Passer du 400m haies au 400m plat marque une grande différence: la cadence n'est pas la même, la force non plus. L'Américaine Sydney McLaughlin-Levrone a pourtant décidé de relever ce défi qu'elle juge «colossal» et de changer de discipline aux Mondiaux de Tokyo (13-21 septembre).
«J'aime l'idée de m'aligner sur plusieurs épreuves, d'être poussée dans mes retranchements et de devenir la meilleure athlète et la plus complète possible avant de raccrocher mes pointes», a affirmé jeudi la sprinteuse de 26 ans lors d'une conférence de presse.
Il y a quatre ans, sur la même piste japonaise, Sydney McLaughlin-Levrone était entrée dans l'histoire de son sport en décrochant son premier titre olympique et en améliorant son propre record du monde sur 400 m haies. Depuis, l'Américaine est devenue une légende vivante, avec un titre mondial (2022), un deuxième titre olympique (2024) et un record du monde fou porté à 50 sec 37.
En 2025, la sprinteuse qui s'entraîne à Los Angeles sous la direction de Bob Kersee a varié les plaisirs. En participant aux meetings du Grand Slam Track, nouveau circuit de compétitions, elle a dû s'aligner sur des disciplines qu'elle maîtrise moins, du 400 mètres plat jusqu'au 100 m, en passant par le 100 m haies.
Pour les Mondiaux de Tokyo, elle a décidé de mettre de côté le "4H" pour se concentrer sur le 400 m, un choix qu'elle avait déjà fait en 2023 avant de déclarer forfait à Budapest.
Si elle est la troisième meilleure performeuse de l'été sur le tour de piste (48''90), le défi sera quand même de taille à Tokyo, où l'Américaine retrouvera deux des meilleures athlètes de la discipline: la championne olympique dominicaine Marileidy Paulino et la Bahreinie Salwa Eid Naser.
Se concentrer sur le 400 mètres plat a été «un projet colossal», la discipline ayant toujours été plus difficile à apprivoiser pour elle.
Avec un record personnel en 48 sec 74, à quatre centièmes du vieux record des Etats-Unis de Sanya Richards-Ross, la native du New Jersey peut légitimement croire au podium, voire au titre à Tokyo. Mais quand on lui pose la question des records, des Etats-Unis ou même du vieux record du monde de l'Allemande Marita Koch (47''60 en 1985), elle botte en touche.
«On me pose toujours la question mais les records viennent quand ils viennent, lâche-t-elle. Je pense qu'avec la bonne athlète, dans les bonnes conditions, le record du monde peut être battu. Mais avant de parler de courir 47 sec 60, il faut déjà qu'on trouve quelqu'un qui passe sous les 48 secondes», ce qu'aucune femme n'a réussi depuis 1985, souligne-t-elle.
Sa quête de maîtrise du 400 m plat l'éloignera-t-elle définitivement des haies? «Je n'en ai pas terminé avec les haies, il y a d'autres choses que j'aimerais accomplir', assure Sydney McLaughlin-Levrone. C'est ce qui est chouette avec l'athlétisme, il y a toujours quelque chose pour s'améliorer.»