Le nouveau rival de Marco Odermatt a rompu la malédiction
Sur les traces de Tumler
Stefan Brennsteiner a longtemps attendu son heure. Son premier podium, il l’a obtenu le 27 février 2021, à Bansko en géant, soit près de dix ans après ses débuts au plus haut niveau.
Depuis, quatre autres podiums individuels ont suivi, dont cette toute première victoire vendredi à Copper Mountain, à presque 34 ans et deux mois. C’est à peine moins que le Suisse Thomas Tumler, qui avait établi un record l’hiver dernier en devenant, à 35 ans, un mois et trois jours, le plus vieux à décrocher son premier succès en Coupe du monde. Il succédait alors à Dave Ryding, autre vainqueur sur le tard.
Des ligaments abîmés
Si Stefan Brennsteiner a mis autant de temps à s’installer au sommet, c’est en grande partie à cause des blessures qui ont jalonné sa carrière.
Au total, le Salzbourgeois s’est déchiré quatre fois les ligaments croisés. Son genou droit avait notamment cédé en deuxième manche du géant des Jeux olympiques de PyeongChang en 2018, alors qu'il venait de signer un bon intermédiaire. Moins de 18 mois plus tôt, c’était le genou gauche qui avait lâché lors du géant de Sölden, avec en prime une déchirure du ligament interne.
Plus récemment, en février 2020, Brennsteiner a subi une lésion du ménisque externe et du cartilage du genou gauche lors du géant parallèle de Chamonix. Bien que cette blessure ait mis fin à sa saison, il se disait soulagé que ses ligaments croisés ne soient pas une nouvelle fois touchés.
Maudit dans les grands rendez-vous
Se blesser grièvement en deuxième manche d’une course olympique est difficile à encaisser. Mais «Brandy», son surnom en équipe d'Autriche, a connu bien d’autres désillusions lors des grands rendez-vous.
Deuxième après la première manche du géant des Jeux de Pékin, à seulement quatre centièmes de Marco Odermatt, il a commis une erreur irréversible en fin de second passage, terminant 27e alors que la médaille olympique lui tendait les bras.
Mais sa plus grande désillusion remonte à l’hiver dernier, aux Championnats du monde de Saalbach organisés dans son district de Zell am See. A peine engagé sur la piste, sa fixation a lâché et son ski a dévalé la pente... sans lui. Un véritable crève-cœur. «C’est quand même une blessure. Je le sais: c’était la course la plus importante de ma vie», confiait-il en début de saison au Kleine Zeitung, visiblement encore marqué par cet événement.
En outre, Brennsteiner a quelquefois manqué la victoire en Coupe du monde pour une poignée de centièmes.
Un mental à toute épreuve
Face à ces obstacles, Stefan Brennsteiner a parfois songé à tout arrêter. Mais il a persisté, et les blessures comme les désillusions ont peu à peu forgé son mental et sa capacité à toujours revenir, jusqu’à s’installer ces dernières saisons parmi les meilleurs géantistes.
Le skieur autrichien était persuadé que son heure viendrait. «Les prochaines occasions se présenteront, c’est certain», déclarait-il en début de saison, conscient qu’avec son niveau, il pouvait prétendre à de nouveaux podiums, voire mieux. Il ne s’est pas trompé.
Salué par Marco Odermatt
Stefan Brennsteiner a reçu de nombreux éloges après son succès vendredi à Copper Mountain. «C'est un type formidable, un farceur et un véritable coéquipier. Il donne le ton à l’entraînement. Réaliser ce qu'il fait, c'est fantastique», a ainsi déclaré son collègue Marco Schwarz.
Mais les Autrichiens n’ont pas été les seuls à saluer sa performance. Eliminé en première manche, Marco Odermatt a eu tout le loisir de suivre le second run de Brennsteiner et s’est montré enthousiaste quand ce dernier a franchi la ligne d'arrivée, publiant sur ses réseaux: «Quand l'un des mecs les plus sympas gagne enfin».
En parlant de Marco Odermatt: Brennsteiner confiait récemment au Kleine Zeitung qu’il s’inspirait de lui et l’observait de près, tout comme le «brillant» Loïc Meillard, rappelant néanmoins l’importance de conserver son propre style.
«Brandy» a manifestement assimilé les enseignements. Grâce à sa quatrième place à Sölden et à la sortie de Marco Odermatt à Copper Mountain, il devance désormais le Nidwaldien au classement de la discipline et portera le dossard rouge lors de la prochaine course, dimanche à Beaver Creek. Une position qui fait de lui un rival sérieux de celui qui a remporté les quatre derniers globes de la spécialité, et que l’on dit moins dominateur en géant.
