Si elle n'a pas l'histoire des vénérables classiques d'Europe du nord, les Strade Bianche, dont la 19e édition a lieu samedi en Toscane, a trouvé sa place avec ses «muri», ses chemins en terre et l'arrivée au cœur de Sienne.
Devenue si populaire auprès des coureurs que certains la désignent comme le «sixième Monument» du cyclisme, la course réunit chaque saison un plateau relevé.
«Le plus difficile? Mais tout est difficile! Ce ne sont que des montées et des descentes», raconte à l'AFP Fabian Cancellara, trois fois vainqueur (le record) sur la Piazza del Campo, la célèbre place incurvée où se disputent depuis des siècles les courses de chevaux du «Palio».
Les succès du Suisse ont ponctué la jeune histoire des Strade Bianche. Il a gagné la deuxième édition, en 2008, quand on l'appelait encore la «Monte Paschi Eroica». Quand il a récidivé en 2012, elle venait d'adopter son nom actuel, dû aux chemins blancs en terre jalonnant le parcours. La dernière, en 2016, est sa «plus belle» car décrochée lors de sa dernière saison comme professionnel. «Cette course a vraiment quelque chose de particulier», souligne celui qui a su dompter les chemins et les "muri" (côtes) toscans grâce notamment à son passé en cyclo-cross.
«Elle est importante, avant les classiques, pour tester ses jambes et son physique», ajoute le propriétaire suisse de Tudor Pro Cycling Team, qui estime que le profil convient à différents types de coureurs. A condition, évidemment, de ne pas être allergique à ces terribles chemins étroits et glissants.
«Les sections sont si étroites que c'est vraiment une bagarre!, ajoute le jeune retraité de 34 ans. J'ai toujours fait beaucoup de VTT pendant l'hiver. Cela m'a beaucoup aidé à être en confiance sur les chemins», développe-t-il, même si, en cas de chute devant soi, «il n'y a pas grand chose à faire».
Ces frissons, au-delà des magnifiques collines toscanes, expliquent selon lui le succès grandissant de la course: «Voir des coureurs couverts de poussière ou de boue, des vélos sales, des nuages de terre s'échappant du peloton, c'est spectaculaire et renvoie au cyclisme d'antan», souligne Moser. «La course sort des schémas traditionnels», assure Mauro Vegni, directeur du cyclisme chez RCS, l'organisateur.
The race where nothing can be taken for granted: 81 km of gravel sectors, 100% excitement. Here is the route of the #StradeBianche @CA_Ita 2025👇
— Strade Bianche (@StradeBianche) January 24, 2025
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La gara dove non c'è mai niente di scontato: 81 km di sterrato, 100% emozione. Ecco il percorso della #StradeBianche @CA_Ita 2025👇 pic.twitter.com/Snpq5LSoYC
Il rappelle au passage l'importance de la technique: «Ce qui est difficile sur les chemins, ce ne sont pas tant les montées que les descentes où, à chaque virage, tu peux tomber.» Pour les plus chanceux et les plus acrobates, la récompense est d'être le premier à aller cueillir l'ovation des tifosi dans l'ultime montée de la via Santa Caterina, à Sienne, avec une pointe à 16% sur les pavés.
Cette adrénaline, les meilleurs l'ont goûtée ces dernières années: Alaphilippe, Wout van Aert, Matthieu van der Poel ou Tadej Pogacar, tous vainqueurs. Un palmarès luxueux qui confirme la montée en puissance de la course.
«A la première édition, on était un peu inquiet car c'était une course très différente de ce qui se faisait ailleurs. Mais elle est devenue un moment important du début de saison», se réjouit-on chez RCS, qui a développé en parallèle une version féminine dont la 11e édition aura également lieu samedi. «Je ne me permettrais pas de la comparer à Paris-Roubaix et sa riche histoire, mais elle grandit peu à peu, avec sa particularité», conclut Mauro Vegni, en évoquant des audiences TV en «hausse» et «se rapprochant» du monument Milan-Sanremo.
Cet article a été adapté d'une première version publiée par l'AFP en 2023.