Ce «soldat» de la Nati a une qualité rare
Récupérateur, relayeur, passeur et même parfois buteur: Remo Freuler est un joueur indispensable à l'équipe de Suisse. A 33 ans, alors qu'il vit probablement sa dernière campagne internationale, le milieu de terrain zurichois impressionne encore par sa polyvalence.
Vendredi en Suède (2-0), Granit Xhaka a comme souvent attiré la lumière. Le capitaine a pris ses responsabilités en transformant un penalty, a régulé le jeu suisse comme lui seul sait si bien le faire et a replacé sans cesse ses coéquipiers sur le pré scandinave, en bon relais de son sélectionneur Murat Yakin.
Mais c'est sans doute son coéquipier, son lieutenant Remo Freuler, qui aurait mérité le titre d'homme du match. Le milieu de Bologne n'a pas touché autant de ballons (76 contre 120 pour Xhaka), mais il a systématiquement fait les bons choix, le soir de sa 83e sélection (11 buts).
Les éloges de Murat Yakin
Impérial défensivement, Freuler a remporté tous ses duels au sol (7/7) et n'a raté que quatre de ses 63 passes. Infatigable, il a même été à l'origine du deuxième but suisse dans les arrêts de jeu en interceptant le ballon à mi-terrain et en lançant le Genevois Johan Manzambi vers le but suédois.
Murat Yakin ne tarissait pas d'éloges en conférence de presse d'après-match:
La veille de cette belle victoire, qui a mis la Suisse sur la voie royale d'une qualification pour la Coupe du monde 2026, les deux hommes s'étaient déjà adressés aux médias. Le Bâlois soulignait alors la fiabilité et la polyvalence de l'un de ses plus fidèles soldats.
«Je ne me souviens pas avoir vu de mauvais match de sa part», avait déclaré le sélectionneur, «fasciné par le jeu stratégique, la capacité à relier les joueurs tant en défense qu'en attaque», de Remo Freuler, «un footballeur complet».
Eclosion tardive et grande disponibilité
Le joueur formé au FC Winterthour s'est imposé plutôt tardivement avec la Suisse, après la Coupe du monde 2018 et les retraites internationales de Valon Behrami et de Blerim Dzemaili. Acteur majeur de l'Euro 2021, où la Suisse a brisé son plafond de verre en éliminant la France en 8es de finale, Freuler a confirmé son statut de titulaire indiscutable sous les ordres de Murat Yakin.
Alors la donne est simple: si la Suisse s'impose en Slovénie et que les Kosovars ne font pas 3 points contre la Suède, la Nati sera qualifiée pour la Coupe du monde 2026 – en Amérique du Nord l'été prochain – dès ce lundi.
Depuis septembre 2021, il a ainsi figuré dans le onze de départ à 45 reprises lors des 52 matchs livrés par l'équipe de Suisse. Les quatre fois où il était sur le banc, il est entré en jeu, et n'a manqué que trois parties, une pour cause de suspension et deux (amicales) en raison d'un virus en mars dernier.
En club également, Remo Freuler ne rate pratiquement aucun match depuis le début de sa carrière: cinq au total pour blessure lors de son passage à l'Atalanta Bergame (2016-2022). Mais le natif de Glaris assure ne pas avoir de recette miracle.
Un héros à Bologne
Après une parenthèse d'une saison en Angleterre, à Nottingham, le Zurichois a retrouvé la Serie A italienne en 2023, à Bologne. Jusqu'à cet été, il composait le fameux trio helvétique d'Emilie-Romagne avec le Vaudois Dan Ndoye et le Fribourgeois Michel Aebischer.
Les trois hommes ont activement participé au sacre des Rossoblù en Coupe d'Italie en mai dernier, un trophée attendu par les tifosi de Bologne depuis 1974, avant que les deux Romands ne plient bagage durant le mercato estival. «Ils me manquent bien sûr, mais c'est le football, chacun suit son propre chemin», lâche Remo Freuler, moins laconique que d'habitude lorsqu'il parle de ses coéquipiers.
Les supporters de l'équipe de Suisse doivent bien sûr redouter plus que tout la fin de l'immense carrière internationale de Granit Xhaka. Mais peut-être regretteront-ils tout autant celle de son coéquipier de l'ombre. Il s'agit donc de savourer encore un peu la force tranquille du si précieux Remo Freuler. (ats/yog)