Les dirigeants de notre fédération devraient remercier à genoux les dieux du hockey, car en la personne de Lian Bichsel, ils détiennent une pépite. Le garçon n'a que 20 ans et a été exceptionnel la saison dernière en première division suédoise. Le premier choix de NHL tente désormais de se faire une place dans la ligue la plus renommée avec les Stars de Dallas.
Or Bichsel a été exclu de l'équipe nationale par le directeur sportif Lars Weibel et l'entraîneur Patrick Fischer jusqu'au Championnat du monde 2026 inclus, et donc pour le tournoi olympique. Non pas parce que c'est un petit rigolo, mais uniquement parce que ce modèle de professionnalisme n'a pas donné suite aux convocations des moins de 20 ans, pour des raisons sportives évidentes, à savoir se concentrer sur le vrai hockey, celui des adultes. Rarement une décision de la fédération n'a autant divisé le hockey suisse.
La tâche d'un président consiste à gérer les situations délicates. Il ne doit pas s'immiscer dans le travail quotidien de la fédération, qu'il soit administratif ou sportif. Or en vertu de l'autorité que lui confère sa fonction, il est en mesure de jouer le rôle de médiateur et d'apaiser les tensions. Ou plutôt, il devrait être en mesure de le faire.
L'espoir régnait encore il y a peu. On pensait Stefan Schärer capable de résoudre le cas Bichsel lors d'un «sommet pour la paix» organisé cet été. Surtout que le président de la fédération a un passé de handballeur et a joué en équipe nationale avec André, le père de Lian Bichsel. En fait, Schärer avait annoncé avant le Championnat du monde à Prague qu'il s'occuperait de ce dossier.
Quelques mois ont passé. Les premiers matchs internationaux sont au programme ce week-end. Il est donc temps de demander à Stefan Schärer ce qu'il a accompli durant l'été. Sa réponse est décevante et ne ressemble pas à une mission engagée pour la paix. «J'ai discuté avec son père et j'ai ensuite laissé l'affaire à notre service des sports», déclare-t-il. Et après?
Interrogé, l'entraîneur national Patrick Fischer confirme qu'il n'y a eu aucune réconciliation et que la sanction reste en vigueur. «Nous avons eu des discussions. Les deux parties ont une nouvelle fois présenté leurs arguments. Nous avons décidé de maintenir l'exclusion jusqu'au Championnat du monde 2026 inclus. Nous nous sommes déjà exprimés à plusieurs reprises à ce sujet et il n'y a plus rien à ajouter de notre côté. La décision est maintenue et soutenue par l'instance», détaille Fischer.
Mais cette sanction, la plus sévère des temps modernes, contre l'un des joueurs les plus prometteurs de notre pays, qui plus est hockeyeur n'ayant rien à se reprocher sur le plan disciplinaire et sportif, est-elle judicieuse? Lian Bichsel possède toutes les qualités requises pour devenir d'ici 2026 un pilier de l'équipe nationale et jouer un grand rôle aux Jeux olympiques, étant donné que les franchises de NHL libèrent leurs professionnels. Dans ce contexte particulier, Patrick Fischer trouve néanmoins les mots pour réconforter le joueur:
La réponse du manager de Lian Bichsel, Frédéric Holdener, après une demande de prise de position, montre à quel point les fronts se sont durcis dans ce dossier: «Cette affaire est réglée. Nous ne ferons plus aucun commentaire à ce sujet. Lian Bichsel se concentre sur sa carrière en Amérique du Nord».
Stefan Schärer a donc échoué dans sa mission de politique intérieure la plus importante. Il se peut que le grandiose Championnat du monde 2024, où la Suisse a atteint la finale, n'ait pas favorisé la réconciliation – Lars Weibel et Patrick Fischer étant sortis grandis de l'événement. Il se peut également que le principe de répondre à toutes les convocations soit judicieux. Mais notre vivier de hockeyeurs en Suisse est étroit. Nous n'avons que 16'098 juniors, presque trois fois moins qu'en Suède. Il est donc important de prendre soin de chaque talent. Cette intransigeance à l'égard des joueurs prometteurs est irritante.
Adaptation en français: Romuald Cachod.