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La pratique du cirque connaît un fort développement en Suisse romande

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Les jeunes veulent échapper aux diktats du sport. Quel cirque!

La pratique de cette discipline est en fort développement chez les jeunes. Fun, accessible, variée et surtout sans compétition, elle comble les aspirations des Romands.
24.08.2021, 19:0025.08.2021, 15:38
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La statistique est impressionnante: en dix ans, le nombre d'écoles de cirque en Suisse romande a plus que doublé. Il est passé d'une trentaine à 80. Autre preuve de cet essor, apportée par la Radio Télévision Suisse (RTS): les stages proposés aux jeunes durant l'été sont complets. Et ce n'est pas un hasard si cette activité hybride entre le sport et les arts plaît aujourd'hui autant.

Pas le tempsde s'ennuyer

«Le cirque est vraiment dans l’ère du temps», analyse Yukie Vauthey, directrice de l'école de cirque de Lausanne-Renens. «On peut très vite et très facilement avoir du plaisir.»

S'épanouir. Vite. Sans trop devoir attendre. La discipline colle parfaitement aux aspirations actuelles des jeunes générations. «Grâce à sa grande diversité d'activités, comme le jonglage ou les acrobaties, le cirque n'est pas perçu comme rébarbatif et répond au besoin de "zapping" des jeunes», renchérit Dominique Bugnon, co-directrice de l'école LeZartiCirque à Sainte-Croix.

Pour la résidente du Nord vaudois, le cirque permet aussi de pratiquer du sport tout en s'évadant de la compétition, omniprésente dans notre société. «En classe, les enfants sont soumis à de nombreux jugements, et ils y ressentent déjà la pression de réussite sociale, constate l'ancienne institutrice. Le cirque leur offre la liberté de pratiquer un loisir en fonction de leurs capacités. On peut par exemple faire un nœud au tissu ou rajouter un matelas de protection pour que le jeune arrive à présenter son numéro. Chacun trouve sa place.»

Modèle alternatif

Le climat est bienveillant, inclusif. Bien loin des tensions parfois provoquées par la compétition, par le désir absolu de dominer l'autre, souvent alimenté par les entraîneurs et les parents. Certains ne veulent pas insuffler à leur progéniture un tel modèle. Alors ils franchissent l'entrée du chapiteau. «Les parents apprécient le concept de spectacle, façonné collectivement et dans lequel chaque enfant est mis en avant», se réjouit Yukie Vauthey. Elle poursuit:

«Dans le cirque, la complémentarité supplante la concurrence, parce que vous n'aurez jamais deux numéros identiques»
Yukie Vauthey, directrice de l'école de cirque de Lausanne-Renens

Malgré tout, la compétition n'est jamais totalement absente. Mais sur scène, elle reste saine. La Lausannoise a pu s'en rendre compte en observant les 600 élèves de son école (deux fois plus qu'il y a dix ans): «Le besoin de se comparer revient toujours, et il est important pour que le jeune sache si ce qu'il fait est bien. Il faut des repères.»

«Pratiquer les arts du cirque amène de la confiance aux enfants et adolescents, ils apprennent à se connaître et se lancent des défis personnels», complète Dominique Bugnon. Devant un public, les jeunes s'émancipent en osant présenter leur numéro. Ils apprennent aussi la persévérance pour arriver à le réaliser.

Une baisse de motivation

Mais pour Pierre Morath, «il n'y a rien de plus formateur que la compétition pour développer son caractère.» L'entraîneur de course à pied et historien du sport a lui aussi constaté une baisse de motivation des jeunes athlètes à se frotter aux autres, malgré un nombre de licenciés qui reste important.

Il y voit plusieurs raisons: «Il y a tout d'abord une question de communication. Hormis les gros événements, la presse parle de moins en moins des épreuves régionales. Les médias se focalisent surtout sur les exploits sportifs hors épreuves de Monsieur et Madame tout le monde, des gens auxquels le public peut facilement s'identifier», regrette l'ancien athlète de haut niveau.

Pierre Morath, Swiss documentary film maker, at the location of his film "Chronicle of a forgotten death", in the Quartier Acacias in Geneva, Switzerland, May 15, 2014. (KEYSTONE/Christian B ...
Pierre Morath a réalisé en 2016 le documentaire Free to Run, qui s'intéresse aux pionniers du running aux Etats-Unis. Image: KEYSTONE

Au point qu'aujourd'hui, selon lui, «la compétition en Suisse est mal vue, suspecte, jamais perçue comme un potentiel métier».

Pierre Morath pointe aussi du doigt la kyrielle d'activités proposées aux enfants:

«C'est l'effet catalogue. Les jeunes font tout, mais à la fois rien à fond. Du coup, ils ne développent pas suffisamment d'aptitudes dans une activité spécifique, condition nécessaire pour avoir l'envie de faire de la compétition»
Pierre Morath, entraîneur d'athlétisme

Le Genevois a aussi perçu une baisse de l'esprit compétitif chez les adultes sportifs, malgré des inscriptions toujours plus nombreuses aux courses populaires, par exemple. Elle est liée à une manière différente de penser leurs objectifs. «Quand les gens décident de se remettre en forme, ils se fixent rapidement des buts tels que faire la course de l'Escalade. Mais désormais, le chrono n'est pas le plus important, ils veulent simplement participer», observe le coach.

Une enquête de l'Office fédéral du sport (OFSPO) sur les pratiques sportives, publiée en juin 2020, a mis en avant les motivations des Suisses à faire du sport. La santé, le plaisir de bouger, la détente ou le contact avec la nature arrivent en premier. Loin devant «atteindre des objectifs sportifs» ou «se mesurer à d’autres». L'essor du cirque, mais aussi de la randonnée ou du yoga, est révélateur de ces nouvelles envies.

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source: instagram madewithlovebytomdaley
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