Jan Cadieux est en train de réaliser un truc de fou avec Genève-Servette. Après avoir remporté la saison régulière, le coach de 43 ans et son équipe font désormais jeu égal avec Zoug, champion de Suisse en titre, en demi-finale des play-offs (1-1 dans la série, acte III mardi soir). L'entraîneur reçoit beaucoup d'amour des tribunes chaque soir de match à domicile, mais il lui manque celui de son plus grand supporter: son père.
La Neue Zürcher Zeitung révèle que Paul-André Cadieux a dû être amputé de la partie inférieure d'une jambe après une infection à un orteil. «L'amputation de la deuxième jambe est désormais imminente», selon la presse alémanique. C'est la raison pour laquelle Paul-André n'est pas aux Vernets pour encourager son fils Jan, qui n'a pas souhaité s'exprimer longuement sur le sujet lorsqu'il a été interrogé par nos confrères de la SonntagsZeitung dimanche.
Paul-André Cadieux est une célébrité du hockey sur glace. «Son nom est légendaire en Suisse», ose même la NZZ, qui rappelle que l'histoire du Canadien avec notre pays a débuté en 1971 par «une erreur». «Lorsqu'une délégation de la direction du SC Berne s'est rendue à l'aéroport pour y chercher le nouvel entraîneur-joueur Raymond Cadieux, c'est son frère Paul-André, défenseur de six ans son cadet, qui s'est présenté à la place de l'attaquant.»
Les Bernois (alors en Ligue B), qui sont «tombés des nues» en découvrant le «faux» Cadieux sur le tarmac, auraient pu refuser le deal et renvoyer Paul-André par le premier avion, mais ils ont vite compris tout ce qu'ils avaient à gagner d'avoir cet homme dans leurs rangs. Dès la première année complète sous la direction du nouvel entraîneur-joueur, le SCB a en effet été promu. Il a ensuite remporté trois titres de champion (1974, 75 et 77).
En Suisse romande, c'est justement pour les titres que Paul-André Cadieux n'a pas remportés qu'il est devenu célèbre. C'est lui qui était le coach de Fribourg-Gottéron lorsque les Dragons de Bykov et Khomutov ont échoué par trois fois en finale des play-off au début des années nonante. Le Canadien a ensuite dirigé plusieurs équipes francophones comme Genève, Neuchâtel, Bienne, Martigny, Lausanne, Ajoie ou La Chaux-de-Fonds.
Jan Cadieux admet que «ça n'a pas toujours été facile d'être le fils du grand Paul-André», et qu'il a même songé à changer de voie une fois sa carrière de joueur terminée, au lieu de quoi il a fait une promesse à son père (autant qu'à lui-même):
Le fiston a eu la chance d'évoluer sous les yeux de Paul-André la saison dernière. Notamment en janvier 2022 lors d'un déplacement des Aigles à Fribourg-Gottéron. Jan Cadieux avait même reçu la visite de son père, venu le féliciter après la partie. Tout est différent depuis l'automne dernier et les problèmes de santé que connaît le septuagénaire. «Paul-André a trop longtemps ignoré une infection à un orteil et l'a considérée comme une broutille pour laquelle un Cadieux ne va pas chez le médecin», décrit la Neue Zürcher Zeitung, qui relate ainsi la visite de Riccardo Fuhrer (ex-attaquant et entraîneur) au chevet de son vieil ami:
Dans quelques semaines, lorsque la saison sera terminée, Paul-André pourra étreindre son fils, lui dire à quel point il est fier de son parcours et lui rappeler, aussi, qu'il a encore un peu de chemin à faire pour être un meilleur entraîneur que lui!