Kevin Mbabu, à watson on aime la transparence. Si on peut vous parler, c'est grâce à votre nouveau partenaire. Vous vous êtes donc mis au vélo?! Il paraît que vous irez bientôt à l’entraînement à vélo électrique...
Oui, dès que le soleil sera revenu! Je serai d’ailleurs le seul footballeur de Bundesliga à rouler avec un vélo genevois. Je l’utiliserai pour faire les 7-8 km qui séparent mon appartement du centre d’entraînement.
D’habitude, les parkings des centres d’entraînement ressemblent au salon de l’Auto, chaque joueur essayant de se démarquer par la taille de sa berline. Vous allez vous sentir un peu seul, non?
Il y aura sans doute quelques remarques, c’est certain, mais un de mes coéquipiers vient déjà à vélo même en hiver. Et puis, je pense aussi qu’on me demandera d’où vient mon fatbike au look un peu différent des autres.
Vous êtes très attaché à Genève, et à la Suisse. Cet été, vous avez joué à plusieurs milliers de kilomètres de vos fans et dans des stades peu garnis. Vous êtes-vous rendu compte de la ferveur populaire que vous avez fait naître en Suisse?
Difficilement, car on était un peu dans notre cocon avec l’équipe. Mais j’ai reçu tellement de vidéos, j’ai vu tellement de choses sur les réseaux sociaux…
La Suisse est la nation qui a parcouru le plus de kms durant le tournoi. En avez-vous souffert physiquement?
La première semaine, oui. Après notre premier match à Baku, nous avons tout de suite volé vers Rome, puis sommes retournés en Azerbaïdjan 2 jours après notre rencontre face à l’Italie. Ca faisait beaucoup en 6 jours. Il est vrai aussi qu’on récupère mieux quand on gagne. Or on est retourné à Baku avec une lourde défaite et en étant dos au mur.
Il y a eu ensuite cette victoire contre la Turquie, puis ce match contre la France. Ce match…
J’y repense souvent, évidemment! Avec le recul, je me dis que c’était vraiment une soirée magique, avec un vrai scénario de film.
C’est votre plus belle soirée de foot?
Elle est dans mon top 3, avec le titre remporté chez les Young Boys après 32 ans d’attente, et mon premier match en championnat avec Newcastle.
Quand avez-vous compris ce soir-là que les Bleus étaient prenables?
J’ai senti très tôt, dans les 5 ou 10 premières minutes de jeu, qu’il y avait un coup à jouer. J’ai été surpris par le manque d’intensité des Français. Je pensais qu’ils nous presseraient beaucoup plus mais ils nous ont attendus et nous ont laissé jouer. Nous avons pris confiance au fil des minutes.
Il semble que des tensions sont apparues entre les joueurs français sur le terrain. Les avez-vous perçues?
Non, on n’a rien vu ni entendu sur le moment. La seule chose que j’ai pu ressentir, mais c’était avant le match, c’est que les Français nous ont peut-être pris de haut. Les médias se sont beaucoup montés la tête avec le retour de Benzema, en disant que son association avec Griezmann et Mbappé faisait rêver toutes les autres équipes. Ça a sans doute pesé sur le mental de leur équipe.
Ca a aussi joué un rôle sur votre mental à vous, non?
Oui c’est vrai. Quand je lisais sur les réseaux sociaux qu’on pouvait déjà rentrer à la maison, qu’on avait aucune chance de battre les Bleus, ça m’a donné une petite rage supplémentaire. Et c’est pareil pour mes coéquipiers: on avait cet orgueil, cette fierté en nous. On voulait leur montrer qu’on était capables de les battre.
On dit souvent que Vladimir Petkovic n’a jamais renié ses principes de jeu (sorties de balle propres depuis l’arrière, pressing haut) même contre les forts. Mais les a-t-il vraiment JAMAIS reniés?
Il les a gardés à 90%. Contre l’Italie par exemple, on s’est montré plus attentistes. Mais Petkovic a toujours adopté la même philosophie et privilégié ce 3-5-2 qu’il affectionne.
Et que vous adorez aussi.
C’est vrai que cette position de piston sur le côté droit me convient très bien, même si je dois beaucoup courir!
Murat Yakin ne devrait pas reconduire ce système, et opter pour une défense à 4.
Oui mais ça n’est pas un problème : je joue dans ce système tous les week-ends avec Wolfsburg. Et puis, il est probable aussi qu'il ne voudra pas tout chambouler dès son arrivée, surtout qu’il n’aura pas beaucoup de temps: on se réunira le lundi et on jouera mercredi déjà (ndlr: contre la Grèce le 1er septembre à Bâle).
Yakin pour remplacer Petkovic, vous en pensez quoi?
Murat Yakin incarne le début d’un nouveau cycle. Peut-être que c’est quelque chose dont l’équipe de Suisse avait besoin pour continuer sur sa lancée. Petkovic a fait un très grand travail en 7 ans, il s’est peut-être dit que c’était le moment de partir, de tenter une nouvelle expérience.
Qu’est-ce qu’une sélection comme la Belgique, à taille comparable, a encore de plus que la Suisse?
Peut-être que la Belgique a investi dans le football avant la Suisse. Ce qui est sûr, c’est qu’elle a fait un énorme travail de formation pour sortir des pépites comme Hazard, Witsel, Courtois, De Bruyne ou notre gardien Casteels à Wolfsburg. Elle possède une équipe très complète. Mais on s’est beaucoup amélioré ces dernières années dans la formation, et nos joueurs ne manquent pas de talent.
Vous évoluez en Bundesliga depuis un peu plus de deux ans. On est obligé de vous poser la question. C’est qui le meilleur: Lewandowski ou Haaland?
Quelle question! Je choisirais Lewandowski, parce qu’il est au top niveau depuis 10 ans, voire plus, et que ses stats sont incroyables. Mais Haaland sera le prochain…le prochain Lewandowski! Il pourrait même être meilleur. Lors du premier match de Bundesliga avec Dortmund cette saison, il est impliqué sur les cinq buts. En général, c’est Messi ou Ronaldo qui font ce genre de choses.