Alena Bienz est l'une des joueuses les plus adroites devant le but de toute la AXA Women's Super League. La milieu de terrain offensive a déjà marqué cinq fois cette saison pour le FC Lucerne. C'est seulement deux réussites de moins que la star du FC Zurich, Fabienne Humm, actuelle meilleure scoreuse.
A 18 ans, Alena Bienz suscite déjà un fort intérêt dans le football féminin suisse. Elle est petite, agile, très douée techniquement et possède une excellente vision du jeu. C'est donc clairement le moment de faire la connaissance de cette pépite du ballon rond. Interview.
Tu figures à la deuxième place du classement des buteuses. Etait-ce un objectif pour toi ou est-ce plutôt le fruit du hasard?
Alena Bienz: L'entraîneur m'a autorisée à jouer en attaque quelques fois, ça m'a permis d'évoluer plus près du but. Et la chance joue aussi toujours un rôle, bien sûr. Par exemple, j'ai marqué deux ou trois tirs de loin qui auraient pu finir à côté du but.
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Revenons maintenant à notre interview...
Quel rôle joue le football dans ta vie?
Il représente tout, à vrai dire. Le football est ma grande passion depuis que je suis toute petite. Ce qui me plaît le plus, c'est le changement avec le quotidien. Dans la vie de tous les jours, on ne ressent pas ce sentiment de gagner ou perdre en équipe. Ces émotions sont indescriptibles dans le football. J'ai fait mon premier entraînement avec le FC Entlebuch quand j'avais six ans. A l'âge de 12 ans, je savais déjà que je voulais devenir footballeuse professionnelle. A l'époque, j'ai été prise au centre de formation de Bienne. J'ai donc vu que c'était possible.
Considères-tu que tu t'entraînes plus que les autres aujourd'hui?
Non, pas du tout. Il me faut beaucoup de temps de récupération. Mon corps a besoin de ces pauses régulières. Il m'arrive aussi de devoir faire des pauses de un ou deux jours sans entraînement. Sinon je risque de me blesser. C'est pourquoi il est extrêmement important de connaître son corps. Dans mon cas, cela ne me sert donc à rien de m'entraîner plus que les autres joueuses.
Quels sont tes rêves?
J'effectue actuellement ma dernière année d'apprentissage d'employée de commerce. L'année prochaine, j'aimerais jouer en Bundesliga, de préférence pour Leverkusen, Freiburg ou le Bayern. Mon objectif à long terme est de m'imposer en Espagne, si possible au FC Barcelone. J'aimerais aussi beaucoup participer à la Coupe du monde ou à l'Euro avec l'équipe nationale suisse. Non seulement nous qualifier, mais aussi réaliser quelque chose lors du tournoi lui-même.
Le football en Suisse n'est donc pas suffisamment attrayant?
Le niveau ici en Suisse est bon et s'améliore aussi constamment. Mais pour passer totalement pro, je dois partir à l'étranger. J'ai aussi envie de découvrir autre chose, d'autres pays, d'autres cultures. Et puis le niveau est tout simplement plus élevé à l'étranger. C'est quelque chose qui me motive.
Comment fais-tu pour concilier le football et ta formation? En sachant que tu t'entraînes cinq à six fois par semaine.
Bonne question! En général, j'arrive à bien m'organiser, mais il y a aussi des moments de stress. Les deux dernières semaines, j'étais en déplacement avec l'équipe nationale U19 et j'ai manqué six examens. C'est ensuite beaucoup de stress pour rattraper toutes les matières et se concentrer en même temps sur sa carrière sportive. On ne peut pas toujours faire les deux. Mais cela fait partie du jeu et je ne suis pas la seule à vivre ça.
Quelles sont tes autres passions en dehors du football?
Franchement, j'en ai peu. J'aime sortir pour un repas ou un verre avec des amis. Ce que je préfère, ce sont les fajitas. Mais si ce n'est pas bon pour le sport (rires). J'évite de manger ça avant un match. Et puis, bien sûr, je suis les conseils de ma nutritionniste.
A quoi ressemble ton régime alimentaire?
J'ai dû réduire ma consommation de viande. Mais je n'y renonce pas complètement. Mon corps tolère mieux les produits végétaux. Ce n'est pas toujours facile. Mais quand tu remarques que tu deviens meilleure dans tes performances, tu sais pourquoi tu le fais.
Tu es agile et très douée techniquement. Mais quels sont tes défauts sur le terrain?
Clairement le jeu de tête. C'est une grande faiblesse sur laquelle je dois travailler. Avec ma taille (1,63 m), je suis généralement plus petite que mes adversaires . Je dois aussi améliorer ma finition près du but.
Riola Xhemaili, ancienne joueuse du FC Bâle, a le même âge que toi et a fait le saut vers l'étranger l'année dernière. Elle était considérée comme une pépite au sein du FCB. Es-tu la prochaine Xhemaili?
Je ne dirais pas ça. Riola est une joueuse fantastique qui a déjà une grande carrière derrière elle. Nous avons un style de jeu différent. Bien sûr, mon but est de devenir aussi forte qu'elle. Mais je pense que j'ai besoin de temps pour ça.
Qu'espères-tu pour l'avenir du football féminin suisse?J'aimerais voir plus d'opportunités pour les jeunes joueuses. Pourquoi pas des camps réservés aux filles? Ce serait extrêmement positif. Je suis sûr que cela existe déjà. C'est juste qu'il faut davantage les faire reconnaître. L'association créée en hommage à Florijana Ismaili donne un bon exemple. Elle veut offrir aux jeunes filles talentueuses la possibilité de vivre leur passion et de recevoir un soutien professionnel. Et pour ça, il faut en faire plus.