Le Canada n'est pas un grand nom du football international mais les supporters qui assisteront aux matchs de la Coupe du monde 2026 découvriront un pays où ce sport, baptisé «soccer» en Amérique du Nord, est en plein essor.
Le coup d'envoi du premier match du Mondial 2026 au Canada sera donné le 12 juin à Toronto, une ville régulièrement citée comme l'une des plus diverses au monde et où l'immigration a fait exploser la popularité du football.
Toronto est également l'un des trois clubs canadiens, avec Montréal et Vancouver, à participer à la Major League Soccer (MLS), le championnat professionnel nord-américain.
«Au fil des ans, nous avons assisté à une explosion de la diversité», remarque Majied Ali, qui dirige un club pour les jeunes musulmans du quartier de Scarborough, dans l'est de Toronto, un lieu historique d'accueil des immigrants.
A sa création en 1997, le club avait 34 joueurs, raconte celui qui est arrivé de Trinité-et-Tobago en 1986. Il en compte aujourd'hui environ 1 500, filles et garçons âgés de quatre à 18 ans.
Une croissance qu'il associe aux vagues d'immigration au sein des communautés musulmanes, avec l'arrivée de réfugiés de Somalie et du Kosovo dans les années 1990, puis de ceux qui ont fui les conflits en Afghanistan et en Syrie.
Selon un rapport publié l'année dernière par la Fondation Jumpstart, qui suit la participation des jeunes aux sports à travers le Canada, «le football est constamment le sport le plus populaire» dans tous les groupes démographiques.
Dans l'ensemble, 62% des jeunes Canadiens ont joué au football plus d'une fois au cours des trois dernières années, la natation arrivant en deuxième position avec 44%.
L'essor du football a coïncidé avec le déclin du hockey sur glace, le sport fétiche du pays. Dave Cooper, professeur d'éducation physique à l'université de Toronto, analyse:
Le taux de jeunes Canadiens pratiquant le hockey a enregistré une baisse marquée de 33% au cours des 15 dernières années, selon le rapport Jumpstart.
Erik Wexler, qui dirige un programme sportif destiné aux familles à faibles revenus, en particulier aux nouveaux immigrants, se concentre sur le football et le basket parce que «c'est ce que les gens demandent». Il précise:
Le football est le moyen idéal pour les immigrants de développer un sentiment d'appartenance à une communauté dans leur nouveau pays, estime Erik Wexler, et les parents inscrivent leurs enfants à un sport qu'ils connaissent bien.
Le Mondial 2026, que le Canada organise conjointement avec les États-Unis et le Mexique, est une occasion de faire passer la passion du football dans le pays «à un niveau supérieur», anticipe-t-il.
L'intérêt des Canadiens pour la Coupe du monde a augmenté ces dernières années. Ils soutiennent les équipes pour lesquelles ils ont un lien familial, ou la sélection nationale et ses joueurs vedettes Alphonso Davies (Bayern Munich) et Jonathan David (qui vient de quitter Lille), qui ont participé au Mondial 2022 au Qatar après 36 ans d'absence de la Coupe du monde.
Et si les «Canucks» ne sont que 30e au classement de la Fifa, la sélection féminine fait beaucoup mieux avec un sacre olympique en 2021 après deux médailles de bronze (2012, 2016).
Mais l'été prochain marquera un moment sans précédent pour le pays, estime Erik Wexler, car «nous n'avons jamais rien accueilli de tel auparavant».