La Premier League estime que Manchester City a commis plus de 100 infractions au règlement financier du championnat pendant neuf saisons (2009-2018). La plus haute division du football anglais a ajouté qu'elle allait mandater une commission indépendante pour faire toute la lumière sur cette affaire. Elle a également accusé City de ne pas coopérer depuis le début de l'enquête, en décembre 2018. «C'est parce qu'ils y ont été forcés par la justice anglaise que les Citizens ont donné les documents que la Premier League réclamait. Or quand tu n'as rien à te reprocher, tu n'as rien à cacher», pointait lundi soir sur RMC Sport Julien Laurens, journaliste et animateur installé à Londres.
Signe de la tension entre les parties, City n'a pas été prévenu à l'avance des accusations de la Premier League à son encontre, a écrit Simon Stone (BBC Sport). Ses dirigeants ont été appelés au moment même où le communiqué a été publié.
La Premier League avait lancé son enquête en décembre 2018 après les révélations du journal allemand Der Spiegel dans le cadre des Football Leaks.
Les Citizens sont aujourd'hui accusés de ne pas avoir fourni «en toute bonne foi» des «informations financières exactes donnant une image fidèle de la situation financière du club», en particulier en ce qui concerne ses revenus (dont ses revenus de sponsoring) et ses coûts d'exploitation. D'autres violations présumées concernent les règles exigeant des détails complets sur la rémunération du manager entre 2009 et 2013 (Roberto Mancini était à la tête de l'équipe) et sur la rémunération des joueurs entre 2010 et 2016.
La Premier League a aussi déclaré que City avait enfreint les règles liées aux règlements de l'UEFA, notamment le fair-play financier (FFP), de 2013 à 2018, ainsi que les règles du championnat en matière de rentabilité et de durabilité de 2015 à 2018.
La commission peut imposer des punitions allant d'une amende et d'une déduction de points à l'expulsion pure et simple de la Premier League. Tout est possible. En cas de sanction, «nous serions en territoire inconnu», a reconnu la BBC lundi, soulignant encore un peu plus le caractère exceptionnel de l'affaire.
Chacune des deux parties pourra faire appel du verdict que rendra la commission indépendante. Dans ce cas, une nouvelle commission indépendante (d'appel cette fois) se réunira pour trancher. Ce sera la seule et unique possibilité de recours pour la Premier League et City. Le rédacteur en chef des sports au Times, Martyn Ziegler, affirme en effet que ni l'une ni l'autre des parties ne pourra faire appel auprès du Tribunal arbitral du sport (TAS).
Man City latest: under Premier League rules the club will not be able to appeal any sanction to the Court of Arbitration for Sport (which overturned the UEFA ban)
— Martyn Ziegler (@martynziegler) February 6, 2023
Pour rappel, City avait pu faire annuler par le TAS l’interdiction de participer à deux éditions de la Ligue des champions prononcée par l’UEFA en février 2020.
Il convient aussi de souligner que si l'équipe anglaise était durement condamnée, c'est tout le City Football Group qui serait impacté. Manchester donc, mais aussi New York City FC, Melbourne City, Troyes, Yokohama, Gijon, Montevideo ou encore Sichuan; autant de clubs appartenant à la toile tissée par les dirigeants d'Abu Dhabi.
Quelques heures après l'annonce de la Premier League, Manchester City s'est exprimé dans un communiqué.
Club statement
— Manchester City (@ManCity) February 6, 2023
On peut désormais s'attendre à ce que le club engage les meilleurs avocats afin d'éplucher ligne par ligne chaque reproche qui lui est fait.
En mai dernier dans The Guardian, le manager de City était revenu sur les démêlés récents de son employeur avec la justice, disant ceci:
Pep Guardiola promettait donc de quitter le club en cas de sanctions. Le fera-t-il vraiment si cela arrive? «On se demande en effet ce qu'il va se passer, a répondu le journaliste Julien Laurens lundi soir. Mais la question se pose aussi pour Ferran Soriano (directeur général), Txiki Begiristain (directeur du football), les gens au club et les joueurs. Cela dépendra de l'ampleur de la sanction, s'il y en a une.»
La Juventus avait été sanctionnée de 15 points de pénalité en janvier par la Cour d'appel fédérale dans l'affaire des transferts douteux. La justice anglo-saxonne, qui sait être sévère avec les géants du sport (c'est un tribunal américain qui avait fait tomber Lance Armstrong), pourrait à son tour punir l'un des clubs les plus prestigieux de la planète. Les instances du foot british espèrent un verdict dans les quatre prochains mois.
D'ici là, Manuel Akanji et ses coéquipiers tenteront notamment de se battre pour le titre en championnat (ils sont 2es à 5 points du leader avec un match de plus) et en Ligue des champions (ils affronteront le RB Leipzig en 8es), sans toutefois savoir quelle suite la justice donnera à leurs résultats.