La semaine dernière, Richard Gasquet a mis fin à sa carrière de tennisman, l'une des plus belles et longues du 21e siècle. Son dernier match officiel, le Français – qui a fait ses débuts pros en 2002 – l'a disputé contre le numéro 1 mondial, Jannik Sinner, au 2e tour de Roland-Garros (défaite en trois manches).
Le natif de Béziers, qui fêtera ses 39 ans le 18 juin, a remporté 16 titres ATP, a atteint la 7e place mondiale et a joué trois demi-finales de Grand Chelem. Ce week-end, il participe au tournoi exhibition de Bonmont, dans les hauts de Nyon (VD), sur gazon. L'ex-prodige du tennis tricolore – réputé pour avoir l'un des plus beaux et efficaces revers à une main de l'Histoire – s'est confié à watson en racontant ses «dernières fois».
La dernière fois que... vous avez frappé un revers à deux mains?
RICHARD GASQUET: J'étais jeune, c'était pour m'amuser contre le mur. Je regardais Agassi et Kafelnikov, j'essayais de faire un peu comme eux. Mais moi, ça a toujours été le revers à une main!
... qu'on vous a dit que votre coup droit était plus beau que votre revers?
J'avais deux ans, je pense. Ou peut-être la nuit, quand je dors, ça peut m'arriver. (rires) Non, sérieusement, il y a des années-lumière entre mon coup droit et mon revers! Enormément de joueurs ont un meilleur coup droit que le mien, ce qui n'est pas le cas en revers.
La dernière fois... que vous avez cassé une raquette?
A Rome il y a deux ans, contre Wu Yibing. J'étais énervé parce que j'avais fait un match dégueulasse (défaite en trois manches). Mais ça m'est rarement arrivé. Quand j'étais jeune, j'en ai cassé pas mal, mais quasiment aucune durant ces dix ou quinze dernières années.
... que vous avez fait votre cordage vous-même?
Je n'en ai jamais trop fait... J'en ai fait un, mais je l'ai complètement raté. Ma mère cordait pour moi pendant une période, quand j'étais jeune.
... que vous avez joué avec un manche de raquette normal (il joue avec une sorte de boule en bout de grip)?
Je n'ai jamais pu jouer avec un manche normal, je n'arrive même pas à faire un revers avec! C'est horrible! (rires)
En revers, ce manche spécial me permet de placer mes trois doigts ici (il mime le geste) et de mettre le petit doigt sur le côté. Kafelnikov et Söderling avait quelque chose d'un peu similaire.
La dernière fois que vous avez flashé sur une spectatrice, une arbitre ou une juge de ligne?
Ouh là! Arbitre ou juge de ligne, jamais. Spectatrice, ça m'est arrivé de regarder quelques fois. Surtout quand j'étais jeune et davantage déconcentré. A Roland-Garros, par exemple. Mais ça ne durait pas longtemps, parce que je devais quand même me concentrer sur le jeu.
... que vous avez obtenu un privilège parce que vous vous appelez Richard Gasquet?
Avec les policiers, ça peut arriver. Sur l'autoroute, par exemple. Ils m'ont laissé repartir une fois ou deux alors que je n'aurais normalement pas dû pouvoir le faire. Mais je vous rassure, je n'avais pas fait de grosses folies.
... qu'on vous a posé une question bête?
Quand on me demande pourquoi j'ai pu battre Nadal à l'âge de treize ans, ça, c'est toujours un peu con.
Mais on sait que, dans ce métier, la pression arrive un jour ou l'autre, et on doit faire avec.
La dernière fois que vous avez regretté d'avoir pris votre retraite?
Pour l'instant ça va. J'étais content de jouer au tennis, et si j'avais pu continuer, je l'aurais fait, parce que j'adore ça. Mais ça me va aussi d'arrêter. Ça me fait par exemple plaisir de pouvoir jouer ici, à Bonmont. J'ai pu choisir le moment de ma fin de carrière, j'ai eu de la chance de pouvoir la finir à Roland-Garros, devant autant de public.
C'est quoi, la suite?
J'aimerais aider le tennis français, on va voir pour collaborer avec la fédération française. Mais je ne sais pas encore dans quelle fonction.
La dernière fois que vous avez adoré le tennis?
Mon dernier match à Roland-Garros contre Sinner. C'était fabuleux. Le dernier jeu, je me suis dit: «C'est la dernière fois que tu joues, c'est beau, profite!»
Vous avez pleuré ce jour-là?
Non, j'étais content de finir. Je n'ai pas ressenti le besoin de pleurer, contrairement à d'autres joueurs quand ils arrêtent.
La dernière fois que vous avez détesté le tennis?
Quand il y a des défaites, forcément, tu détestes. Tu es dégoûté. Tu vas t'entraîner à nouveau, mais tu as toujours le goût amer de la défaite. Mais heureusement, ça passe. En tennis, il y a beaucoup de hauts et de bas.
... que vous avez reçu un message bizarre sur les réseaux sociaux?
Je dois vous avouer que je m'en fiche, je ne regarde pas ça. Mais c'est sûr qu'il faut faire attention aux dérapages, il y a des mecs complètement malades.
... que vous avez cru à un titre en Grand Chelem pour un Français?
Celui auquel j'ai le plus cru, c'était Jo-Wilfried Tsonga à l'Open d'Australie 2008 (défaite en finale contre Djokovic, en quatre sets).