Sport
Hockey sur glace

Hockey: Quel est l'impact des 6 étrangers en National League?

Hockey en Suisse: Quel est l'impact des 6 étrangers en National League?
A Genève, les mercenaires comme Teemu Hartikainen, Linus Omark et Henrik Tömmernes dominent les débats.Image: keystone

Quel est l'impact des 6 étrangers en National League? Premier bilan

Le fait d'avoir plus d'étrangers dans chaque équipe rend la ligue et l'équipe nationale meilleures. A court terme, le compte sportif est bon. Mais à court terme seulement.
14.11.2022, 18:4414.11.2022, 19:29
Klaus Zaugg
Klaus Zaugg
Suivez-moi
Plus de «Sport»

Au cours des deux dernières années, aucun sujet ne nous a autant agité que l'augmentation du nombre d'étrangers de quatre à six par équipe. Maintenant, après un bon tiers du tour de qualification de National League et le premier tournoi de la saison disputé par l'équipe nationale, nous avons une petite idée des chances et des risques de la nouvelle réglementation sur les étrangers.

L'amélioration indéniable du niveau de jeu est un effet positif. La situation politique mondiale a joué en faveur de notre hockey: la KHL n'est plus une concurrente sur le marché des joueurs. Jamais auparavant nous n'avions eu autant de joueurs de classe mondiale dans notre ligue la plus élevée, autant de champions du monde et de champions olympiques dans la force de l'âge. Et comme ils ne sont plus seulement quatre, mais six par équipe, ils peuvent porter une équipe réputée plus faible sur le papier. L'équilibre n'a donc jamais été aussi bon même si nous devons encore nous habituer au fait que chaque soir, dans chaque match, n'importe quel résultat est possible.

Le match le plus représentatif de ce nouvel équilibre a peut-être été celui qui a opposé Zoug à Kloten lors du dernier tour avant la pause de l'équipe nationale, le 5 novembre. Le promu a joué, à tout moment, à armes égales avec le champion avant de s'incliner 5-4.

Zugs Goalie Luca Holestein, und Nico Gross, rechts, kaempfen um den Puck, gegen Klotens Eric Faille, links, im Qualifikations - Spiel der National League zwischen dem EV Zug und dem EHC Kloten am Sams ...
Kloten (en blanc) vs Zoug.Image: KEYSTONE

Mais cette hausse du niveau a aussi des effets secondaires. L'un d'entre eux concerne les jeunes joueurs. Les deux étrangers supplémentaires disposent d'environ 40 minutes de temps de glace par match. Du temps qui manque désormais aux jeunes talents.

Mais prenons un exemple concret: Bienne a deux défenseurs étrangers mais aussi le Suisse Luca Christen (24 ans), qui était l'un des meilleurs défenseurs de la Swiss League la saison dernière. Il est désormais sous contrat avec Bienne. Mais il vient de passer l'automne avec son ancienne équipe de Langenthal parce qu'il n'y a pas de place pour lui à Bienne. Or pour son développement, chaque match de Swiss League est une partie perdue.

Et il n'est pas le seul impacté: le défenseur-spectateur Noah Delémont (20 ans) aurait lui aussi plus de temps de jeu si Bienne n'avait pas deux défenseurs étrangers. Avec moins de 10 minutes, il n'est que le numéro 83 dans le classement du temps de glace des défenseurs suisses. Il aurait pourtant le talent, la volonté et le courage pour doubler son temps de présence.

Noah Delémont (à gauche) contre Ambri.
Noah Delémont (à gauche) contre Ambri.Image: keystone

Et en équipe de Suisse?

L'autre question est de savoir quel serait l'impact de la nouvelle réglementation sur l'équipe nationale. On peut s'attendre à ce que la question des étrangers soit avancée comme excuse pour une éventuelle déception lors des prochaines éditions du Mondial.

Mais ce serait une excuse bon marché: les meilleurs Suisses (donc les joueurs nationaux) ne sont pas évincés par la concurrence étrangère. Au contraire, ils sont davantage sollicités. Sur les 40 premières positions de la liste des buteurs de la ligue, nous ne trouvons actuellement que deux Suisses de moins que la saison dernière. De ce point de vue, la nouvelle réglementation sur les étrangers a un effet stimulant sur l'équipe nationale. Parce que les internationaux s'améliorent.

Goalkeeper Joel Lassinantti of Sweden in action against Dario Simion of Switzerland during the ice hockey Euro Hockey Tour EHT Karjala Cup match between Sweden and Switzerland in Turku, Finland, Novem ...
Simion et la Suisse face à la Suède en novembre.Image: AP Lehtikuva

La première apparition de l'équipe nationale sous le nouveau régime des étrangers a en tout cas été prometteuse: victoires contre la Finlande (3-2 ap) et la République tchèque (3-2 ap) et défaite (2-3 ap) contre la Suède.

En revanche, cela devient plus difficile pour ceux qui ont le talent pour devenir des internationaux, mais qui ne le sont pas encore. Le «temps de glace du développement» est désormais une denrée rare. Cela peut avoir des conséquences fatales: aucune autre grande nation de hockey possède autant de talents qui ne parviennent à s'imposer au plus haut niveau qu'à 22, 23 ou même 24 ans. D'où cette question: combien de talents allons-nous perdre en augmentant le nombre d'étrangers? D'autres grandes nations de hockey n'ont pas de limitation comparable du nombre d'étrangers (et la Finlande n'en a même pas) et produisent, année après année, beaucoup plus de talents. Nous devons prendre beaucoup plus soin de nos espoirs et leur donner une deuxième, voire une troisième chance.

