Les filles débarquent en force dans les clubs de taekwondo. «Lors de certains cours, elles sont plus nombreuses que les garçons. Et elles cognent!», rapporte Abdenbi, professeur au Taekwondo Riviera. Ce phénomène de masse s'explique notamment par les changements de pratique apparus grâce aux outils électroniques. Auparavant, l'idée consistait à frapper fort son adversaire pour marquer un point. Depuis que casques et plastrons sont équipés de capteurs, une touchette, même bénine, suffit. «C'est un peu comme l'escrime», schématise Abdenbi.
La souplesse est autant récompensée que l'endurance et la force physique. «Or les filles sont plus souples que les garçons», souligne le coach vaudois, qui prône la mixité. «Le seul risque, c'est de fâcher les garçons, qui n'aiment pas perdre contre les filles.» Les blessures sont rares, voire inexistantes. Une mère de famille balaie toute appréhension: «Je n'ai jamais eu peur pour ma fille car son équipement la protège super bien. Et puis, le principe n'est pas de faire mal à son adversaire, mais de gagner des points.»
Inscrite au club de Préverenges (VD) depuis septembre, Violette, 7 ans, recense «quelques courbatures dans les jambes». Jamais plus, et jamais de quoi la décourager. «Je n'ai pas raté un seul entraînement depuis le début de la saison», affirme-t-elle crânement, avant de recenser les bienfaits de sa nouvelle passion.
Sa mère, Lucie, le dit avec une pointe d'admiration: sa fille a changé. «Le taekwondo lui a donné de l'assurance. Elle avait passé pas mal de temps l'été dernier avec ses cousins, plus grands et plus bagarreurs. Elle s'était faite un peu malmener. Je sens désormais qu'elle a davantage confiance en elle. Elle s'est rendue compte que ce n'était pas parce qu'elle était une fille qu'elle devait se laisser embêter.»
Violette participe à l'évolution de sa discipline en Suisse et dans le monde. Elle fait partie des 40% de femmes qui composent les licenciés helvétiques (entre 1500 et 2000 membres) au sein d'une Fédération toujours plus mixte. «Nous intégrons de plus en plus de femmes dans les structures de la Fédération en leur donnant davantage de responsabilités, se réjouit Walid Younes, secrétaire général. Nous sommes d'ailleurs sur le point de créer le women comity, un groupe chargé de gérer les aspects de la discipline spécifiques aux femmes.»
Une telle structure existe déjà au niveau mondial, toujours dans un souci de diversité. «La Fédération internationale proposera d'ailleurs une compétition mixte de taekwondo en discipline de démonstration aux Jeux de Tokyo, dit Younes. Des équipes de deux filles et deux garçons d'un même pays seront opposées. Les combattants du même sexe s'affronteront à tour de rôle. Même si les duels ne seront pas mixtes, la volonté de mélanger filles et garçons est bien réelle.»
Pour les écolières qui veulent concilier sport et études, une position à répéter chaque soir pendant les devoirs.