Isa Pulver est une légende de l'ultracyclisme. Parmi ses distinctions figurent un record du monde des 24 heures dans sa catégorie d'âge (50-59 ans), un titre de championne d'Europe de la discipline, ainsi qu’une victoire aux Mondiaux en Pologne l’année dernière.
Mais la carrière de la Bernoise est surtout marquée par un autre événement: la mythique Race Across America (RAAM), dont le parcours consiste à traverser les Etats-Unis d'Ouest en Est, sur près de 5 000 kilomètres.
Pulver a remporté l'épreuve féminine en 2015 et a frappé encore plus fort en 2023, s’imposant au scratch, c’est-à-dire devant tous les athlètes, hommes et femmes confondus. La Suissesse signait là une victoire sur la vie, peu après avoir subi une hémorragie cérébrale.
Deux ans plus tard, Isa Pulver faisait donc son retour sur les routes américaines, prenant part en juin à la Race Across America, avec de grandes ambitions et un doux rêve: celui de caresser le record de vitesse de la course féminine, détenu depuis 1995 par l’Américaine Seana Hogan, avec une moyenne de 21,29 km/h.
Mais tout ne s’est pas déroulé comme prévu pour la Bernoise. Sa préparation a d’abord été ralentie par une collision à vélo avec une voiture. «Je me suis fracturé le sternum six semaines avant le départ», explique Pulver, contactée par watson. Si cet accident l’a contrainte à renoncer à la Race Across Italy, organisée en mai, il ne l’a en revanche pas perturbée en course aux Etats-Unis.
Isa Pulver n’est toutefois pas parvenue à rallier l’arrivée, tracée à Atlantic City, New Jersey. Sa course s’est en effet brusquement arrêtée dans le Colorado, après trois jours d’effort et plus de 1 600 kilomètres avalés. C’est une nouvelle chute, ayant entraîné une fracture de la clavicule, qui est à l’origine de son abandon.
«J’ai mal évalué un panneau signalant des travaux. Je devais probablement jeter un œil au Garmin à ce moment-là. Je l'ai heurté et je me suis retrouvée à terre», détaille la Suissesse, qui semblait pourtant en pleine possession de ses moyens: «C’est arrivé le matin, peu après une sieste régénérante. Je n’étais vraiment pas fatiguée».
Preuve de sa bonne condition, Pulver affichait d’excellents temps de passage depuis le départ donné à Oceanside, Californie. «J’étais très bien lancé. En 2023, je roulais à seulement 0,5 km/h de moins que le record de Seana Hogan. Au dernier check point atteint, à South Fork, Colorado, j’étais 0,26 km/h plus rapide qu'en 2023. Oui, j’étais dans le rythme», assure-t-elle. Son abandon a donc été difficile à digérer.
Si Pulver court d'abord pour elle-même, ce retrait sur une épreuve telle que la Race Across America signifie également la fin d'une aventure pour tout un groupe dédié à l'athlète. Cela rend le moment encore plus solennel.
Aux Etats-Unis, ils étaient neuf à entourer la vainqueure de l'édition 2023, «dont un manager, un coach, un physiothérapeute, un mécanicien et de bons chauffeurs».
Comment s’est déroulée la fin du périple, après que la Suissesse est montée dans le camping-car? «Nous nous sommes rendus tous ensemble à Atlantic City. J’avais ma physiothérapeute avec moi, ce qui m’a permis de bénéficier de séances en cours de route», confie-t-elle. Sur place, Isa Pulver et son équipe ont pu assister à l'arrivée du Martignerain Lionel Poggio, troisième au scratch et premier de la catégorie des 50-59 ans.
De retour en Suisse depuis quelques jours, après un voyage pour le moins chaotique, Isa Pulver, qui affirme aller bien, «compte tenu des circonstances», doit encore enchaîner les consultations médicales, analyser son échec et tirer les bonnes conclusions. Ce n’est qu’après qu’elle décidera si elle retentera, ou non, l’aventure de l’une des courses cyclistes les plus exigeantes au monde.