Un problème se posera à moyen terme au niveau des gardiens de but. Sans rempart de classe mondiale, la Suisse n'a aucune chance de se hisser parmi les médaillés au Championnat du monde. Or il n'y a pas (encore) de successeur aux gardiens de but Martin Gerber, Reto Berra et Leonardo Genoni, tous médaillés au Mondial. Le meilleur jeune gardien suisse de National League de l'automne est Philip Wüthrich (24 ans), qui s'affirme comme numéro 1 à Berne dans une situation difficile. Sandro Aeschlimann (27 ans) vient de faire ses preuves en Finlande lors du match contre la Suède (2-3).

Le jeune gardien le plus talentueux de la ligue est le Biennois Joren van Pottelberghe (25 ans). Mais Bienne a largement dépassé les attentes lors d'un automne doré et...avec un gardien étranger. Si Joren van Pottelberghe revient après sa blessure, pourra-t-il passer devant Harri Säteri (32 ans)?

Torhueter Joren van Pottelberghe von Biel beim Eishockey Qualifikationsspiel der National League zwischen dem EV Zug und dem EHC Biel am Dienstag, 18. Januar 2022 in Zug. (KEYSTONE/Urs Flueeler).
Image: KEYSTONE

Aucun étranger ne supplante encore un gardien suisse de niveau mondial. Mais le risque est grand qu'à moyen terme, des Suisses talentueux comme Joren van Pottelberghe n'aient pas la chance de faire leurs preuves dans la plus haute ligue et de devenir ainsi des gardiens de grands tournois internationaux. Cela fait partie des risques de la nouvelle réglementation sur les étrangers.

S'il a les dieux du hockey de son côté, Akira Schmid (22 ans) sera une star de la NHL jusqu'en 2026 et sera disponible pour le Mondial en Suisse. A court terme - mais à court terme seulement - la nouvelle réglementation sur les étrangers a plus d'effets positifs que négatifs sur le plan sportif.

Si la réglementation sur les étrangers devait être invoquée comme excuse, alors toutes les sonnettes d'alarme devraient être tirées.

Le problème se situerait alors à un autre niveau, même si nous ne connaissons pas encore les conséquences à moyen et long terme. Et ce n'est que l'été prochain qu'il sera possible de connaître les conséquences financières.

Qu'en est-il des coûts?

C'est l'argument le plus important pour justifier l'augmentation du nombre d'étrangers: économiser de l'argent. En novembre déjà, Gottéron, Ajoie, Ambri, Lugano, Berne, Langnau et le ZSC Lions ont fait valoir sept licences d'étrangers, Lausanne en a même déjà fait valoir huit. Aucun de ces étrangers supplémentaires n'est un «travailleur bon marché» à moins de 50'000 francs nets en provenance du Danemark, de Norvège ou de Slovaquie. Seul le 7e étranger de Langnau, Cody Eakin, n'a pas d'incidence sur les coûts: il remplace Alexandre Grenier, qui est parti immédiatement à Berlin.

Il apparaît déjà que le compte n'y est pas avec la nouvelle réglementation sur les étrangers et que chaque équipe sera considérablement plus chère. Qui doit payer le spectacle? Les supporters? Non, il n'est pas question d'augmenter le prix des billets. Les clubs doivent s'estimer heureux s'ils parviennent à retrouver le taux d'occupation des stades de l'époque pré-Corona.

Les chaînes de télévision lors du prochain contrat TV? Non. Les clubs peuvent être contents s'ils parviennent à prolonger dans quatre ans aux mêmes conditions (environ 30 millions pour la ligue). Les partenaires publicitaires? Non, les clubs auraient de quoi être satisfaits s'ils maintiennent leurs budgets publicitaires. La règle est donc la suivante pour les managers: engagez aujourd'hui les bons étrangers onéreux, payez le déficit demain ou après-demain. Le sport est peut-être devenu un business. Mais les raisons qui poussent les investisseurs à se lancer dans le hockey ne sont pas des considérations rationnelles ou des attentes de bénéfices. Mais plutôt des émotions.

L'espoir que quelqu'un paiera les factures, quoi qu'il arrive, est peut-être un peu frivole. Mais il n'est pas totalement injustifié.

Adaptation en français: Julien Caloz

La sportive Iranienne Elnaz Rekabi a disparu après avoir retiré son foulard
Video: watson
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Les équipes nationales ont une nouvelle arme fatale
L'Allemagne et l'Autriche ont réussi l'exploit de marquer dès le coup d'envoi du match, samedi. Une tactique qui a de quoi inspirer d'autres sélections et clubs.

Le football européen a vécu quelque chose d'assez fou samedi soir. Deux équipes nationales ont inscrit un but après, respectivement, 6 et 7 secondes de jeu. Il s'agit de l'Autriche face à la Slovaquie (2-0) et de l'Allemagne contre la France (2-0). Dans le cas des Autrichiens, il s'agit même d'un record mondial pour un match officiel entre sélections nationales, comme le relève le média Kicker.

L’article