C'est une certitude, les clubs de football sont de plus en plus ingénieux et professionnels dans leur communication. En Suisse, on se souvient par exemple du clip promotionnel du Servette FC pour présenter ses nouveaux maillots, le mois passé. Cette semaine, c'est le Stade de Reims, en France, qui a fait très fort.
Dans une vidéo postée sur Twitter, le club de Ligue 1 fait la pub pour ses abonnements de saison tout en dézinguant les «footix» de sa région qui préfèrent supporter le Paris Saint-Germain et l'OM, les deux mastodontes du football tricolore.
«Footix», quésaco?, doivent se dire certains d'entre vous. Pas de souci, vous allez comprendre! Dans le clip, deux jeunes adultes de la région rémoise zieutent le calendrier du championnat et voient que le club local reçoit le prestigieux PSG le 9 octobre prochain. Pas fidèles pour un sou du stade Auguste Delaune, ils veulent acheter des billets uniquement parce que l'équipe visiteuse est très prestigieuse. Problème: ils ne peuvent réserver leur sésame en ligne qu'en rentrant un code d'abonné, qu'ils n'ont évidemment pas.
Ils appellent un de leur pote, également résident de Reims, pour lui demander s'il a toujours ses accès. L'ami en question est posé sur son lit avec un coussin aux couleurs de... Marseille, entre quatre murs sur lesquels fleurissent les posters du club phocéen. Lui non plus n'est plus abonné, mais pour dépanner ses potes, il appelle un autre copain, lui aussi habitant de Reims. Ce dernier décroche alors qu'il est en train de célébrer un but marqué sur le jeu vidéo FIFA avec le PSG face à... Reims. Autant vous dire que lui non plus ne fréquente pas l'enceinte locale.
Mais il lui reste une dernière possibilité pour dépanner les potes de son pote: appeler son grand-père, fidèle parmi les fidèles du Stade de Reims. Il lui demande s'il a déjà acheté son abo. La réponse du papy fuse:
Accroché à sa manette Playstation, le jeune homme balbutie. Dans son bureau où trônent les articles et photos d'exploits du Stade de Reims, le vieil homme n'est pas dupe. Il fait la morale à son petit-fils au bout du fil:
Exténué par autant de sermons, le petit-fils abrège sèchement ce long monologue: «Ouais, bref papy, tu peux me passer ton code, s'il te plaît?»
A ce moment, une petite fille vêtue du maillot de Reims et livres historiques du club à la main rentre dans le bureau du vieil homme, en lui demandant s'il peut lui lire les livres en question. Les yeux de ce dernier s'illuminent, et il lâche dans le combiné à son petit-fils: «Excuse-moi, j'ai à m'entretenir avec de vrais supporters», avant de lui boucler au nez. Et bim!
𝙴𝚝 𝚝𝚘𝚒, 𝚝'𝚊𝚜 𝚝𝚘𝚗 𝚌𝚘𝚍𝚎 ? #SDRPSG #SDROM pic.twitter.com/wN3SGXmDYw
— Stade de Reims (@StadeDeReims) July 18, 2022
Les «footix», c'est tout ce que le papy méprise: des suiveurs du football qui s'amourachent d'une équipe uniquement parce qu'elle est forte, en suivant la tendance. Un amour par pur effet de mode, dénué de tout romantisme. Une liaison intéressée plutôt que passionnée.
C'est la définition du terme qui prédomine actuellement, même s'il a d'autres acceptions. Il désigne «tour à tour un supporter à distance, un amateur d'équipes "à la mode" ou de plusieurs équipes à la fois, un ignorant des règles et du jeu», expliquent les Cahiers du football.
Dans tous les cas, les «footix» sont méprisés par ceux qui se prétendent «vrais» supporters d'un club, les ultras notamment, ceux-ci légitimant leur attachement à une équipe par une identification régionale ou une filiation.
Si le terme «footix» a aujourd'hui une connotation très péjorative et que les personnes qui sont affublées de ce sobriquet doivent même faire face à de l'agressivité, ça n'a pas toujours été le cas. A la base, l'étiquette était attribuée aux nouveaux fans de l'équipe de France – peu connaisseurs – qui s'étaient soudainement découvert une passion pour le football après le sacre lors de la Coupe du 1998. Le nom «Footix» était, tout au départ, celui de la mascotte de la compétition organisée dans l'Hexagone, un coq au design enfantin et, avouons-le, franchement ringard.
Vous savez désormais que quand quelqu'un vous traite de «footix», ce n'est pas pour louer votre enthousiasme pour le ballon rond!