Même dans l'horreur absolue de la guerre, certaines initiatives ont cette capacité à redonner foi en l'Humanité. C'est le cas de celle des frères Schiau, deux Biennois aux origines roumaines, épaulés par le HC Bienne.
Ion et Nicolae Schiau – le second est connu pour être le chef de l'unité jeune public, musique et humour à la RTS – ont lancé des appels mi-mars à travers toute la Romandie pour récolter du matériel de hockey sur glace, destiné à une cinquantaine de jeunes hockeyeurs ukrainiens réfugiés en Roumanie.
Un énorme big up au @ehcb_official qui a rendu cela possible ❤️💛. Et surtout aux nombreux parents et juniors, de Bienne et de Romandie, qui ont rapidement répondu à l’appel. Shout out enfin au joueur pro genevois (qui tenait à rester anonyme) pour son généreux don de cannes 🙌🏽 pic.twitter.com/JgtkbGNNPJ
— Nicolae Schiau (@nicolaeschiau) March 31, 2022
Une semaine plus tard, c'est un immense succès: deux camionnettes remplies de cannes, patins, protections et vêtements ont rejoint les villes de Brasov et Galati, où sont respectivement logés des juniors U18 et des enfants de six à quinze ans. «Grâce à tout ce matériel, ces jeunes pourront continuer à pratiquer leur sport et oublier un peu la terrible situation qu'ils sont en train de vivre», se réjouissent, d'une même voix, les frères Schiau.
C'est grâce à leur large réseau que cette belle action a pu se concrétiser. A la base, l'impulsion est venue d'Evgheni Pysarenko, un entraîneur d'origine ukrainienne établi depuis longtemps en Roumanie, qui a organisé l'accueil de ses jeunes compatriotes fuyant la guerre et de leurs parents.
«Il y a quelques années, il m'avait contacté pour savoir si j'étais d'accord de sponsoriser son équipe de juniors, qui évolue dans le championnat international transcarpatique», rembobine Ion Schiau, responsable de l'exportation de montres Tissot en Roumanie.
Le projet tenait très à cœur au Biennois, fermement convaincu des vertus intégratives du sport et dont la famille possède un lien particulier avec le hockey sur glace: le père de Ion et Nicolae, Razvan Schiau, était international roumain. Il a profité d'un match contre la Suisse à Lucerne en 1973 pour échapper à la dictature de Ceausescu et s'établir définitivement à Bienne. Sa famille l'y a rejoint quatre ans plus tard.
Nicolae a lui aussi été touché par la démarche. «J'ai mis un message sur Twitter, car j'ai la chance d'avoir pas mal de followers», explique-t-il. La stratégie a payé.
L'appel a aussi été reçu dans les plus hautes sphères du hockey suisse: un joueur de Genève-Servette, qui souhaite rester anonyme, a fait don de nombreuses cannes. Le HC Bienne, également pensionnaire de première division, a envoyé un mail à tous les parents de ses juniors pour recueillir tous les équipements et objets possibles. La patinoire du club seelandais a d'ailleurs fait office de point de collecte.
«On a reçu des photos sur lesquelles on voit les jeunes ukrainiens avec leur matériel venu de Suisse, et ils ont le sourire», s'émeut Ion Schiau.
Evgheni Pysarenko lui a donné d'autres bonnes nouvelles ce vendredi: il a pu inscrire – et entraîne – une équipe composée de ses protégés ukrainiens dans un tournoi en Pologne, qu'elle dispute actuellement. Sur les images, là encore des sourires.