Le FC Sion aurait dû arrêter de jouer à 2-0, se regrouper en défense et souffrir en équipe jusqu'à la fin du match. Tout le monde aurait trouvé cet esprit de sacrifice merveilleux, on aurait loué le caractère valaisan d'un groupe qui a su s'affranchir de ses limites physiques et techniques pour sauver sa peau en Super League. Au lieu de quoi les Valaisans ont continué à produire du football, à bousculer une équipe de Bâle, qui restait sur 17 points en 8 matches, jusqu'à inscrire quatre buts et infliger au club rhénan sa plus lourde défaite de la saison. Et ils pensaient qu'on allait rien remarquer?
Evidemment, le FCB l'a un peu aidé en se montrant inattentif défensivement (trois erreurs individuelles) et méconnaissable dans le dernier geste. Mais ce que les supporters de Sion ont vu vendredi soir, c'est ce qu'ils ont souvent espéré cette saison et que leurs joueurs ne leur ont jamais offert, moins par défaut de qualités que par manque de détermination.
Le milieu droit, Matteo Tosetti, l'a d'ailleurs confirmé en creux au micro de la RTS sitôt la fin du match, dans une déclaration moins flatteuse qu'elle n'y paraît.
Toute la question est de savoir pourquoi les Sédunois ont attendu la 36e et dernière journée pour jouer «comme ça». Qu'ont-ils fait des 35 autres? Pourquoi se sont-ils à ce point désolidarisés d'un projet commun de réussite, jusqu'à perdre trois fois contre un adversaire direct (Vaduz), dont le talent était concentré dans les pieds de deux joueurs (Di Giusto et Dorn)? Kevin Fickentscher avait raison lorsqu'il affirmait, mi-avril, que certains de ses coéquipiers avaient du mal à comprendre «la situation dans laquelle on se trouve.» Une fois qu'ils l'ont comprise, tout est allé beaucoup mieux: la victoire du FC Sion contre Bâle, conjuguée au revers de Vaduz, permet aux Valaisans de disputer les barrages contre Thoune la semaine prochaine (match aller le jeudi, retour le dimanche).
S'ils jouent au football, les Sédunois ont peu à craindre de l'opposition bernoise. Il sera alors moins temps de célébrer le maintien en Super League que de se pencher sur les raisons d'une telle fuite des responsabilités de la part de plusieurs éléments du vestiaire. Une attitude collective douteuse qui avait été observée la saison dernière déjà, lorsque Sion avait dû attendre la dernière journée pour éviter les barrages.
Résoudre ce problème sera le boulot de Christian Constantin, éventuellement de son fils Barthélémy. Une des solutions, mais elle risque de ne pas leur faire plaisir, prendrait la forme d'un pas de retrait. Le président et le directeur sportif s'effaceraient de l'environnement immédiat des joueurs au moins durant les matches. Le premier ne viendrait plus recadrer son équipe au bord du terrain lorsqu'elle est en difficulté, le second cesserait de se tourmenter sur le banc de touche.
Rendre l'équipe à ceux qui la composent, ce serait peut-être le début d'une prise de responsabilités, voire d'initiatives. Le début de quelque chose de nouveau au FC Sion.