Rune, de son nom complet Holger Vitus Nodskov Rune, est né le 29 avril 2003 à Copenhague, Danemark (pour les pives en géographie). Avant d'embêter les grands, il fut une terreur de bac à sable chez les juniors. Il y a remporté Roland-Garros en 2019 avant de devenir No 1 mondial quatre mois plus tard, avec des hardiesses de fier-à-bras.
Rune a intégré le circuit professionnel en 2020, alors qu'il n'était même pas en âge d'entrer dans un bar. Profil technique assez classique: droitier, revers à deux mains, grosse frappe. Une nette préférence pour la terre battue mais visiblement, il prend ce qui vient.
En remportant le Rolex Paris Masters, ce dimanche, au terme d'une formidable étripée de 2 h 30, Rune s'est assuré d'entrer dans le top 10 (déjà) et de devenir le premier remplaçant au Masters.
Selon son coach de toujours, Lars Christensen, cité sur le site de l’ATP, Rune «a commencé par jouer un peu au football et par pratiquer toutes sortes de loisirs. Mais très rapidement, il s'est totalement dédié au tennis.»
Le môme allait à l'école avec la tenue officielle de Roland-Garros, en mode Richie Tenenbaum. «Le temps d’une semaine, il voulait être comme Nadal, avec le bandeau et tout l’attirail. Il voulait juste lui ressembler. La semaine suivante, il se déguisait en Federer et s’y consacrait avec la même énergie», raconte encore son coach.
Patrick Mouratoglou l'a accueilli dans son académie à l'âge de 13 ans. Il le dissèque en conférence de presse: «Holger a plusieurs choses très spéciales. Les champions ont cette capacité à être très forts dans les moments importants, à se sentir à la hauteur, tout le temps. Y croire autant change plein de choses. Rune a une envie monstrueuse, ça se voit... Il a un gros caractère et c'est utile.»
Au quotidien, Rune est presque monomaniaque, selon Mouratoglou: «Il est complètement habité par ce sport. Quand il n'est pas en train de jouer, il regarde des vidéos de tennis toute la journée. Il a une croyance forte dans sa capacité à réussir. C'est un passionné qui croit en lui. Ce n'est pas le projet de sa mère, ce n'est pas la volonté de son coach, c'est son obsession, sa grande et seule obsession.»
Jusqu'à de plus amples informations, Rune ne s'est jamais déguisé en Djokovic. Mais il ne devait pas le trouver moche et méchant puisqu'il lui a demandé un selfie, «long time ago», et a posté ce document samedi sur Instagram.
Djokovic, lui, le porte en très haute estime. Il trouve même qu'il lui ressemble, un compliment que Federer Nadal Kyrgios d'aucuns auraient adoré recevoir. «Je l'apprécie vraiment beaucoup. Il est fit, il est jeune, il n'a pas grand-chose à perdre, il rentre dans la balle, c'est impressionnant. Il me rappelle moi plus jeune: revers solide, grosse défense, qui ne lâche pas un point et laisse son coeur et ses jambes sur le court.»
La première fois que quelqu'un l'a traité de bébé, c'était Caspar Ruud (oui, le doux et discret Casper Ruud, avec sa bouille de chouchou du prof), après sa victoire à Roland-Garros:
Mercredi dernier, ce fut au tour de Stan Wawrinka, battu de peu, en trois sets serrés, après avoir raté trois balles de matchs. La vidéo:
Depuis les juniors, Rune est un habitué des regards en coin et des poignées de main glaciale. Agacements contre sa mère, plaintes à l'arbitre et autres vilaines colères ont façonné cette image de baby-boss nourri aux amphét'.
C'est Patrick Mouratoglou, une fois encore, qui le raconte le mieux: «Il a une forte personnalité avec beaucoup d'énergie, ça l'amuse de faire des bonds partout. Désormais, il est plus en contrôle de ses émotions. Il luttait contre ce problème depuis un moment. C'est important parce que quand l'émotion prend le pouvoir, il n'est pas facile de faire les bons choix. La panique l'envahissait assez rapidement. Il prend aussi beaucoup plus les choses en main. Avant, il passait souvent de l'agressivité à la passivité pendant les matches. Globalement, c'est désormais beaucoup plus stable.»
La meilleure pour la fin? «Rune peut énormément progresser dans tous les domaines», ont déclaré ses deux coaches avec le plus grand sérieux, et ils ne semblaient pas se tenir par la barbichette.