de chaque condition favorable, surtout quand on est une femme et que l'on pratique un sport dans lequel «la composante physique» joue un rôle important. C'est ce qu'a rappelé Valentina Greggio cette semaine, soulignant en creux le fait que les garçons étaient plus lourds que les filles, et donc plus susceptibles de prendre de la vitesse sur une pente à 52,5% de moyenne comme celle de Vars.
Une théorie que confirme Philippe May:
L'expert valaisan précise toutefois que ce qui compte, surtout dans un effort de plusieurs secondes à plus de 200 km/h, «c'est la façon de se profiler dans l'air. Si vous accélérez très vite mais que vous ne pénétrez pas bien dans l'air car vous êtes trop volumineux, votre avantage est atténué.»
Tout le problème consiste donc à maintenir sa position de recherche de vitesse le plus longtemps possible. Or même si les filles peuvent avoir un meilleur «CX» (coefficient de pénétration dans l'air) que les garçons grâce à leur technique, elles ont plus de peine à le maintenir que des skieurs plus costauds physiquement, si bien que les écarts entre les deux sexes se creusent davantage au-delà des 230 ou 240 km/h.
Des sphères que la femme la plus rapide du monde a déjà atteint par le passé et qu'elle pourrait bientôt dépasser. Valentina Greggio n'a peut-être pas fini de marquer l'histoire de son sport.