Haris Seferovic, l'Euro débute dans six semaines. Serez-vous de la partie?
Pour le match Suisse-Allemagne, c'est sûr. J'ai acheté des billets. Ma famille et moi serons au moins dans les tribunes pour ce match.
La question visait plutôt à savoir si vous serez sur le terrain...
Je ne peux pas vous le dire. L'été dernier, mon intuition m'a dit que mon aventure avec la Nati était terminée.
Puis est venu l'automne, une période au cours de laquelle la Suisse a connu des problèmes offensifs.
C'est comme ça. Je laisse venir les choses. Murat Yakin et moi, on se parlera au téléphone en temps voulu. D'ici là, je me concentre sur mon travail en club (réd: il évolue aux Emirats arabes unis), je veux marquer beaucoup d'autres buts. Tout le reste n'est pas entre mes mains. Cela fait presque un an que je n'ai pas été convoqué. Et il est clair que j'aimerais beaucoup être présent en Allemagne. Tout le monde sait quelle sera l'ambiance de cet Euro. Ce serait une expérience formidable.
Pourriez-vous imaginer rejoindre le camp de l'équipe nationale sans avoir une place garantie pour l'Euro?
Non, cela n'a pas de sens pour moi. J'ai 32 ans, j'ai de l'expérience, je sais ce que je peux encore apporter à l'équipe. Je ne viendrais pas au camp pour m'entraîner deux semaines puis repartir. Si je devais participer, je le ferais correctement. Mais - ne vous méprenez pas! - je ne m'attendrais pas à disputer tous les matchs, ni à être le numéro un de l'attaque. Je voudrais simplement jouer un certain rôle dans l'équipe.
Quand avez-vous eu un contact avec le sélectionneur Murat Yakin pour la dernière fois?
C'était l'année dernière, en août, juste au moment où nous avons emménagé dans la maison à Dubaï. Il m'a expliqué qu'il continuait à garder un oeil sur moi.
Peut-être a-t-il été vexé après votre déclaration au terme de l'élimination en 8e de finale du Mondial 2022 contre le Portugal, quand vous avez dit: "Nous avons perdu 1-6, c'est l'entraîneur qui fait la tactique, ça veut tout dire".
Cette phrase de ma part a souvent été mal interprétée. Je ne voulais en aucun cas rejeter la responsabilité de la défaite sur le sélectionneur national. Après un score de 1-6, on est bouleversé et déçu, cette phrase m'a donc aussi échappé. Mais je ne voulais certainement pas le blâmer. Ce sont les joueurs qui sont sur le terrain.
Quelles sont selon vous les chances de la Suisse de briller à l'Euro?
La qualification pour les 8es de finale est en tout cas possible. L'Allemagne est forte, mais nous avons déjà prouvé contre des adversaires forts que nous pouvions bien jouer et marquer des points. L'Ecosse? Avec nos qualités, trois points doivent être possibles. Enfin, la Hongrie est un adversaire difficile, qui a progressé. Je crois la Suisse capable d'occuper l'une des deux premières places de ce groupe.
Vous avez disputé 93 matchs avec la Nati et marqué 25 buts. Peu de joueurs peuvent se vanter de telles statistiques. Pensez-vous que votre parcours en équipe nationale est sous-estimé?
Tout d'abord, j'aurais pu marquer quelques buts de plus en équipe nationale, si je regarde en arrière. Mais c'est comme ça maintenant. Je suis conscient que je n'ai pas toujours été le chouchou de tout le monde. Mais je m'en sors bien.
En novembre 2017, vous avez été sifflé lors du barrage pour la Coupe du monde entre la Suisse et l'Irlande du Nord, ce qui vous a profondément affecté, vous avez pleuré sur le banc. Est-ce que ça vous fait encore mal?
Non, pas du tout. Je n'étais pas le premier joueur de la Nati à être sifflé. C'est aussi arrivé à Alex Frei et à Marco Streller. Et je ne suis probablement pas le dernier non plus.
Vous avez 32 ans depuis février. Quel est votre avenir dans le football?
Mon plan serait de rester à Dubaï. J'ai encore un contrat pour la saison prochaine avec Al-Wasl. Si le club me propose une prolongation, je signerai. Nous nous plaisons vraiment beaucoup, beaucoup. Nous pouvons très bien nous imaginer rester et vivre en famille à Dubaï.
Qu'est-ce qui vous a attiré aux Emirats arabes unis l'été dernier?
J'avais également reçu deux ou trois offres d'Europe. Je les ai prises en considération, notamment parce que je voulais conserver mes chances en équipe nationale. Mais avec le temps, j'ai réalisé que je n'étais plus autant dans la ligne de mire de l'entraîneur national. Je me suis alors demandé: où est-ce que nous serions le mieux en tant que famille, où est-ce que je serais le mieux à l'avenir? Où est-ce que j'aurais un peu plus de tranquillité que dernièrement à Istanbul, ou même avant, à Lisbonne?
Dubaï est alors apparu comme une évidence.
Exactement. La qualité de vie pour nous tous est super. Les trajets sont courts. Nous habitons un peu en dehors de la ville, mais nous sommes au centre en dix minutes et à la plage en cinq minutes. L'école pour les enfants est super. On peut vivre à Dubaï de manière très agitée ou très calme. Mais vous me connaissez maintenant, je suis plutôt du genre calme.