Le Conseil fédéral a tranché: il n'enverra aucun de ses représentants aux Jeux olympiques de Pékin. Comme les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, pour ne citer qu'eux. Mais la raison, officielle du moins, n'est pas la même que celle de ces deux pays qui boycottent le gouvernement chinois pour sa politique envers les minorités, ouïghoure notamment.
La Suisse, elle, invoque la pandémie de Covid-19:
Pour Nicolas Walder, conseiller national genevois (Les Verts), aucun doute: la situation sanitaire est un prétexte. «Il y avait un véritable malaise pour le gouvernement suisse de se rendre à Pékin», s'avance le politicien. «A court terme, il a choisi la solution la plus facile: d'un côté, la Suisse risquait de subir des conséquences politiques de la Chine si elle boycottait les JO. De l'autre, elle aurait pu écorner son image en s'y rendant, et, du coup, en cautionnant ce régime.»
Le Genevois, qui militait pour le boycott, est malgré tout satisfait:
Philippe Leuba, conseiller d'Etat vaudois (PLR), porte un tout autre regard. «Le Covid-19 n'est pas une excuse», tranche-t-il. «Le Conseil fédéral avait clairement et publiquement dit qu'il ne boycotterait pas les Jeux.»
Merci le Covid! Le Conseil fédéral pourra bouder la cérémonie d'ouverture des JO de Pékin sans que la Chine ne puisse lui reprocher quoi que ce soit, surtout pas un boycott diplomatique!
— Michel Guillaume (@mfguillaume) January 25, 2022
Le politicien vaudois s'était clairement prononcé contre un boycott. Il arguait, notamment, dans l'émission «Forum» de la RTS du 25 janvier, que la présence de la Suisse à Pékin et la possibilité qui en découle de «discuter avec tout le monde» est «ce qu’il peut se faire de mieux pour les droits de l’homme et la paix dans le monde» de la part d'un pays neutre.
Philippe Leuba l'avoue, il aurait été «très déçu» si le Conseil fédéral ne se rendait pas aux JO pour des raisons politiques. Mais il estime l'argumentation sanitaire totalement légitime:
A tel point que le Vaudois n'ira, lui-même, finalement pas dans la capitale chinoise avant les Jeux, comme c'était pourtant prévu. «Il faut faire trois jours de quarantaine dans une chambre d'hôtel et l'accès aux zones communes du bâtiment est interdit», explique-t-il. Il enchaîne: «Je suis allé aux JO de Tokyo l'été passé, c'était déjà très contraignant. A Pékin, c'est encore pire».
Philippe Leuba doit se rendre dans la capitale chinoise en mai prochain pour la session du Comité international olympique (CIO), mais sa présence «est encore très incertaine» pour les mêmes raisons.