La série entre Lausanne et Zurich (2-4) a révélé des sentiments obscurs que beaucoup gardaient en eux, mais que l'électricité des play-off a mis en lumière.
Les propos peuvent paraître choquants mais ils s'inscrivent dans le contexte testostéroné des play-off où, historiquement, les barbes sont piquantes et les disputes poilantes.
Reste la question de fond: le sentiment de persécution qui, depuis des mois, parcourt les rangs du LHC, jusqu'à ses couches populaires, est-il le résultat d'un délire paranoïaque, ou la triste réalité d'une conspiration alémanique contre ses intérêts, le baroud d'honneur d'une aristocratie amère face à l'émergence d'un dangereux rival?
Pas convaincu de la communication. Ni de cette comparaison. D'un côté on a une action de jeu et de l'autre un coup asséné après le coup de sifflet. On peut se questionner sur la sanction sans sous-entendre une inégalité de traitement. Surtout venant d'un club. https://t.co/XFRv8j8XDM
— Grégory Beaud (@GregBeaud) April 22, 2021
De Coire à Genève, tout le monde s'accorde à dire que l'humilité n'a jamais été la qualité prédominante des Lausannois. «Ils se font vite des films et tournent tout au tragique», rapporte un ancien dirigeant. Mais quand le LHC était encore un club ordinaire, qu'il faisait joli dans le paysage, avec ses ambiances latines et sa culture de la polémique, quand il n'était qu'un cuistre, un godelureau de province, chacun lui passait ses crises d'un sourire entendu.
En d'autres termes, il y aurait du vrai, le LHC dérange. Mais qui? Sans adhérer à l'hypothèse d'un réseau de connivences, la très rigoureuse NZZ reconnaît que «certains journalistes zurichois sont extrêmement proches du ZSC, sans doute trop proches. Du moins est-ce ma perception de Bernois», soulève délicatement le journaliste Daniel Germann.
L'expert reconnaît aussi que la rencontre entre Lausanne et Zurich n'était pas celle du marteau et de l'enclume, selon la vision manichéenne de certains récits.
Le juge unique a également prononcé des sanctions pour des charges à la tête contre:
— MySports_CH_fr (@MySports_CH_fr) April 22, 2021
📍 Sven Andrighetto (@zsclions): 1 match et CHF 2'500.- d'amende
📍 Juraj Šimek (@EHC_Kloten_1934): 1 match et CHF 800.- d'amende pic.twitter.com/EvzpNe3UTU
Daniel Germann est formel: «Je ne crois pas au complot anti-LHC car de nombreux Alémaniques apprécient qu'un club, une puissance émergente venue de Suisse romande, change le rapport de force. Notre championnat ne peut pas tourner éternellement autour d'un axe Berne-Zurich. En cela, le LHC est un peu le Lugano des années 90. Et Genève-Servette jouit également d'une bonne réputation.»
Les seules réserves de la NZZ portent sur le modèle économique opaque du LHC, un doute attisé par «les déclarations à la Constantin» de Petr Svoboda, son directeur et co-actionnaire.
Mais Lausanne HC n'a pas attendu Svoboda pour adopter des postures victimaires, crier au scandale, à l'asservissement de la minorité welsche opprimée, et voir le mal partout, des juges et des présidents qui gardent les cochons ensemble, d'autres qui vont aux poules, des arbitres qui mangent aux mêmes râteliers que les journalistes, un cartel zurichois déterminé à entraver le règne programmé de l'Elu lausannois. Trente ans que ça dure...
En décembre dernier, le syndic de Prilly, dont le LHC est un contribuable, a égayé une séance de Conseil communal en dénonçant «une cabale médiatique contre notre club devenu trop puissant». L'élu s'est exprimé comme s'il avait démantelé un réseau de journalistes alémaniques à la solde de Zurich, Berne et Davos. Il a prétendu parler sous le contrôle du LHC, auquel il avait préalablement soumis ses propos.
Croyez-vous à des réseaux d'accointances alémaniques qui nuiraient aux intérêts de votre club?
Nous n’avons pas de commentaire à faire sur ce sujet. Nous voulons nous concentrer sur ce que nous maîtrisons.
Pensez-vous qu'un sentiment anti-LHC soit en train de monter dans la presse alémanique?
Il faut relativiser tout cela. Que des médias locaux aient un biais favorable pour le club qu'ils suivent, ça n'a rien de nouveau. Que certains grossissent le trait pour monter des polémiques, ça existe depuis toujours. On essaie de balayer devant notre porte.
Adhérez-vous à l'hypothèse que votre montée en puissance dérange des clubs établis?
Ce que nous voyons, c’est que nous partageons la même vision de notre avenir commun. S'il y a des incompréhensions, c'est surtout une question de style. Nos nouveaux propriétaires sont certainement arrivés avec des références culturelles différentes et une façon de faire qui a intrigué: les échanges de joueurs, le camp d'été de type NHL... Nous sommes en plein développement, et avec les autres clubs, nous devons sans doute apprendre à mieux nous connaître.