En 2020, Lara Gut-Behrami avait mis un vent en direct à la télévision à l'organisateur des courses de Crans-Montana Marius Robyr, qui voulait lui faire la bise sur le podium. Image: keystone
Lara Gut-Behrami a surpris tout le monde dimanche en arrêtant sa course après deux portes. Frustration, provocation, fatigue? On ne sait pas vraiment. La skieuse tessinoise au fort caractère a souvent défrayé la chronique durant sa riche carrière, notamment cette année.
Lara Gut-Behrami vient d'achever une superbe saison. Elle a remporté le globe du Super-G et a terminé deuxième du classement général de la Coupe du monde, seulement 160 points derrière la Slovaque Petra Vhlova. La Tessinoise a notamment cartonné lors des Mondiaux de Cortina en février, avec trois médailles, dont deux en or.
Mais la skieuse de Comano a aussi beaucoup fait parler d'elle à cause de ses comportements perçus comme déplacés et arrogants sur et en dehors des lattes.
Dernier exemple en date: l'arrêt surprenant de sa course dimanche lors du slalom géant des finales de Coupe du monde à Lenzerheide (GR).
Au total, la Tessinoise aura passé moins de cinq secondes sur la neige grisonne lors de ces finales... La veille, elle venait de perdre tout espoir de décrocher le grand globe de cristal. Frustration de ne pas avoir pu défendre ses chances dans la descente et le Super-G annulés? Colère contre les organisateurs? Blessure? Walter Reusser, directeur du ski alpin à Swiss Ski, balaie toutes ces hypothèses:
Walter Reusser
Le 11 février dernier, Lara Gut-Behrami vient de remporter la médaille d'or du Super-G aux championnats du monde de Cortina d'Ampezzo (Italie). Une première pour elle, malgré son très riche palmarès. La Tessinoise est interviewée le soir même dans le 19:30 de la RTS par un Philippe Revaz des plus enthousiastes. Mais le journaliste, qui fait de son mieux, paraît vite désemparé – et on le comprend – par l'attitude extrêmement froide de la championne de Comano. Qui ne semble rien ressentir de très positif par rapport à l'exploit qu'elle vient de réaliser.
Vidéo: RTS
Deux jours plus tôt, déjà dans les Dolomites, Lara Gut-Behrami est dans l'attente de disputer le Super-G des championnats du monde de Cortina d'Ampezzo. Manque de bol pour la Tessinoise, la caméra se fixe sur elle au moment où elle balance quelques phrases peu raffinées en suisse-allemand, probablement au téléphone.
Vidéo: SRF
Même si une traduction littérale est impossible à faire, ça donne quelque chose du genre en français:
Lara Gut-Behrami
Ses propos concernaient vraisemblablement Marius Robyr, président du comité d’organisation des courses de Crans-Montana.
Trois semaines avant les championnats du monde de Cortina d'Ampezzo, Lara Gut-Behrami avait fortement critiqué la qualité de la piste dans la station valaisanne après le premier entraînement le 20 janvier:
Lara Gut-Behrami à propos de la piste du Mont Lachaux
Marius Robyr n'avait que très peu goûté à ces critiques. Revanchard, le Valaisan avait coupé la musique et le caquet du speaker lors du deuxième entraînement de la Tessinoise.
Les tensions entre Lara Gut-Behrami et Marius Robyr ne datent pas de cette année. En 2020, la Luganaise remporte deux courses sur les pentes du Mont Lachaux. Comme sur le plateau du 19:30 de la RTS, la femme du footballeur Valon Behrami souffle le froid. Elle met un vent en direct à la télévision à l'organisateur valaisan, qui voulait lui faire la bise sur le podium.
Les joues immaculées de Lara Gut-Behrami à Crans-Montana en 2020. Image: KEYSTONE
Lors de la cérémonie des Sport Awards en 2013, elle ne prend que la quatrième place des sportives helvétiques de l'année. Très déçue, la Tessinoise évoque publiquement un «racisme anti-Latin» pour expliquer sa défaite.
La même année, lors des championnats du monde de Schladming en Autriche, elle reçoit le titre – officieux – peu glorieux de «l’athlète la plus chiante» de la part du Journal de Montréal.
N'en déplaise à nos confrères québécois, Lara Gut-Behrami a au moins le mérite de s'exprimer sans langue de bois, contrastant avec le milieu sportif où ce genre de communication est devenu la norme. Et la championne de Comano, 29 ans, est très loin d'être «chiante» une fois ses skis chaussés. Pour preuve, sa fantastique saison 2020-2021.