Le «Blade runner» condamné pour meurtre sort de prison
L'ancien athlète amputé des deux jambes, qui a purgé plus de moitié de sa peine et est âgé de 37 ans, doit quitter la prison d'Atteridgeville, dans la banlieue de la capitale Pretoria, vendredi. Ni l'heure, ni les détails logistiques n'ont été communiqués par les autorités pour des raisons de «sécurité». L'administration pénitentiaire a également prévenu qu'aucune occasion de prendre des images de lui ne serait offerte à la presse devant la prison.
Quant au sextuple champion paralympique, qui avait interdiction formelle de s'exprimer dans les médias, il est «maintenant chez lui», comme l'a confirmé l'administration pénitentiaire.
De «Blade runner» à meurtrier
Dans la nuit du 13 au 14 février 2013, Oscar Pistorius a tué Reeva Steenkamp, 29 ans, une jeune femme «ambitieuse», mannequin à succès et fraîchement diplômée de droit, en tirant quatre fois à travers la porte de la salle de bain de sa chambre, dans sa maison ultra-sécurisée de Pretoria.
Un an plus tôt, le sportif surnommé «Blade runner», en référence à ses prothèses de carbone, était entré dans la légende en s'alignant avec les valides aux 400 mètres des Jeux olympiques de Londres, une première pour un double amputé.
Arrêté au petit matin de la Saint-Valentin 2013, Pistorius nie avoir fait feu dans un accès de rage. Il affirme avoir cru à la présence d'un cambrioleur. Une version qu'il maintient tout au long de la saga judiciaire qui tient les médias en haleine pendant les quatre années suivantes.
«La version d'Oscar»
Au terme de son premier procès ouvert en 2014 et retransmis en direct à la télévision, le coureur écope de cinq ans de prison pour homicide involontaire. Mais le parquet estime la peine «scandaleusement clémente» et réclame une requalification en meurtre. S'en suivront plusieurs appels, des journées d'audience prenantes et la lecture crue d'un rapport d'autopsie de la victime - laquelle provoquera les vomissements de l'accusé.
Fin 2017, Oscar Pistorius se retrouve finalement condamné à 13 ans et 5 mois de réclusion pour meurtre. La loi sud-africaine prévoit qu'un condamné pour meurtre est éligible à un aménagement de peine une fois la moitié de sa peine écoulée. C'est ainsi que, fin novembre, l'administration pénitentiaire a annoncé la remise en liberté anticipée d'Oscar Pistorius.
La famille Steenkamp ne s'est pas formellement opposée à sa libération conditionnelle. Mais June Steenkamp, la mère de la victime, a affirmé ne toujours pas croire «à la version des faits d'Oscar» et s'est dite convaincue que ce dernier «ne s'est pas réhabilité» en détention.
«Nous, qui sommes encore là, nous sommes condamnés à vie», a-t-elle affirmé dans une déclaration écrite.
Une conditionnelle stricte
Dans le cadre de son placement en conditionnelle jusqu'à la fin de sa peine en 2029, Oscar Pistorius doit suivre une thérapie sur la gestion de la colère et les violences faites aux femmes. Il n'est pas autorisé à consommer de l'alcool et doit également accomplir des travaux d'intérêt général, ainsi qu'être présent à un domicile désigné, dans une banlieue de Pretoria, à certaines heures de la journée. (mbr/ats)
