Il est né le 15 octobre 1968 pendant les Jeux de Mexico, un peu contre toute attente, alors que son père était parti chasser. C'était déjà où il veut, quand il veut.
A son arrivée au FC Nantes, Marcel Desailly le trouvait un peu ringard: «Il avait des jeans à pattes d’éléphant, rapiécés façon patchwork et des pulls à col roulé tricotés par sa maman. Allez savoir pourquoi, il m’a fait penser à Gérard Blanchard, le chanteur. Du coup, je l’ai surnommé Blanchard», raconte l'ancien défenseur dans «Libération».
Coco Suaudeau, son premier mentor, l’appelait plutôt «Le Chêne», car c’était «un garçon froid, déterminé et respectueux».
Pour rester dans la métaphore botanique, Aimé Jacquet, son deuxième mentor, l'a rebaptisé «Trois Pommes», en référence à sa taille (1,74 m).
Didier Deschamps reproche à ses joueurs de passer trop de temps chez le coiffeur, jeunes coqs à crêtes roses que leur coupe expose aux lazzis. Il a toujours montré l'exemple d'une sobriété assumée. Il a commencé avec une coupe en rivière, façon Gérard Lenorman, puis en brosse, façon Bernard Rappaz. En 2011, il a fait une remise à plat.
«Joueur, Didier avait trop de poils aux jambes. Le masser ressemblait à une expédition dans la jungle», rappelle Bixente Lizarazu sur TF1.
Mère vendeuse, père peintre, Deschamps a grandi dans des valeurs «blue color». «On ne manquait de rien, mais il n’y avait pas de superflu». A l'adolescence, il aurait pu rejoindre le grand Bordeaux plutôt que le FC Nantes, mais lorsque Claude Bez et Didier Couécou, les dirigeants bordelais, ont débarqué à Bidart en limousine et cigare au bec, le grand-père les a chassés en les traitant de maquignons.
Il n'a jamais goûté aux sous-entendus sur son style de jeu, un profil de No 6 à l'ancienne, râtisseur et bûcheur. Deschamps était un ouvrier qui savait tout faire. «Je suis un récupérateur, oui. Mais je n’ai pas non plus les pieds carrés». Entraîneur, il a gardé l’accent des cigales, le discours des fourmis. «Le travail conduit à la facilité, puis au plaisir de jouer».
Son témoin de mariage raconte dans «Sud-Ouest» qu'il «gagnait le cross du collège chaque année, sans forcer. Il était aussi très doué à la pelote, au tennis, à la pétanque. Même aux cartes, il était chiant à jouer». Son seul échec reste le rugby, où il lui manquait quelques pommes pour être à la hauteur.
Dans un documentaire de Canal+, Basile Boli apporte une nuance: «Il peut tout gagner... sauf Danse avec les stars». Son témoin de mariage confirme: «Au bal à Bidart, l’été, il n’était pas le meilleur danseur».
Didier Deschamps n'aime pas la ville, ni ses dîners, ni ses lumières. Quand il n'occupe pas sa villa du Cap-d’Ail (Monaco), il vit à Concarneau (Bretagne), la terre natale de son épouse, dont il arpente les bocages et les rivières. «J'ai beaucoup chassé. Pas pour tuer des oiseaux, mais pour la marche avec les chiens dans les forêts, les marécages», confie-t-il au «JDD».
Pour fêter le titre de champion du monde 2018, il s'est offert une gueule de cinéma, un sourire d'apparat façon Hollywood chewing-gum. Il a commencé par dire que ses «dents ne concernent pas les gens», mais puisqu'ils sont tout de même des dizaines de millions suspendus à ses lèvres, il a fini par expliquer sur Europe 1: «En étant sélectionneur de l'équipe de France, il y a un côté représentatif qui est important, parce que cela concerne l'image de la fédération».
Du temps où il entraînait l'Olympique de Marseille (OM), il noyait son stress dans les eaux gluantes et sirupeuses de chupa chups. Il a suivi un régime à Merano, haut lieu de l'abstinence tarifée, et mange aujourd'hui «énormément de fruits, particulièrement des mangues, des framboises et des fraises», selon Le Figaro.
Il fait chaque jour 30 à 45 minutes de gainage, quel que soit son emploi du temps. Lizarazu l'a surnommé «le Cristiano Ronaldo des entraîneurs».
Jambon pata negra, avec du cochon élevé aux glands et aux châtaignes. Poisson grillé, loup ou thon. Champignons sauvages. Un bon bordeaux. Une glace pistache. (Source: Le Figaro).
L'Equipe lui prête un salaire annuel de 2 millions d'euros brut, primes non incluses. Il roule en Citroën, possède quelques montres de luxe et costumes de marque, et investit l'essentiel de son épargne dans la pierre car, de son propre aveux, il «aime le solide» (c'est solide, Citroën?).
Quand il n'y a plus d'espoir, il lui reste Michel Sardou, son chanteur préféré (comme tous les grands de ce monde).
Il partage sa vie avec Claude depuis 36 ans, un duo aussi indissociable dans l'inconscient populaire français que le jambon et la moutarde. Le couple a un fils, Dylan, dit «l'autre DD», étudiant brillant et «un peu trop facile», selon son père, tourné vers le marketing et la finance.
À 20 ans, il perd son frère aîné Philippe dans un accident d’avion sur la ligne Bruxelles - Bordeaux. Trois jours plus tard, son beau-père, sous le choc, décède d’une crise cardiaque.
Il a remporté la Coupe du monde à la fois comme joueur et comme sélectionneur, un exploit seulement réussi avant lui par le Brésilien Mario Zagallo et l’Allemand Franz Beckenbauer.
Il a coutume de dire que «c'est dans les plus grandes victoires que l'on fait les plus grandes bêtises. Le succès est euphorisant et fait perdre la notion de réalité».
Difficile de savoir qui a commencé. Mais un jour, Didier Deschamps a dit de Christophe Dugarry, dans Le Parisien: «On a vécu des choses ensemble donc je sais qu'en termes d'état d'esprit, sincèrement, j'ai vu beaucoup mieux». Ce à quoi l'ancien attaquant, aujourd'hui consultant, a répondu: «Il y a toujours eu des histoires sur Didier. Il a passé plus de temps dans les bureaux des coachs, des présidents et des journalistes qu'avec ses coéquipiers». Et ainsi de suite...
Sur FR3, il reconnaît spontanément que de toute l'équipe de France, il est le plus chambreur. Pas «le plus exotique» dans ses tenues, pas le mieux coiffé, mais le plus taquin, «à coup sûr».
Cet article est adapté d'une première version parue pour la première fois le 25 juin 2021.