Carlos Alcaraz a remporté son premier Majeur en quatre sets (6-4 2-6 7-6 6-3) et 3h20 de jeu, devenant ce lundi matin, à 19 ans et 4 mois, le plus jeune leader de l'histoire du classement ATP (créé en 1973).
«Soulever ce trophée c’est magnifique, a déclaré le lauréat. C’est incroyable de laisser une trace dans l’histoire. Mais ce qu’a réussi le Big 3 (Federer, Nadal, Djokovic), se maintenir à ce niveau pendant vingt ans, est encore plus difficile. Je ne veux pas me comparer à eux, je les admire.»
Le droitier de Murcie n'est, et de loin, pas le plus jeune vainqueur d'un tournoi du Grand Chelem, le record masculin étant détenu par Michael Chang (17 ans et 109 jours lors de son triomphe à Paris en 1989). Mais les «teenagers» vainqueurs de Grand Chelem sont une denrée rare: le dernier en date était Rafael Nadal, qui avait 19 ans et 3 jours lorsqu'il avait remporté son premier Roland-Garros.
Comparé à son illustre compatriote depuis ses premiers coups d'éclat, Carlos Alcaraz devait qui plus est composer avec une pression aussi intense que celle qui accompagnait déjà Rafael Nadal en 2005. Son avènement était en effet attendu par tous les observateurs, mais ne pouvait être prévisible en raison de l'omnipotence du «Big Three» Nadal/Federer/Djokovic.
Le nouveau no 1 mondial avait d'ailleurs dû digérer un premier échec (relatif) cette saison à Roland-Garros, tournoi qu'il avait abordé dans la peau d'un favori après son sacre dans le Masters 1000 de Madrid. Sa défaite subie en quart de finale, certes face à un Alexander Zverev en pleine forme, avait rappelé que rien ne serait simple pour lui.
Rien ne fut d'ailleurs simple non plus dans cet US Open pour Carlos Alcaraz, qui allie la souplesse et la vélocité de Novak Djokovic, la hargne de Rafael Nadal et la palette technique de Roger Federer. Les immenses efforts fournis dans ses trois précédents matches, tous conclus en cinq sets, ont failli lui coûter très cher dimanche.
Malmené dans le deuxième set, Carlos Alcaraz - qui avait écarté une balle de match face à Jannik Sinner dans un quart de finale long de 5h15' - était d'ailleurs dans les cordes en fin de troisième manche. Aurait-il trouvé les ressources pour revenir au score s'il n'avait pas effacé deux balles de troisième set? Rien n'est moins sûr.
Joueurs qui ont gagné un GC chez les hommes depuis 15 ans en ayant sauvé une balle de match :
— Laurent Vergne (@LaurentVergne) September 12, 2022
. Novak Djokovic (US Open 2011, Wimbledon 2019)
. Stan Wawrinka (US Open 2016)
. Carlos Alcaraz (US Open 2022)
Mais la question ne s'est pas posée. Le protégé de l'ex-no 1 mondial Juan Carlos Ferrero a survolé les débats dans le tie-break de la troisième manche, face à un Casper Ruud soudain moins solide et plus hésitant. Et il a poursuivi sur sa lancée dans le quatrième set.
A nouveau serein et percutant - notamment sur son service -, il a forcé la décision en signant le break dans le sixième jeu. Il a conservé cet avantage jusqu'au bout, convertissant sa deuxième balle de match en claquant un service gagnant avant de s'effondrer sur le court.
A la fin de la partie, Juan Carlos Ferrero a eu ces quelques mots qui sonnent comme un avertissement pour la génération du No1 mondial:
Une impression confirmée par le joueur lui-même: «J’ai une grande marge de progression du point de vue du mental, du tennis, du physique, de tout. Mon premier titre en Grand Chelem et la place de no1 sont arrivés très vite, mais je ne dois pas stagner, rester dans ma zone de confort. Je dois progresser.»
Carlos Alcaraz a toutefois promis aux médias que son nouveau statut n'allait pas le changer.
(ats/jcz)