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Sport suisse: Pourquoi nos talents quittent le pays

Pourquoi les sportifs suisses quittent le pays
Miryam Mazenauer est invaincue depuis trois ans aux championnats suisses en salle et en plein air.Image: KEYSTONE

Pourquoi nos talents quittent la Suisse

La meilleure lanceuse de poids suisse vient de s'exiler en Allemagne. Comme elle, de nombreux espoirs du sport doivent partir pour grandir.
07.08.2023, 06:5807.08.2023, 12:15
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Miryam Mazenauer (23 ans) a passé la moitié de sa vie au centre d'entraînement de Teufen, une petite commune d'Appenzell Rhodes-Extérieures. C'est là-bas qu'elle a grandi comme sportive d'élite jusqu'à devenir la meilleure Suissesse de sa discipline, le lancer du poids. Mais depuis quelque temps, celle dont le record personnel est bloqué à 16,51m (le record national est à 18,02m) sent qu'elle a besoin d'autre chose pour devenir encore meilleure.

«J'ai épuisé les possibilités en Suisse»

Elle a donc choisi de partir, de quitter famille et amis pour rejoindre Stuttgart. «Si je vais maintenant en Allemagne, je m'éloigne de ma zone de confort et je m'engage dans la nouveauté», précise celle qui conservera néanmoins sa licence suisse. Stuttgart est considéré comme l'un des pôles d'attraction pour les épreuves de lancer du disque et du poids. L'offre sur place n'a rien de comparable avec la Suisse.

«Le centre d'entraînement fédéral de Stuttgart emploie plusieurs entraîneurs alors qu'en Suisse, le taux d'occupation de l'entraîneur national de lancer du poids est d'à peine 10%»
Miryam Mazenauer
Pourquoi les sportifs suisses quittent le pays
L'athlète en 2021.Image: KEYSTONE

La championne alémanique n'est bien sûr pas la première à quitter notre pays en quête de meilleures opportunités. Le déménagement est même une étape obligée pour beaucoup de sportifs suisses.

Elle devait payer son entrée

«Oui, beaucoup s’en vont. A un certain moment, c’est presque obligatoire», nous avait expliqué un jour Swann Oberson. La nageuse genevoise, qui devait parfois payer son entrée 6 francs pour pouvoir s'entraîner aux Vernets, était elle aussi partie en Allemagne en 2010.

«Il me manquait de la concurrence à l’entraînement. Un groupe qui me poussait, qui me faisait mal à la gueule. J’étais trop seule. En Suisse, les meilleurs sont trop isolés»
Swann Oberson
Pourquoi les sportifs suisses quittent le pays
Image: KEYSTONE

Stan et Jonathan Wawrinka avaient fait le même constat, eux qui avaient passé plusieurs hivers de leur jeunesse à Barcelone, où ils avaient trouvé des adversaires aussi ambitieux qu'eux, «des gars qui avaient envie d’être bons et qui s’entraînaient tous les jours», selon Jonathan.

Parfois, ce ne sont pas les adversaires qui manquent, mais les infrastructures. C'est pour cette raison que le triathlète vaudois Sylvain Fridelance est parti pour Grenoble ou que Jérémy Desplanches avait choisi de se fixer à Nice en 2013. Il avait pu y évoluer dans un bassin de natation extérieur de 50 mètres, doté de dix couloirs et chauffé toute l'année à 28 degrés. Chaque athlète pouvait s'y entraîner à sa guise, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Rien à voir avec Genève, où il ne pouvait pratiquer qu’une seule fois au quotidien.

«Le choix de s'exiler est dicté par la discipline et la volonté de chaque athlète. A chacun de trouver les meilleures conditions pour réussir», témoigne Camille Losserand (19 ans).

La kitesurfeuse lausannoise vit six mois par année à Tarifa, dans le sud de l'Espagne, où elle a trouvé un spot idéal pour progresser. «Pour atteindre un meilleur niveau, je me devais de voyager et vivre à l’étranger», explique celle qui a pu poursuivre ses études (bac français) à distance grâce au déménagement.

«Il n'existe pas d'alternative pour suivre un cursus en Suisse tel que je suis actuellement»
Camille Losserand

Les vertus de l'exil

Souvent, le déplacement paie. Desplanches est devenu un grand champion, comme Swann Oberson, Stan Wawrinka ou Julien Wanders, parti à 18 ans au Kenya pour s’entraîner au contact des meilleurs spécialistes du demi-fond.

Les exemples de réussite sont légion aussi dans les sports collectifs, puisque les basketteurs Thabo Sefolosha et Clint Capela ou le hockeyeur Nico Hischier ont tous quitté la maison bien avant leurs 18 ans pour devenir de très grands joueurs. Ils sont aujourd'hui autant d'exemples qui poussent les talents suisses à partir pour grandir, entre Stuttgart et le Kenya, Tarifa et la Côte d'Azur.

Collaboration: Lukas Pfiffner

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