Dusan Vlahovic et ses coéquipiers sont entrés sur la pelouse de l'Allianz Arena, jeudi peu avant 15h, avec la pression du résultat. Battus par l'Angleterre 1-0 lors de la première journée de l'Euro, les Serbes se devaient de prendre des points face à une Slovénie ayant accroché le Danemark dimanche (1-1). Cette partie pouvait enfoncer cet effectif de qualité ou lui permettre de bâtir une belle aventure. Un tournant.
Mais les Aigles n'étaient pas seulement envahis par la pression en quittant le tunnel. Ils se sont certainement demandé si ce match contre la Slovénie n'était pas déjà le dernier de la Serbie dans le tournoi, alors qu'elle doit encore disputer au moins une rencontre contre le Danemark mardi prochain.
A quelques heures du coup d'envoi, le dirigeant prévenait l'UEFA. Ou plutôt, la menaçait. La Serbie est ainsi prête à déclarer forfait. A quitter la compétition sans jouer son ultime rencontre de la phase de groupes, si l'instance ne sanctionne pas fermement les faits survenus mercredi à la 59e minute de Croatie-Albanie, quand les supporters de ces deux nations des Balkans scandaient:
«Ce qu'il s'est passé est scandaleux et nous demandons des sanctions à l'UEFA, même si cela implique de ne pas poursuivre la compétition», a ainsi déclaré Jovan Surbatovic à la Radio-télévision de Serbie. «Nous exigeons de l'UEFA qu'elle punisse les fédérations des deux sélections. Nous ne voulons pas participer à cela, mais si l'UEFA ne les punit pas, nous devrons réfléchir à la manière dont nous procéderons», a-t-il ajouté.
Surbatovic a néanmoins confiance en l'instance. Il souligne la récente exclusion d'Arlind Sadiku du tournoi. Un journaliste kosovar qui, lors de Serbie-Angleterre dimanche, a mimé l'aigle bicéphale devant la tribune rouge et blanche. Un geste fort, qui symbolise l'oppression du peuple albanais par la Serbie.
Les déclarations d'avant-match de Jovan Surbatovic font suite à d'autres incidents apparus durant cet Euro, dont certains ont valu à la Fédération serbe de football des sanctions. Elle vient tout juste de recevoir une amende de 14'500€ de la part de l'UEFA, en raison du comportement de ses supporters lors du match contre l'Angleterre. Ont été sanctionnés des «jets d'objets» et la diffusion en tribune d'un «message provocateur impropre à un événement sportif». Il s'agirait d'un drapeau lié à un groupe paramilitaire, engagé dans un nettoyage ethnique durant les guerres de Yougoslavie. L'UEFA a également diligenté une enquête concernant des allégations de racisme lors de ce même match face aux Anglais.
Ces condamnations n'ont toutefois pas empêché les fans des Aigles de se faire remarquer. Après les drapeaux albanais brûlés le week-end dernier, ils ont entonné jeudi sur la Marienplatz de Munich «Le Kosovo est le cœur de la Serbie» en réponse aux provocations croates et albanaises.
Voici pour la géopolitique. Sportivement, les propos du secrétaire général de la Fédération serbe de football interviennent après ceux inattendus, émanant d'un autre Serbe: Dusan Tadic. Le buteur de Fenerbahçe a critiqué ouvertement les choix de son sélectionneur Dragan Stojkovic après avoir débuté le match contre l'Angleterre sur le banc.
Une situation pesante, qui rappelle celle de la Coupe du monde 2022. Dusan Vlahovic se voyait alors reprocher une aventure avec la femme du gardien Predrag Rajkovic. De son côté, Nemanda Gudelj était accusé d'avoir eu une relation avec la compagne de Luka Jovic. Un conflit dans le vestiaire était même évoqué, avant que la Fédération serbe n'intervienne pour éteindre le feu. Il ne s'agirait en fait que de rumeurs.
C'est donc dans ce contexte particulier que les Serbes abordaient la rencontre déjà décisive face à la Slovénie. Sur le terrain, après un début de match plus conquérant comparé à celui contre l'Angleterre, la Serbie a laissé s'exprimer son adversaire. Le Slovène Timi Max Elšnik s'est créé la plus belle occasion de la première mi-temps. Sa frappe puissante en sortie de une-deux a trouvé le poteau de Predrag Rajković.
La Serbie a toutefois eu des occasions au cours de la partie, mais a trop souvent buté sur un excellent Jan Oblak, et c'est la Slovénie qui a fini par ouvrir la marque à la 69e minute. Le latéral Zan Karnicnik est venu conclure un centre sur lequel la défense rouge et blanche a été bien trop laxiste. Finalement, les Serbes sont revenus au score en toute fin de rencontre. Un ultime corner et Luka Jovic a donné de la tête le point du match nul à son équipe. La Serbie est toujours en vie dans le groupe C, malgré ce contexte sur fond de tensions historiques et des difficultés en interne. Tout cela n'a rien de sain. Elle jouera néanmoins sa qualification pour les huitièmes de finale mardi contre le Danemark. Sauf si, bien sûr, les dirigeants en décident autrement.